Pierre de Larivey précurseur de Molière
Publié le 28/08/2013
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Les pièces de Pierre de Lari-vey révèlent un véritable créateur, qui s'attache avec un grand naturel à présenter la société française de son temps et à en offrir une savoureuse satire. Ces adaptations font allusion aux événements sociaux et politiques ; des dialogues au rythme vigoureux, la palette étendue du style et du vocabulaire permettent de peindre avec force les réalités contemporaines dans un espace géographique varié. Il est question dans La Constance de l'augmentation des prix et de la revalorisation des héritages ; et le spectateur y a l'illusion de se retrouver à Troyes, à Besançon et dans la place financière de Lyon. Le cadre des Tromperies s'étend d'Orléans à la Bourgogne et de Paris à Troyes.
L'auteur apporte un grand soin à l'agencement de l'intrigue. Le schéma antique s'enrichit d'« industrieuses tromperies «, de « gaillards et imprévus événements «.
«
li compose ses comédies «à
l'imitation des Anciens, Grecs,
Latins
et Modernes italiens »,
récusant tout autant la soumis
sion
totale aux préceptes anti
ques que le mépris que leur
portent des poètes qui les ont
pourtant utilisés auparavant.
Mais
qu'il imite les auteurs de
!'Antiquité ou ceux de l'Italie
contemporaine, sa transposi
tion des modèles est si habile,
sa connaissance des deux lan
gues si
profonde qu'on n'a ja
mais
l'impression d'avoir affai
re à
une traduction .
Toutes ses
œuvres sont pourtant tradui-
DES PERSONNAGES
DIGNES DE MOLIÈRE
Les comédies de Pierre de
Larivey s'inscrivent dans les
tentatives que mènent les
auteurs italiens et français pour rendre plus modernes
les stéréotypes de la
comédie antique.
Le nombre
de personnages augmente
et parmi ces « types », certains étaient inconnus des
Anciens , comme le pédant, la
vieille entremetteuse rusée qui s'impose dans les
maisons, hante les églises et égrène son chapelet.
Ces personnalités hautes en couleur et croquées sur le vif s'adaptent sans difficulté
aux réalités de la société française du xv1 · siècle .
On les trouve chez Larivey,
on les retrouvera plus tard
chez Molière , en compagnie
des fanfarons qui vantent
leur courage et se révèlent
à l'épreuve les pires des
couards, des vieillards
lubriques et peu ragoûtants,
des jeunes gens étourdis et
sans morale.
Molière a
aussi
pu emprunter aux
pièces de Larivey des types
de scène et des situations
amusantes : L'Avare s'inspire
des Esprits ; on trouve dans
L'Étourdi ou Les Fourberies de
Scapin un écho aux dialogues
des Tromperies.
tes de textes connus, mais il
en
donne des versions libres,
écrites avec un indéniable
sens du langage dramatique et
dans une prose robuste dont il
justifie l'emploi, à l'exemple
des Italiens et contre les An
ciens, au
nom de la vraisem
blance.
Le souci
de la vérité
veut, affirme-t-il, qu'on sorte
des limites de l'honnêteté pour
« bien exprimer les façons et
affections du jourd'hui ».
Une satire
savoureuse
Les pièces de Pierre de Lari
vey révèlent un véritable créa
teur,
qui s'attache avec un
grand
naturel à présenter la
société française de son temps
et à en offrir une savoureuse
satire.
Ces adaptations font
allusion aux événements so
ciaux
et politiques ; des dialo
gues au rythme vigoureux, la
palette étendue du style et du
vocabulaire permettent de
peindre avec force les réa lités
contemporaines dans un espa
ce
géographique varié.
li est
question dans La Constance de
l'augmentation des prix et de
la revalorisation des héritages ;
et le spectateur y a l'illusion
de se retrouver à Troyes, à
Besançon
et dans la place fi
nancière de Lyon .
Le cadre
des Tromperies s'étend d'Or
léans à la Bourgogne et de
Paris à Troyes.
L'auteur apporte un grand soin
à
l'agencement de l'intrig ue .
Le schéma
antique s'enrichit
d'« industrieuses tromperies»,
de « gaillards et imprévus évé
nements ».
L'importance don
née à l'intrigue fait que Larivey
ne se sert pas seulement des
péripéties traditionnelles de
la comédie romaine : il a éga
lement recours à des bons
tours, à des aventures roma
nesques ou amoureuses.
Les
situations piquantes , les dé
guisements et les quiproquos
éveillent la curiosité du spec-
tateur et suscitent un plaisir
neuf, très éloigné du rire-ré
flexe
engendré jusque-là par
la farce.
Les
intrigues connaissent iné
vitablement le même dénoue
ment : le jeune amoureux
convole en justes noces avec
une belle fille pas très farou
che,
qui, la plupart du temps,
lui a déjà accordé ses faveurs.
Larivey ne craint pas d'ap peler
les choses par leur nom, de
mettre en scène des person
nages dont l'unique souci est
de se livrer aux plaisirs de
l'amour et de s'en vanter.
Par
bien des côtés, ses comédies
annoncent le burlesque.
Si
elles connaissent d'emblée le
succès, c'est aussi parce que
l'auteur innove en usant d' une
langue comique puissante, sa
voureuse et populaire, qui
n'évite ni l'équivoque mali
cieuse ni la verdeur et qui
entre pour beaucoup dans sa
réussite à restituer les réalités
du temps.
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