La révolution énergétique

« Le travail humain est en partie usage d'énergie avant d'être finalité. Il faut séparer, au moins conceptuellement, l'aspect énergétique du travail de son but, dont le travailleur n'a en général pas le contrôle. Autrement dit, la production est la mise en mouvement, par l'énergie des travailleurs et des machines, d'éléments eux-mêmes extraits par de l'énergie. Pour se reproduire, la force de travail consomme de l'énergie. En particulier, l'eau, la terre, les engrais, les graines qui font les aliments exigent de l'énergie pour être utilisés. Mais le travail exige aussi de l'information pour se mettre en oeuvre. On peut donc considérer le travail en partie comme une forme d'usage d'énergie au même titre que les autres, sans pour autant réduire la force de travail à un lieu de consommation d'énergie, ni réduire l'homme à sa force de travail. On ne peut pas, en effet, "considérer le travail humain comme un processus thermodynamique". Il est évidemment, par sa nature, plus complexe et riche. L'homme (autant qu'on puisse l'exprimer dans ce schéma) est en fait une mystérieuse rencontre d'une capacité de dépense et de production énergétique et d'une capacité de création, de réponse au monde extérieur. «

Jacques ATTALI, La Parole et l'outil, PUF.