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La Population De La France Sous Louis Xiv

Publié le 05/12/2010

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louis xiv

C’est grâce à l’une des populations les plus importantes d’Europe que Louis XIV a pu

financer sa politique et lever contre les pays coalisés de puissantes armées. Pourtant, s’il n’est

de richesses que d’homme comme le disait le juriste Jean Bodin, le roi ignore combien il a de

sujets. Ce n’est que depuis une quarantaine d’années grâce à l’essor de la démographie

historique que la connaissance de la population a progressé.

 

I)Ecrire l’histoire de la population

 

A)Les dénombrements, ancêtres des recensements

L’Ancien Régime français n’a pas connu les recensements. Pourtant l’Etat royal a voulu

connaître le nombre de ses sujets dans un but fiscal. En 1630, le surintendant des finances de

Louis XIII, le marquis d’Effiat, avait lancé une enquête dont les résultats sont très lacunaires.

Colbert encourage les enquêtes mais ne fait procéder à des recensements systématiques que

dans les colonies. A la fin du règne, une enquête est lancée en 1698 pour informer le duc de

Bourgogne sur l’état du royaume mais l’ensemble est incomplet. Vauban dans sa brochure

Méthode générale et facile pour faire le dénombrement des peuples puis dans son ouvrage Le

projet de dixme royale tente d’estimer la population. En 1709, le contrôleur général des

finances Desmarets fait procéder au dernier dénombrement du règne. Les dénombrements

comptabilisent les feux c’est-à-dire les familles, ce qui est fort variable même si l’on

s’accorde sur 4,5 personnes par feux.

 

B)  Les registres paroissiaux

Les démographes ont utilisé les registres paroissiaux qui n’avaient pas à l’origine de but

statistique. Tenus par l’Eglise depuis le XVe siècle, ils avaient été généralisés par François 1er

avec l’édit de Villers-Cotterêts de 1539 que l’ordonnance de Blois de 1579 avait complété.

L’ordonnance de Saint-Germain-en-Laye ou Code Louis, promulguée en 1667, exige la tenue

des registres en double, les actes devant être rédigés à la suite, sans blanc pour éviter des

fraudes. La lecture des registres de BMS montrent que beaucoup des curés ne respectaient

l’intégralité de la législation. Il est vrai qu’obligés en 1674 d’utiliser du papier timbré,

beaucoup comprimèrent les lignes pour faire des économies. Quant aux protestants, s’ils

tenaient des registres depuis le milieu du XVIe siècle, la législation royale est muette jusqu’en

1667. La révocation de l’édit de Nantes prive les calvinistes d’existence officielle et dons de

registres. Ils sont obligés de passer devant le curé s’ils veulent que leur union soit reconnue et

leurs enfants légitimes. Quant aux israélites, peu nombreux et regroupés dans quelques villes

périphériques, on n’a pas retrouvé de trace de registres au XVIIe siècle.

 

II)Les caractéristiques de la population

 

Selon Pierre Chaunu, c’est la nuptialité qui est le grand régulateur de l’évolution

démographique de l’Europe moderne.

 

A)  La nuptialité

A l’époque, le célibat est très minoritaire, il concerne, les militaires et les ecclésiastiques soit

environ 7% de la population vers 1700. Se marier est un acte important, économique et social.

Pour fonder un foyer il faut pouvoir assurer sa subsistance et celle de sa famille. Le mariage

est un contrat civil, avec acte passé devant le notaire, et sacrement d’Eglise, encadré par les

recommandations du concile de Trente et la déclaration royale de 1639. Qu’en est-il du

sentiments ? Selon Montaigne « un bon mariage s’il en est, refuse la compagnie et les

conditions de l’amour «. Le mariage est donc tardif, 25 ans pour les hommes et 22,5 pour les

femmes au XVIIe siècle et cet âge tardif fait qu’un tiers des couples se brise avant dix ans. Les

écarts d’âge entre les époux sont limités surtout dans les milieux populaires, plus importants

chez les élites. Sous Louis XIV, des avocats bordelais de 35 ans épousent fréquemment des

jeunes filles de 18-20 ans. L’on se marie dans son village ou à proximité, c’est l’endogamie

géographique et le plus souvent dans le même milieu, c’est l’homogamie sociale. Dans une

France très majoritairement rurale, plus de 80% de la population, le mariage suit le rythme des

travaux agricoles, et l’on se marie donc peu en été, au moment des moissons et des

vendanges. On respecte aussi les temps clos de l’Eglise pour éviter ripailles lors de périodes

de jeune et de recueillement comme l’Avent (avant Noël) et le Carême (avant Pâques). On se

marie donc beaucoup en janvier, février, novembre et de préférence les lundis et mardis, ce

qui permet de prolonger le repos du dimanche.

 

B)La fécondité

Le taux de natalité de l’ancienne France est élevé et le taux de fécondité également. Comme

les naissances sont assez rapprochées dans le mariage, le moyen de restreindre la descendance

est le mariage tardif qui réduit la période de fécondité de l’épouse. Mais la fécondité est aussi

réduite par la mort prématuré d’un des époux, la mort en couches et l’allaitement maternel.

Compte tenu de la mortalité infantile, la taille des familles n’est pas, en moyenne, beaucoup

plus élevé qu’au moment du baby boom contemporain. Il y a très peu de naissances

illégitimes, hors mariage surtout à la campagne mais beaucoup de jeunes paysannes qui ont

fauté viennent accoucher clandestinement en ville et abandonnent souvent leur progéniture.

Les conceptions prénuptiales sont aussi limitées et l’Eglise n’est guère favorables aux

fiançailles, les fiancés comme les parents considérant que l’on peut vivre maritalement.

 

C)La mortalité

Elle est en temps normal inférieure à la natalité mais reste élevée. Beaucoup d’enfants

meurent en bas âge, souvent à cause de la mauvaise hygiène, de fièvres, de maladies

intestinales ou épidémiques comme la coqueluche, la rougeole et les oreillons. La pratique de

la mise en nourrice est souvent facteur de surmortalité. On considère qu’un quart des enfants

meurent avant un an (mortalité infantile) et un autre quart avant 20 ans (mortalité juvénile).

Ainsi sur ceux qui ont pu atteindre l’âge de vingt ans, peuvent espérer vivre encore vingt à

vingt-cinq ans. Les femmes ont un risque important de mortalité en couches. Quant aux

personnes âgées, elles meurent plus souvent en hivers, d’affections pulmonaires. Tous ces

facteurs de mortalité sont accentués lors des crises démographiques.

 

III)L’évolution de la population de la France sous Louis XIV

 

A)Les crises du règne

La population est régulièrement frappée par des crises. Comme l’on ignore le chiffre exact de

la population, il est difficile de mesurer l’impact de ces crises. Les historiens ont donc cherché

à calculer des indices de crises en utilisant les seules données disponibles. Les contemporains

priaient Dieu de les épargner « a fame, peste, bello, libera nos Domine «. Alors que le pays se

relevait de la Fronde, survient ce que l’on appelle « la crise de l’avènement « en 1660-1662.

C’est une crise de subsistance marquée par une forte augmentation du prix, la production de

blé ayant été réduite du fait d’une météorologie très humide. Le Val de Loire, le Bassin

parisien et la Normandie sont les provinces les plus touchées.

Puis la situation s’améliore, la peste frappant une dernière fois le nord-est du pays en 1663-

1670 (en dehors de la peste de Marseille de 1720).

La crise de 1693-16894 est la plus grande catastrophe du siècle. 1692 et 1693 sont des années

humides et froides, très représentatives du petit âge glaciaire de l’époque. La rareté des

graines suscite une hausse des prix qui entraîne une disette. Les pertes humaines sont estimées

à deux millions de personnes, le royaume étant frappés à l’exception du Sud-est et de l’Ouest.

Le prêtre parisien Gilles Hurel écrit dans son journal : « Jamais on n’a vu un temps si

extravagant et si dangereux pour les fruits et les biens de la terre, qui étaient en abondance

partout et qui sont en grand danger de périr. « Près d’Issoire, en Auvergne, Godivelle de

Besse écrit que « de voir le visage des pauvres il semblait qu’ils avaient demeuré trois mois

ensevelis dans la terre ; ils mouraient la plupart de faiblesse dans les rues «.

Le « grand hyver « de 1709-1710 touche presque tout le pays et fait 1,5 millions de morts

environ. Le froid intense de janvier et février 1709 entraîne la hausse des prix. Le sol est gelé

et les blés d’hiver semé à l’automne précédent ont gelé aussi mais comme le froid a tué aussi

les rongeurs, des nuisibles et les mauvaises herbes, on put planter de l’orge au printemps.

Mais la crise frumentaire a été accentuée par les épidémies.

 

B)L’évolution globale de la population

Le XVIIe siècle est considéré dans son ensemble comme une période difficile. Après les rudes

années de Louis XIII, le début du règne de Louis XIV, avec la Fronde et la crise de

l’avènement en 1660-62 frappent la population. Après les bonnes récoltes de la période des

gros épis de Colbert, l’absence de grandes épidémies permettent d’estimer la population à 22

millions vers 1690. Les guerres, épidémies, catastrophes climatiques évoquées précédemment

donnent une tonalité sombre à la fin du règne. Le royaume compte 22 à 22,5 millions

d’habitants vers 1710.

Estimations de la population

 

Estimation ancienne Estimation récente Estimation récente

1650 : 18,5 1640-69 : 18,9 à 21,8

1670 : 20,1

1680 : 21,1 1670-99 : 20,8 à 22,7

1690 : 21,6 1690 : 21,5

1700 : 21,5

1710 : 18,4 1710 : 22,6

1700-29 : 23 à 23,8

A la fin du règne, le pays est épuisé. Les guerres incessantes, les crises démographiques ont

durement frappé les populations. Pourtant, la France reste le pays le plus peuplé du continent

et allait connaître au cours du XVIIIe siècle une croissance inégalée.

 

Annexes

L’ordonnance de Saint-Germain en Laye de 1667 institue la pratique d’une copie que l’on

doit déposer au siège de la sénéchaussée.

« Art 8 : Seront faits par chacun an deux registres pour écrire les baptêmes, mariages et

sépultures en chaque paroisse…l’un desquels servira de minute et demeurera es main du curé

ou du vicaire, et l’autre sera porté au greffe du juge royal pour servir de grosse «

C’est la raison pour laquelle beaucoup de collections communales (classées en GG)

commencent justement cette année là. L’ordonnance de Saint-Germain en Laye codifie

également la tenue des registres. Les trois types d’actes sont mêlés dans une suite

chronologique et leur contenu précisé

Article 9 – Dans l’article des baptêmes sera fait mention du jour de la naissance et seront

nommés l’enfant, le père et la mère, le parrain et la marraine ; et aux mariages seront mis les

noms et surnoms, âges et qualités et demeures de ceux qui se marient, s’ils sont enfants de

famille, en tutelle, curatelle ou en puissance d’autrui, et y assisteront quatre témoins qui

déclareront sur le registre s’ils sont parents, de quel côté et quel degré ; et dans les articles de sépultures sera fait mention du jour du décès «

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