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Peut on S'accorder sur des vérités morales ?

Publié le 01/03/2011

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Peut-on s’accorder sur des vérités morales ?

 

 La vérité est la conformité entre ce que l’on dit et ce qui est réel. La morale se prononce sur ce qui doit être et non ce qui est. Ainsi une vérité morale est alors une règle dictant ce qu’on doit faire et non obligatoirement ce que l’on fait. Elle nous indique comment nous devons agir et provient de notre conscience morale, source de commandement intérieur. On peut ainsi la définir aussi sous le terme de loi morale ou valeur morale.

 

S’harmoniser sur des lois morales est difficile car l’humanité est divisée en nombreuses sociétés, communautés, aux mœurs et aux éducations différentes pour chacune. Cela rend quasi impossible le travail d’entente sur des vérités morales.

 

Pourtant si nous venions à approuver la relativité des lois morales alors comment serait-il possible de vivre ensemble sachant que nous avons tous la même origine, si nous ne nous concordions pas sur certaines vérités morales ? De ce fait nous pourrions émettre l’hypothèse d’une évidente universalité des valeurs morales.

 

Nous arrivons alors à une interrogation : les vérités morales sont elles relatives à chaque société, personnes, ou existe-il une réelle unité des valeurs morales ?

 

 

 

Les diverses sociétés qui composent le monde sont caractérisées par des religions différentes, des systèmes politiques variés, des différences de langue, de développement  mais aussi d’histoire. C’est ainsi que les lois morales fondées par la société vont êtes créés pour faciliter la vie de sa société. Ainsi on ne pourra donc pas appliquer des vérités morales d’une société à une autre car elles perdraient leur sens et seraient peut-être inassimilable pour cette dernière. Il est commun pour les peuples d’Amérique du Nord (Alaska) et Sibérie de « prêter » son conjoint à un hôte. Notre société occidentale fondée sur une morale judéo chrétienne condamnerait ces pratiques adultères. Pourtant pour ces peuples Inuits cela sont des pratiques normales. Ici ont peut alors observer que les lois morales peuvent différer selon les sociétés.

 

Aussi on peut observer la relativité des vérités morales selon les périodes historiques. De nombreux comportements contestés de nos jours par notre sens moral étaient auparavant approuvés par la conscience morale : « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà », Pascal. On observe dans une même société (occidentale) dès le VII siècle avant Jésus Christ que la lapidation était autorisée comme peine capitale en cas de blasphème, adultère, meurtre ou prostitution. Cette pratique était répandue. A présent cet acte dans la société occidentale est condamné.

 

De plus de nous pouvons observés une diversité importante des sociétés et des idées. Or si nous accordions le monde entier sur des vérités morales universelles cela  pourrait pousser à des comportements colonisateurs et ethnocentristes pour étendre des idées plus que d’autres sur l’ensemble des sociétés. Depuis l'époque des découvertes, dans l'esprit des colonisateurs européens, la colonisation a eu pour but de faire triompher des valeurs humanistes, d'abord du christianisme, puis d'une volonté civilisatrice. Cette conception, tout en se réclamant de généreux sentiments, a méconnu la culture des colonisés et les droits de l'homme dans ces pays.

 

De cette façon l’harmonisation des vérités morales pourraient alors entraîner une uniformisation des peuples et ainsi nous perdrions la diversité qui compose notre monde et cela même au prix de conflits importants.

 

Mais cette idée là est en opposition avec l’idée de vérité qui semble être unique. De plus l’humanité a la même origine, or les vérités morales peuvent donc êtres multiples pour les hommes alors qu’ils proviennent tous de la même source ? Egalement est-il possible de vivre ensemble si nous ne nous concilions pas sur certaines vérités morales ?

 

 

Les hommes ont la même origine commune. Ainsi leur physionomie est la même. Nous pouvons alors dire de cela que tout les hommes ont une raison qui a le même créateur, alors la raison serait unique à tous. Par cela la raison dictant à la conscience morale le bien et le mal, la morale serait donc originaire de la raison. Ainsi donc la morale dépasserait tout conditionnement par les mœurs et de ce fait on pourrait donc émettre l’hypothèse de l’universalité des vérités morales. Kant défend cette idée dans Fondements de la métaphysique des mœurs  et il énonce le fait que «  je dois agir de telle sorte que je puisse vouloir que ma maxime devienne une loi universelle ».

De plus les sociétés dont nous faisons parti ont pour but de nous hisser à l’état d’homme et non de sauvage en instaurant des règles morales dans tous les domaines connus pour discipliner nos esprits. Ainsi ces valeurs humaines prennent une dimension universelle puisqu’elles ont été fondées dans le seul but : humaniser l’homme.  Par exemple la condamnation de l’inceste est présente dans toute les sociétés : « Et n'épousez pas les femmes que vos pères ont épousées, exception faite pour le passé. C'est une turpitude, une abomination, et quelle mauvaise conduite ! » Coran ;  « Nul de vous ne s’approchera de sa parente, pour découvrir sa nudité » Bible.

Aussi le relativisme des vérités morales pourrait entraîner l’indifférence envers des pratiques graves en opposition avec les droits de l’homme et cela pourrait engendrer alors de part cette négation de vérités morales uniques une négation de l’humanité unique comme durant la période du nazisme cela aurait créé une acceptation du fait de l’existence de race inférieur.

Enfin il est bon de rappeler que l’histoire nous a appris que des actions immorales ont été bonnes auparavant. Durant l’Antiquité les romains ont réduits des hommes en esclavage. De nos jours ces pratiques sont interdites. Pourtant certaines sociétés comme dans la péninsule arabique ou le sous-continent indien l’esclavage persiste. Ces agissements horribles prouvent l’universalité des vérités morales car si nous nous y sommes livrés c’est que nous les croyions bonnes.

A présent nous pouvons affirmer, de part l’état commun de notre raison et de part les valeurs humaines qui entourent chaque société que les hommes sont capables d’un réel entendement sur des vérités morales dans le but de l’humanisation.

Le relativisme des vérités morales semble écarté. Néanmoins comment pouvons-nous réunir le fait que les lois morales seraient universelles tout en n’oubliant la diversité des hommes, des sociétés, de l’histoire vu précédemment ?

 

Nous ne pouvons pas nier l’existence d’une relativité des mentalités, des cultures mais ceci n’empêche pas la recherche d’un ensemble de vérités morales universelles qui seraient applicables à tous les hommes. Par exemple l’humanité s’entend sur de nombreux points fondamentaux tel que le vol, le meurtre, les violences sexuelles.

D’autre part comme l’énonce Kant dans Fondements de la métaphysique des mœurs  avec la phrase «  Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien que ta personne de tout autre, toujours en même temps qu’une fin et jamais comme un moyen », le devoir morale nous pousse au respect d’autrui et de soi-même, ce qui pourrait être une première vérité morale à la base de nombreuses autres.

Enfin il faut penser que le fait de s’accorder sur des vérités morales est un travail sur soi-même. Ces vérités morales étant issues de notre raison et conscience elles seraient donc les mêmes. Il faut donc, comme l’écrit Malebranche, que nous «  rentr [ions] en nous-mêmes » pour les trouver. Les hommes qui préfèrent à leurs raisons universelles une raison dictée par une passion quelconque, telle que la religion, la politique, etc., alors cela trouverons des vérités différentes de LA vérité dictée par  « la souveraine raison » (Malebranche) et c’est d’ici que viendrait la diversité des vérités morales.

 

La relativité des vérités morales entraînerait la négation d’une humanité unique et d’une possible entente entre les cultures. Or l’idée de vérités morales universelles est une idée encore utopique même si en certain point elle est atteint car cela traduirait une libération de l’homme de toute emprise de la passion sous toute ces formes diverses et variées.

 

 

 

 

 

 

 

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