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Poèmes sur la solitude

Publié le 09/03/2014

Extrait du document

  La solitude absolue   Cette vie, qui m'avait d'abord enchanté, ne tarda pas à me devenir insupportable. Je me fatiguai de la répétition des mêmes scènes et des mêmes idées. Je me mis à sonder mon coeur, à me demander ce que je désirais. Je ne le savais pas; mais je crus tout à coup que les bois me seraient délicieux. Me voilà soudain résolu d'achever, dans un exil champêtre, une carrière à peine commencée, et dans laquelle j'avais déjà dévoré des siècles.   J'embrassai ce projet avec l'ardeur que je mets à tous mes desseins; je partis précipitamment pour m'ensevelir dans une chaumière, comme j'étais parti autrefois pour faire le tour du monde.   On m'accuse d'avoir des goûts inconstants, de ne pouvoir jouir longtemps de la même chimère, d'être la proie d'une imagination qui se hâte d'arriver au fond de mes plaisirs, comme si elle était accablée de leur durée; on m'accuse de passer toujours le but que je puis atteindre: hélas! je cherche seulement un bien inconnu, dont l'instinct me poursuit. Est-ce ma faute, si je trouve partout des bornes, si ce qui est fini n'a pour moi aucune valeur? Cependant je sens que j'aime la monotonie des sentiments de la vie, et si j'avais encore la folie de croire au bonheur, je le chercherais dans l'habitude.   La solitude absolue, le spectacle de la nature, me plongèrent bientôt dans un état presque impossible à décrire. Sans parents, sans amis, pour ainsi dire seul sur la terre, n'ayant point encore aimé, j'étais accablé d'une surabondance de vie. Quelquefois je rougissais subitement, et je sentais couler dans mon coeur comme des ruisseaux d'une lave ardente; quelquefois je poussais des cris involontaires, et la nuit était également troublée de mes songes et de mes veilles. II me manquait quelque chose pour remplir l'abîme de mon existence: je descendais dans la vallée, je m'élevais sur la montagne, appelant de toute la force de mes désirs l'idéal objet d'une flamme future; je l'embrassais dans les vents; je croyais l'entendre dans les gémissements du fleuve; tout était ce fantôme imaginaire, et les astres dans les cieux, et le principe même de vie dans l'univers.   Extrait de René - de Chateaubriand                                             Tableau de Edouard Cibot. Vue prise à Bellevue.                                               Le nid solitaire   Va, mon âme, au-dessus de la foule qui passe, Ainsi qu'un libre oiseau te baigner dans l'espace. Va voir ! et ne reviens qu'après avoir touché Le rêve... mon beau rêve à la terre caché.   Moi, je veux du silence, il y va de ma vie ; Et je m'enferme où rien, plus rien ne m'a suivie ; Et de son nid étroit d'où nul sanglot ne sort, J'entends courir le siècle à côté de mon sort.   Le siècle qui s'enfuit grondant devant nos portes, Entraînant dans son cours, comme des algues mortes, Les noms ensanglantés, les voeux, les vains serments, Les bouquets purs, noués de noms doux et charmants.   Va, mon âne, au-dessus de la foule qui passe, Ainsi qu'un libre oiseau te baigner dans l'espace. Va voir ! et ne reviens qu'après avoir touché Le rêve... mon beau rêve à la terre caché !   Marceline DESBORDES-VALMORE (1786-1859)                                                             The Birds & Bees, huile sur toile (66''x78'') de Derek Stefanuk                                                           Allons mon pauvre coeur bien loin de la Cité...   Allons mon pauvre cœur bien loin de la Cité Dedans quelque désert, fuyons la compagnie De nos plus chers amis, cherchons la Tyrannie Des Ours, Tigres, Lions pleins d’inhumanité :   L’Olme, le Chêne, l’Able en ce lieu écarté Pourront seuls témoigner ta misère infinie : Le bel Astre du ciel, donnant lumière et vie, N’y lance point les rais de sa vive clarté.   Laissons le grand Palais et le brave Théâtre À ceux qui n’ont point vu leur espérance abattre : Aux enfants bienheureux, aux pères fortunés.   Vallon, Grotte, Forêt, Rocher, Antre effroyable S’accorderont du tout à l’état misérable, De nous, qui de l’espoir sommes abandonnés.   Catherine Des Roches                                                                                                                                                                       Au bord tristement doux des eaux, je me retire   Au bord tristement doux des eaux, je me retire, Et vois couler ensemble, et les eaux, et mes jours, Je m'y vois sec, et pâle, et si j'aime toujours Leur rêveuse mollesse où ma peine se mire.   Au plus secret des bois je conte mon martyre, Je pleure mon martyre en chantant mes amours, Et si j'aime les bois et les bois les plus sourds, Quand j'ai jeté mes cris, me les viennent redire.   Dame dont les beautés me possèdent si fort, Qu'étant absent de vous je n'aime que la mort, Les eaux en votre absence, et les bois me consolent.   Je vois dedans les eaux, j'entends dedans les bois, L'image de mon teint, et celle de ma voix, Toutes peintes de morts qui nagent, et qui volent.   Jacques DAVY DU PERRON (1555-1618)

« de mes songes et de mes veilles.

II me manquait quelque chose pour remplir l'abîme de mon existence: je descendais dans la vallée, je m'élevais sur la montagne, appelant de toute la force de mes désirs l'idéal objet d'une flamme future; je l'embrassais dans les vents; je croyais l'entendre dans les gémissements du fleuve; tout était ce fantôme imaginaire, et les astres dans les cieux, et le principe même de vie dans l'univers.   Extrait de René - de Chateaubriand                                        . »

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