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République fédérale d'Allemagne [RFA]

Publié le 05/04/2013

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1   PRÉSENTATION

République fédérale d'Allemagne [RFA] [en allemand Bundesrepublik Deutschland], État fondé le 23 mai 1949 sur la base de la Loi fondamentale (Grundgesetz) instituant provisoirement la RFA lors du partage de l'Allemagne et réunifié avec la République démocratique allemande (RDA) en 1990.

Bordée au nord par la mer du Nord, le Danemark et la mer Baltique, à l'est par la RDA et la Tchécoslovaquie (République tchèque actuelle), au sud par l'Autriche et la Suisse, et à l'ouest par la France, le Luxembourg, la Belgique et les Pays-Bas, d'une superficie de 248 577 km2, la RFA comptait 62 millions d'habitants à la date de la réunification en 1990.

La République fédérale comprenait alors, en plus de Berlin-Ouest, dix États fédérés ou Länder : le Bade-Wurtemberg, la Bavière, Brême, Hambourg, la Hesse, la Basse-Saxe, la Rhénanie du Nord-Westphalie, la Rhénanie-Palatinat, la Sarre et le Schleswig-Holstein. Bonn, ville universitaire historique sur le Rhin, en était la capitale.

2   LA NAISSANCE DE LA RFA

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, Truman pour les États-Unis, Churchill pour le Royaume-Uni et Staline pour l'Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS), réunis à la conférence de Potsdam en 1945, divisent l'Allemagne en quatre zones d'occupation temporaire : française au sud-ouest, britannique au nord-ouest, américaine au sud et soviétique à l'est. La ville de Berlin, en zone soviétique, est partagée de la même manière. Les Alliés décident également de mener à bien la « dénazification « comme en témoigne le procès de Nuremberg. Enfin, ils entreprennent le démantèlement d'installations industrielles au titre de dédommagement, mais aussi pour détruire les bases de la puissance militaire allemande.

Mais, lorsque l'URSS installe des régimes communistes en Europe de l'Est et mène une politique de socialisation dans sa zone d'occupation en Allemagne, les tensions avec ses anciens Alliés s'exacerbent : c’est le début de la guerre froide. Les Américains révisent alors leurs positions et entendent désormais favoriser le redressement de l'Allemagne de l'Ouest pour permettre à l'Europe occidentale de résister à la pression soviétique. Américains et Britanniques fusionnent, en janvier 1947, leurs zones en une bizone économique, à laquelle se rallie la France en juin 1948, après que le problème de la Sarre a été résolu. En effet les Anglo-Américains acceptent que la Sarre soit intégrée économiquement à la France en échange de la fusion de la zone française avec la bizone. Peu après les trois Alliés procèdent à une réforme monétaire (juin 1948) qui jette les bases d'un nouveau mark et amorce la reconstruction économique de l'Allemagne de l'Ouest. En réponse, les Soviétiques renforcent l'isolement de la RDA du reste du territoire et soumettent Berlin-Ouest à un blocus (1948-1949), ce qui oblige les puissances occidentales à établir un pont aérien pour ravitailler leurs secteurs. Le conflit entre les deux blocs quant à l'orientation politique à donner au pays ainsi que les visées expansionnistes de l'URSS entraîne le partage de l'Allemagne en 1949.

À l'Est se met en place le 7 octobre un régime communiste, la République démocratique allemande (RDA) sous les auspices de l'Union soviétique ; à l'Ouest est proclamée le 23 mai la République fédérale d'Allemagne (RFA), démocratie politique à l'économie de marché que soutiennent les États-Unis, le Royaume-Uni et la France.

3   LES ANNÉES ADENAUER

Le nouvel État ouest-allemand se dote d'une Loi fondamentale, transitoire, censée servir de Constitution jusqu'à la réunification, qui demeure, aux yeux des dirigeants de la RFA, l'objectif final. La RFA devient un État fédéral composé de dix Länder ayant leur propre parlement pour gérer les affaires les concernant. Deux chambres sont également prévues, le Bundestag, élu au suffrage universel direct, et le Bundesrat (qui regroupe les représentants des Länder). Le chancelier, qui détient l'essentiel du pouvoir, est élu par les députés du Bundestag à la majorité absolue.

Dès les premières élections au Parlement, les trois principales forces politiques se mettent en place : les chrétiens-démocrates de l’Union chrétienne-démocrate (Christlich-Demokratische Union, CDU) et leurs équivalents bavarois plus conservateurs (Christlich-Soziale Union, CSU), les sociaux-démocrates du Parti social-démocrate (Sozialdemokratische Partei Deutschlands, SPD) et les libéraux du Parti libéral allemand (Freie Demokratische Partei, FDP) qui, bien que moins importants sur le plan électoral, n'en jouent pas moins un rôle de parti charnière essentiel pour former une majorité stable.

De 1949 à 1963, le gouvernement de la RFA est dominé par la CDU. Son président, Konrad Adenauer, est élu chancelier de la République en 1949. Il s'attache à transformer le nouvel État, ravagé par la guerre, en une nation indépendante et souveraine. Aussi toute son action consiste-t-elle à revendiquer une égalité de droits entre la RFA et les trois Alliés. Sa tâche est cependant facilitée lorsque les États-Unis, le Royaume-Uni et la France s'engagent dans la restauration de l'Allemagne pour empêcher la menace soviétique de s'étendre vers le reste de l'Europe occidentale. Ce soutien occidental favorise également, sur le plan intérieur, un renouveau économique. En effet, soutenue par le plan Marshall élaboré par les États-Unis en 1947, en faveur de la reconstruction et du redressement financier de l'Europe, la RFA connaît un redressement rapide.

4   L’ANCRAGE OCCIDENTAL

Afin de pouvoir contenir l'Union soviétique en Europe et de faire barrage au communisme à l'intérieur, la République fédérale d'Allemagne cherche dès le début à s'intégrer fortement dans le camp occidental sur le plan tant politique qu'économique et militaire. Lors de l'accord de Petersberg du 22 novembre 1949 négocié avec les hauts-commissaires alliés, la RFA accepte d'entrer au Conseil de l'Europe dont elle devient membre à part entière en 1951, le gouvernement fédéral étant alors autorisé à constituer un ministère des Affaires étrangères, tandis que les Alliés décident l’arrêt des démontages d’usines.

Le 18 avril 1951, la RFA signe à Paris le traité fondant la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA). Peu après, il est mis fin à l’état de guerre entre les Occidentaux et l’Allemagne. Un nouveau pas vers l’intégration dans le camp occidental est la signature d'un traité en 1952 instituant une Communauté européenne de défense (CED). Auparavant, Adenauer avait rejeté les notes soviétiques des 10 mars et 9 avril (notes de Staline) proposant l'unité de l'Allemagne au prix de sa neutralité. Ayant soulevé de vives polémiques en France, le traité de la CED est rejeté par l'Assemblée nationale le 30 août 1954. Ce vote mettant fin à la CED, le problème de la défense européenne et du réarmement allemand est repris sur de nouvelles bases. Ainsi, l'organisation du traité de Bruxelles se transforme en 1954 en une Union de l'Europe occidentale (UEO). Autorisée à réarmer, les effectifs de l'armée fédérale, la Bundeswehr, sont fixés à 495 000 hommes, les troupes combattantes sont placées sous l'autorité du commandement en chef de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), créée en 1949 pour la défense de l'Europe et dont la RFA devient membre en 1955, au moment même où prend fin le statut d’occupation.

En outre, la RFA fait partie des signataires du traité instituant la Communauté économique européenne (CEE), ou Marché commun, et la Communauté européenne de l'énergie atomique (CEEA), ou Euratom, signé le 25 mars 1957 à Rome et entré en application le 1er janvier 1958. Le problème sarrois trouve également une solution quand Pierre Mendès France et Adenauer signent un accord à Paris en octobre 1954 prévoyant un statut européen de la Sarre sous l'autorité de l'UEO. Cet accord étant rejeté par les Sarrois lors du référendum du 23 octobre 1955, la Sarre est autorisée à adhérer à la RFA par le traité de Luxembourg à compter du 1er janvier 1957. Bien qu'elle ne devienne membre de l'Organisation des Nations unies (ONU) qu'en 1973, par le truchement de plusieurs agences de l'organisation, la RFA contribue au financement de nombreux projets.

Jusqu'alors liée plus qu'étroitement à Washington, la RFA, inquiète de l'évolution de l'administration démocrate favorable à la coexistence pacifique avec l'URSS, se rapproche de la France du général de Gaulle. Le 22 janvier 1963, dans l'idée de mettre fin à l'hostilité historique entre Français et Allemands, Adenauer et de Gaulle conviennent de tenir régulièrement des sommets franco-allemands par la signature d'un traité d'amitié et de coopération, le traité de l’Élysée. Mais en ratifiant ce traité, le Bundestag l'assortit d'un préambule qui le vide quasiment de son contenu, témoignant ainsi des profondes divergences qui existent alors entre la France, favorable à une Europe des nations et l'Allemagne, intégrée dans l'OTAN et qui privilégie la coopération avec les États-Unis.

Dans le même temps, Adenauer encourage le développement des échanges commerciaux avec la RDA, mais refuse de la reconnaître comme État souverain. Fidèle à la doctrine élaborée par Walter Hallstein, la RFA rompt ses relations diplomatiques avec tout État reconnaissant la RDA, aussi Bonn n'entretient-t-elle aucune relation avec les pays de l'Est. Toutefois la RFA établit des relations diplomatiques avec l'URSS, qui est pourtant à l'origine de la création de la RDA.

5   LE RENOUVEAU ÉCONOMIQUE

En matière de politique intérieure, Adenauer et son ministre des Finances, Ludwig Erhard, entreprennent le redressement économique du pays en encourageant la libre entreprise et la production de biens de consommation destinés aux marchés intérieur et extérieur. La croissance, facilitée par la mise en place d'un système fiscal favorisant les entrepreneurs et par d'importants investissements privés, dépasse 7 p. 100 par an, le taux d'inflation restant peu élevé. L'indice du produit national brut (PNB) passe en dix ans (de 1950 à 1960) de 100 à 256, celui de la production industrielle atteint même 282. Encore négatif en 1950, le solde du commerce extérieur passe à plus de 6 milliards de DM en 1963. La seule ombre au tableau est la crise du charbon et de l'acier à partir du milieu des années cinquante. Mais la forte croissance de l'économie permet de résorber le chômage : de 8,2 p. 100 en 1950, le taux tombe à 0,5 p. 100 en 1963.

Les causes principales de cette croissance de l'économie ouest-allemande sont pour l'essentiel l'aide financière occidentale, et plus particulièrement américaine, par le biais du plan Marshall (4 milliards de dollars d'aide des Anglo-Américains), la réforme du mark en 1948 qui assainit les finances, la dévaluation en 1949 qui permet aux produits allemands d'être beaucoup plus compétitifs sur le marché international, la modernisation des installations industrielles, rendue indispensable après le démontage de nombreuses usines par les Alliés à titre de dédommagement au lendemain de la guerre, l'absence au moins jusqu'en 1956 de lourdes dépenses militaires, la force du consensus social marquée par la modération des syndicats et surtout l'apport de main-d'œuvre fournie par les 13,5 millions de réfugiés et d'expulsés venus de RDA et d'Europe de l'Est. Dans un premier temps, ils fournissent à l'économie allemande un réservoir d'ouvriers qualifiés. À partir de 1956, le marché de l'emploi fait appel de façon croissante aux travailleurs étrangers en provenance d'Italie, d'Espagne et de Turquie. L'Allemagne connaît alors une période de développement industriel rapide et de prospérité, que l'on a appelée le « miracle économique allemand « (en allemand Wirtschaftswunder).

L'aisance matérielle induite par la croissance favorise définitivement le développement d'une économie sociale de marché comme système d'organisation économique de la RFA. Le libéralisme de principe régissant les échanges est ainsi tempéré par un certain interventionnisme de l'État qui vise à éviter les débordements du marché, notamment par le maintien du contrôle des prix, l'adoption de mesures fiscales favorisant l'investissement et l'exclusion des produits agricoles de la libéralisation des échanges. Un même pragmatisme est affiché dans les relations sociales, où les syndicats dont le puissant IG Metall, regroupés en une organisation unique, la DGB (Deutsche Gewerkschaftsbund), participent à la bonne marche des entreprises. Cette cogestion, par la signature de conventions collectives et d'accords-cadres, évite ainsi nombre de conflits sociaux et le recours à la grève.

6   LES SOCIAUX-DÉMOCRATES AU POUVOIR

L'ancrage occidental de la RFA suscite cependant auprès d'une partie de l'opinion allemande une certaine hostilité, car une telle politique rend beaucoup plus difficile une éventuelle réunification avec la RDA. De plus l'autoritarisme croissant du vieux chancelier, qui multiplie les intrigues pour éliminer les prétendants à sa succession, provoque une opposition grandissante au sein même de son parti qui contraint Adenauer à démissionner, en 1963, à l'âge de 87 ans.

Ludwig Erhard est élu chancelier le 16 octobre 1963 et forme une coalition des chrétiens-démocrates (CDU-CSU) avec le parti libéral (FDP). Face à un début de récession en 1966 qui traduit un retour de l'économie à la normale après des taux de croissance exceptionnellement élevés, le débat sur le déficit budgétaire et la réévaluation du mark provoquent la démission des ministres libéraux. Les chrétiens-démocrates, malgré l’opposition du leader de la CSU, Franz-Joseph Strauss, se prononcent alors en faveur d'une grande coalition avec les sociaux-démocrates et Erhard est contraint de démissionner à la fin novembre 1966, tandis que son modèle d’économie sociale de marché connaît une crise relative qui amène le gouvernement à toujours plus d’interventionnisme économique.

Kurt Georg Kiesinger (1966-1969) lui succède au poste de chancelier. Les années 1966-1969 sont marquées par l'agitation étudiante et l'émergence d'un mouvement d'opposition extra-parlementaire (affrontements de Pâques 1968 après la tentative d'assassinat contre le leader étudiant Rudi Dutschke).

La victoire aux élections de 1969 des sociaux-démocrates qui, en 1959, ont opéré lors du congrès de Bad-Godesberg un recentrage politique, rejetant la lutte des classes et se déclarant en faveur de la propriété privée, de l'Alliance atlantique et de la construction européenne, porte Willy Brandt, ancien maire de Berlin-Ouest, à la chancellerie, à la tête d’un gouvernement de coalition avec les libéraux. Avec l'approbation du monde des affaires, il abandonne la doctrine Hallstein et entreprend une politique de détente avec le bloc soviétique (Ostpolitik). Le 12 août 1970, il signe un pacte de non-agression avec l'URSS et, le 7 décembre 1970, un traité avec la Pologne, qui confirme le tracé de la ligne Oder-Neisse en tant que frontière orientale et déclare la frontière interallemande inviolable. Prenant le contre-pied d'Adenauer, il parvient à un accord avec la RDA en 1972, qui facilite l'accès des Allemands de l'Ouest à Berlin-Ouest ainsi que celui des Berlinois de l'Ouest à Berlin-Est et en RDA. Le 21 décembre 1972, les deux pays signent un traité sur le fondement de leurs relations, normalisant ainsi leurs rapports en dépit de leur différend sur la question nationale. La RFA reconnaît de fait, mais non en droit, la RDA. Les deux États échangent alors des « représentants permanents « au lieu d'ambassadeurs. En 1973, la RFA et la RDA sont admises à l’Organisation des Nations unies (ONU). Un traité signé en décembre 1973 avec la Tchécoslovaquie, déclarant nuls et non avenus les accords de Munich (1938), parachève l'Ostpolitik.

Sur le plan économique, Brandt doit faire face aux turbulences monétaires internationales aggravées par le premier choc pétrolier en octobre 1973. La situation économique déjà fragile connaît depuis 1971-1972 un tassement de la croissance, le retour de l'inflation et du chômage. Une augmentation des tensions sociales en est la conséquence, exprimées en particulier à travers les grèves des services publics de janvier à février 1974. La même année, Brandt doit démissionner lorsqu'il est découvert qu'un membre de son cabinet personnel, Günter Guillaume, est un espion est-allemand.

Helmut Schmidt lui succède à la tête d'un gouvernement formé d'une coalition entre les sociaux-démocrates et les libéraux. Hans-Dietrich Genscher (FDP) devient ministre des Affaires étrangères et vice-chancelier. Schmidt est confronté à une série de problèmes qui couvaient depuis la fin des années soixante. Malgré sa politique keynésienne qui consiste en l'adoption de programmes de relance conjoncturelle, le chômage passe de 500 000 personnes en 1974 à près de 2 millions en 1982. L'endettement public s'accroît en conséquence. À partir de 1970, le pays est également secoué par une vague d'attentats, d'enlèvements et d'assassinats commis par des membres du groupe Baader-Meinhof, qui devint plus tard la Fraction Armée rouge. L'activité terroriste atteint son paroxysme en 1977 avec les assassinats du procureur général, Siegfried Buback, et du directeur de la Dresdner Bank, Jürgen Ponto, ainsi qu’avec l'enlèvement et l'assassinat du président du patronat allemand, Hans Martin Schleyer, et le détournement d'un avion sur Mogadiscio (Somalie).

Dans le domaine des affaires étrangères, Schmidt poursuit la politique d'ouverture à l'Est et de rapprochement avec la RDA menée par son prédécesseur. En accord avec Valéry Giscard d'Estaing, il développe la coopération avec la France et fait progresser l'intégration européenne par la création du Conseil européen en 1974, la mise en place du Système monétaire européen (SME) en mars 1974 et les premières élections directes au Parlement européen en juin 1979. Avec François Mitterrand, il décide en février 1982 de réactiver la coopération franco-allemande en matière de sécurité et d'armements. La coalition des sociaux-démocrates (SPD) et des libéraux (FDP) menée par Schmidt remporte les élections de 1976 et de 1980. Contraints de pratiquer une politique de compression du déficit budgétaire et des prestations sociales, les libéraux réclament une réorientation de la politique économique et sociale du gouvernement. En septembre 1982, les libéraux se retirent de la coalition gouvernementale et apportent dès lors leur soutien aux démocrates-chrétiens (CDU). Leur président, Helmut Kohl, devient chancelier en 1982 à la suite d'un « vote de défiance constructif «. Il est réélu en 1985 et en 1987.

7   PUISSANCE ÉCONOMIQUE ET MALAISE POLITIQUE

Dans les années quatre-vingt, l'Allemagne devient une grande puissance économique au même titre que le Japon et les États-Unis. Grâce à son modèle de cogestion, l'Allemagne est parmi les premières grandes puissances économiques à renouer avec la prospérité, surmontant ainsi la crise mondiale qui a fait près de 3 millions de chômeurs en 1984. Se plaçant au 3e rang mondial sur le plan industriel et financier juste après les États-Unis et le Japon, la RFA apparaît alors, selon l'expression consacrée, comme un géant économique, mais un nain politique. En effet, sa politique étrangère reste dépendante de ses rapports avec Washington et fluctue en fonction des relations entre les deux « supergrands «. Ainsi, le regain de tensions entre les États-Unis et l'URSS et la présence des SS 20 soviétiques en Europe de l'Est entraînent l'installation des fusées américaines Pershing en RFA. Mais cette installation provoque d'importantes manifestations d'opposition auxquelles participent les pacifistes et les Verts. La crise pacifiste, qui de 1981 à 1986 secoue le pays, témoigne d'une certaine crise d'identité de la RFA qui se traduit également par l'hostilité d'une partie de l'opinion au soutien que la RFA apporte à l'accélération de la construction européenne. Dès son élection à la chancellerie, Kohl donne à ses relations avec François Mitterrand un caractère de confiance amicale. Devant le Bundestag, Mitterrand lui apporte en janvier 1983 son soutien dans l'application des résolutions de l'OTAN. Ensemble, ils font adopter l'Acte unique européen en 1986 instituant un grand marché intérieur de la CEE à partir du 1er janvier 1993. En outre, la RFA et la France se dotent de nouveaux instruments de coopération tels que le Conseil économique et financier, le Conseil de défense, la Brigade franco-allemande, le Collège universitaire et le Haut Conseil culturel.

Dans le même temps, les relations avec la RDA s'intensifient. La signature de nouveaux accords en 1984 (accords financiers mais aussi sur la circulation des biens et des personnes) rapprochent encore les deux États allemands. Le président est-allemand Erich Honecker se rend pour la première fois en visite officielle en RFA en 1987. Mais si l'influence de Bonn s'accroît sur le plan international à la fin de la décennie, en revanche, la RFA connaît une situation intérieure difficile. En 1984, l'affaire Flick, du nom du groupe industriel qui a versé des contributions occultes aux principales formations politiques, jette un discrédit profond aux yeux de l'opinion sur les partis et les hommes politiques. Le gouvernement d'Helmut Kohl paraît impuissant à faire face à la situation, mais les divisions des sociaux-démocrates et la bonne santé économique du pays permettent à la coalition CDU-FDP de remporter les élections de 1987 et à Kohl de se maintenir au pouvoir.

8   LA RÉUNIFICATION

À la suite des réformes sociales et politiques menées par le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev dans son pays à la fin des années quatre-vingt, les régimes communistes d'Europe de l'Est doivent prendre des mesures de libéralisation, ce dont profite la population pour manifester son mécontentement et son opposition. Le gouvernement de la RDA s'effondre en 1989, ce qui modifie profondément les relations entre les deux Allemagnes. À la chute du mur de Berlin dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989, plus de 200 000 Allemands de l'Est affluent à l'Ouest. Le gouvernement fédéral ne se contente pas d'aider les nouveaux immigrants, il apporte aussi d'énormes quantités de capitaux à l'économie est-allemande en difficulté. La RFA et la RDA fusionnent leur système économique, social et monétaire en juillet 1990 et le 3 octobre de la même année, désormais jour de fête nationale de l'Allemagne, sont réunifiées sous le nom officiel de République fédérale d'Allemagne. (voir Allemagne). La coalition des chrétiens-démocrates et des libéraux, dirigée par Kohl, remporte une victoire décisive lors des élections allemandes de décembre 1990, et Kohl devient le premier chancelier de l'Allemagne réunifiée.

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