SOLITUDE À L'AUBE de FUSSLI

« SOLITUDE À L'AUBE 1794-1796 Peintre suisse Analyse ~ La scène se déroule sur ·un fond de ciel baigné par une lumière froide et intense, sur lequel se détache l'image d'un jeune homme apparemment endormi.

Près de lui, un chien tourne le museau pour observer, intrigué, quel­ que chose qui traverse le ciel : la vitalité et l'agilité de l'animal, fixées en un raccourci hardi, contrastent avec l'immobilisme de son maître.

Vêtu d'une simple tunique noire, celui-ci s'est endormi dans une position qui souligne les par­ ties les plus saillantes de son corps : la tête , un peu tournée sur le côté, accuse un profil précis et effilé ; la jambe étendue et la main qui y repose révèlent l'élégance athlétique du personnage.

Mais, lorsqu'on examine mieux la scène , le sommeil du jeune homme semble bien peu serein et une légère inquiétude transparaît dans l'ex­ pression un p~u contractée du visage et dans la pose elle -même : l'attitude est trop peu naturelle et trop incommode pour être celle de l'homme qui cherche simplement à s'endormir.

Peut-être le jeune homme s'est- il assoupi après un moment de méditation ou de souffrance, peut-être le sommeil a-t-il interrompu un moment de solitude ou de désespoir .

Envahi par un doute dramati­ que, le personnage de ce tableau illustre tout l ' univers de Füssli : ses amours , ses études pas­ sées , les livres qu'il a lus et ceux qu'il a illustrés, les œuvres des anciens maîtres qu'il a eu l'occa­ sion d'observer.

xvnr-me siècles Préromantisme Huile sur toile 95 x 102 cm Détail L'œuvre C Inspiré e du Lycidas de Milton, cette toile est la première d es trois v ersions exécut ées par Füssli sur le m êm e thème entre 1794 et 1796.

Le personnage du jeune homme endormi rappelle le pâtre du Rêve du berger, lui-m ême inspiré par le Paradis perdu, une autre œuvre de Milton.

Dans ce texte, Milton rend hommage au poète Edward King, un ami de jeu­ nesse , mort noyé.

Le pâtre évoque a vec regret l'ami disparu : l'épanouissement de sa personnalité , sa vocation poétique et ses espoirs interrompus par la mort brutale .

Le tableau conservé au Kunsthaus provient de la collection Paul Gan z.

Füssli et Rome ' + ~levé dans la culture classique , Füssli ')>eXprima très jeune le désir de se rendre en Italie < ; et notamment .à Rome, où il vécut effectivement éie j77o àt778 .

C'esq~ que le jeUne Suisse, devenu un homme, résolutd :être peintr~: R.ome et ses trésors artis­ b Jiques pe§èrent de façon décisive sur ce.

choix.

ifiSçuls de)IX ·alb\lms · de croquis conservés au Kuns- ?:'t~:~,··· ......

'' t thaus de Zurich témoignent de cette période essentîelle.

Plus encore que par l'attraitromanti­ que des ruines de l'ancienne Rome, Füssli fut marqué par MJ,chel-Ange, alors .assez peu à .la mode : il admirait surtout ses études anatomi ~ ques, ses raccourcis audacieuX, la verticalité · du dessin, e.t ses personnages héroïques, qu'il alla si souvent contempler à la éhapelle ~~p~; Du même pe intr e : PICTO 577 Photo Kuns thaus , Zurich .

© Nardini Edito re , 1993 .

V PC Larouss e-Laff ont pour l'édition frança ise 1993 24 ·21. »