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suisse, littérature.

Publié le 06/05/2013

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suisse, littérature. 1 PRÉSENTATION suisse, littérature, littérature d'expression française, allemande, italienne et romanche, composée par des auteurs de nationalité ou de culture suisses. Outre les quatre langues nationales (allemand, français, italien et romanche), de nombreux dialectes, tant français qu'italiens et alémaniques, sont parlés en Suisse. La plus grande part de la population s'exprime cependant en allemand (l'alémanique, dialecte du haut allemand, pratiqué par environ 65 p. 100 de la population). Le français et le franco-provençal ne sont parlés en revanche que par une minorité (environ 18 p. 100 de la population) localisée dans les cantons de Fribourg, de Jura, de Vaud, du Valais, ainsi qu'à Neuchâtel et à Genève ; c'est également le cas de l'italien, localisé dans le Tessin (environ 10 p. 100 de la population). Le romanche, circonscrit au canton des Grisons, est parlé par moins de 1 p. 100 de la population ( voir langues rhéto-romanes). 2 LITTÉRATURE SUISSE D'EXPRESSION FRANÇAISE Depuis ses origines, la littérature suisse de langue française est étroitement liée à l'histoire des religions catholique et protestante. 2.1 Moyen Âge et Renaissance À l'époque médiévale, la Suisse romande ne connaît qu'un seul auteur de poésie important, Othon de Grandson (1336-1397). C'est la Réforme qui jette les bases d'une vraie littérature nationale. Devenue la capitale du protestantisme de langue française grâce à Jean Calvin, qui s'y est installé après avoir fui la France, Genève abrite alors plusieurs auteurs importants, qui s'illustrent par des oeuvres historiques à visée théologique et morale, comme le réformateur Pierre Viret (1511-1571), la religieuse Jeanne de Jussie (morte v. 1611) ou le patriote François de Bonnivard (1493-1570) dans ses Chroniques de Genève (1538). Voir chronique. 2.2 XVIIe Après un XVIIe et XVIIIe siècles siècle plutôt morose dans le domaine littéraire, le XVIIIe siècle apparaît comme le siècle du renouveau en Suisse romande. Cette renaissance des lettres francophones a ceci de spécifique qu'elle est, une fois encore, étroitement liée à la Réforme : elle résulte en effet pour l'essentiel de l'installation, à la fin du siècle précédent, d'immigrants huguenots chassés de France par la révocation de l'édit de Nantes (octobre 1685). Même si l'on excepte des auteurs tels que le baron d'Holbach, Pierre Choderlos de Laclos ou le comte de Mirabeau, dont les oeuvres sont d'abord publiées en Suisse pour échapper à la censure française, la littérature suisse romande est brillante ; des revues font leur apparition (la Bibliothèque italique), des écrivains se distinguent, comme Béat Louis de Muralt (1665-1749), auteur de Lettres sur les Anglais et les Français (1725), le philosophe Charles Bonnet (1720-1793) ou Mme de Charrière (1740-1805), qui est l'une des pionnières du genre romanesque. Mais la figure intellectuelle la plus marquante de la littérature suisse de langue française de cette époque reste Jean-Jacques Rousseau. Figure prépondérante des Lumières, esprit universel, ce dernier compose des textes où il remet en cause la légitimité de toute propriété (Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, 1755) et où il propose de nouveaux rapports sociaux fondés sur la liberté (Du contrat social, 1762) ; sa pensée a d'ailleurs une influence considérable sur les acteurs de la Révolution française. On lui doit, en outre, un texte considéré comme la première autobiographie au sens moderne du terme, les Confessions (écrit entre 1765-1770) et un roman épistolaire, Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761), qui annonce la sensibilité romantique. L'événement majeur du siècle, la Révolution française, engendre par ailleurs une littérature plus ouvertement politique et philosophique, illustrée notamment par Sismondi (1773-1842), qui compose les Nouveaux Principes d'économie politique (1819), et par le groupe d'écrivains d'origines européennes diverses qui se regroupent en Suisse autour de Mme de Staël et de Benjamin Constant. Esprit cosmopolite et talentueuse femme de lettres, Mme de Staël joue un rôle important dans l'animation de la vie littéraire du début du XIXe siècle ; on lui doit des récits tels que Delphine (1802) et Corinne ou l'Italie (1807), et des essais, notamment De l'Allemagne (1810), qui contribue à faire connaître en France la littérature germanique. Son amant Benjamin Constant, écrivain français d'origine suisse, livre des romans considérés comme des chefs-d'oeuvre du récit psychologique, et qui présentent une analyse très fine de la passion amoureuse (Adolphe, 1806, publié en 1816). 2.3 XIXe siècle Si la plupart des auteurs marquants du XIXe siècle sont philosophes, théologiens, critiques ou encore penseurs politiques, quelques grands noms représentent les genres narratifs. Henri Frédéric Amiel, philosophe et écrivain francophone nourri de philosophie allemande (Hegel, Schelling, etc.), est surtout connu pour son Journal intime (écrit entre 1847 et 1881), dans lequel il se livre à une analyse minutieuse et lucide de son âme mélancolique. Citons aussi, dans le genre romanesque, les tableaux de moeurs de Victor Cherbuliez (1829-1899), à qui l'on doit notamment le Comte Kostia (1863) et les récits psychologiques d'Édouard Rod (1857-1910). La reconnaissance internationale dont commence à bénéficier la littérature suisse de langue française donne lieu à deux grandes sommes historiques, l'une de Philippe Godet (1850-1922) l' Histoire littéraire de la Suisse française (1895), l'autre de Virgile Rossel (1858-1933), intitulée Histoire de la littérature française hors de France (1895). 2.4 XXe 2.4.1 siècle Roman La littérature romanesque de langue française se développe au XXe siècle selon deux tendances, apparemment contradictoire : en même temps qu'elle tend à s'universaliser, elle affirme ses spécificités régionales. Un mouvement régionaliste s'amorce en effet avec des auteurs comme Robert de Traz (1884-1951) ou Gonzague de Reynold (1880-1970). Mais la figure la plus marquante de ce courant est Charles Ferdinand Ramuz, qui effectue un travail intéressant sur les parlers populaires régionaux ; la Grande Peur dans la montagne (1926) et divers récits de la vie rurale vaudoise constituent l'essentiel de son oeuvre romanesque. L'influence de Ramuz, de sa thématique comme de son style, lyrique et poétique, touche toute une génération d'auteurs, parmi lesquels le romancier Edmond Gilliard (1875-1969) et le poète Gilbert Trolliet (1905-1980), mais aussi Alexandre Cingria (1879-1945), collaborateur aux Cahiers vaudois, et surtout son frère Charles-Albert Cingria. Une inspiration moins tournée vers la spécificité régionale anime en revanche les écrits de Léon Bopp (1896-1977), de Clarisse Francillon (1899-1976) ou d'Albert Cohen, diplomate et romancier qui compose des épopées tragicomiques dédiées au peuple juif (Mangeclous, 1938), et des récits monumentaux à la fois satiriques et lyriques (Belle du Seigneur, 1968) ; dans l'ensemble de ses romans, Albert Cohen s'affirme comme un écrivain de premier plan. Citons aussi Alexandre Voisard (1930- ), auteur notamment de l'Année des treize lunes (1984) et Jacques Chessex, qui reçoit le prix Goncourt pour son récit l'Ogre (1973). La littérature suisse compte plusieurs adeptes du Nouveau Roman, comme Robert Pinget, Maurice Chappaz, dont les récits célèbrent le Valais, Jean-Marc Lovay (1948- ) et Daniel Odier (1945- ). À la fois écrivains, poètes et photographes, Ella Maillart et Nicolas Bouvier, grands voyageurs, sont à part dans le monde des lettres suisses ; Nicolas Bouvier en particulier a exercé une influence majeure sur le récit de voyage, avec notamment l'Usage du monde (1963). 2.4.2 Poésie La poésie suisse de langue française se place sous le signe de la nouveauté et de la diversité, en assimilant aussi bien le courant symboliste que néoclassique. On peut citer, parmi les représentants les plus illustres de cette poésie, des poètes engagés comme Jean Cuttat (1916- ), Tristan Solier (1918- ) ou Alexandre Voisard (également romancier), auteur de Liberté à l'aube (1973), mais il faut parler aussi de Gilbert Trolliet (1907-1981) et surtout de Philippe Jaccottet, auteur d'une oeuvre originale d'inspiration cosmopolite et traducteur sensible de poètes tels que Rilke ou Novalis. 2.4.3 Théâtre Dans le domaine théâtral, on retiendra, outre les textes de René Morax (1873-1963), fondateur du théâtre de Jorat en 1903, les quelques contributions de Ramuz, mais aussi les oeuvres de Charly Clerc (1882-1958) et de Bernard Liègme (1927- ), fondateur du Théâtre populaire romand. . 2.4.4 Critique littéraire En matière de critique littéraire, la Suisse compte quelques noms particulièrement illustres avec les représentants de l'« école de Genève «. Cette école, influencée par Bergson, doit dans un premier temps sa réputation à l'ouvrage De Baudelaire au surréalisme (1933) de Marcel Raymond (1897-1981), également auteur de Paul Valéry et la tentation de l'esprit (1946), du Sens de la qualité (1948) et de Romantisme et rêverie (1975). L'oeuvre de Raymond influence les travaux de ses successeurs, Jean Starobinski (Jean-Jacques Rousseau : la transparence et l'obstacle, 1957 ; l'OEil vivant, 1961 ; l'Invention de la liberté, 1964 ; Montaigne en mouvement, 1982), Albert Béguin, auteur notamment de l'Âme romantique et le Rêve (1937), et George Poulet (Études sur le temps humain, 1950-1968 ; l'Espace proustien, 1963). Citons également les essais de Pierre-Olivier Walzer (1915- ) sur la poésie. Denis de Rougemont mène une réflexion globale sur les valeurs et la décadence du monde occidental ; il est surtout connu pour son ouvrage l'Amour et l'Occident (1939), qui dévoile l'enracinement mythique de la conception occidentale de l'amour. . 3 LITTÉRATURE SUISSE ALÉMANIQUE La littérature suisse alémanique originelle s'est épanouie au sein des institutions monastiques, avant de se manifester dans la langague « vulgaire «. 3.1 Moyen Âge La création poétique suisse alémanique s'affirme dans le cadre de la poésie courtoise européenne, grâce à des figures comme celles de Rudolf von Ems (1200-1254) et de Johannes Hadlaub (mort en 1340). 3.2 De la Renaissance au XVIIe siècle Durant cette période, la poésie de langue alémanique est très sensible à l'influence de la Renaissance italienne, diffusée par les traductions de Pétrarque et de Boccace. Les XIVe et XVe siècles sont quant à eux davantage dominés par une littérature régionale, se donnant pour fonction de rendre compte des événements de la vie quotidienne, par le biais de la chronique surtout ; cependant, l'épopée se développe aussi pendant cette période. De la même façon que dans la littérature de langue française, la Réforme influence fortement les thèmes et les formes de la littérature de langue alémanique, au point que celle-ci en a longtemps gardé les caractéristiques, à savoir une certaine dimension pédagogique, moraliste et réaliste. Le théâtre se fait lui aussi le reflet des luttes idéologiques entre protestantisme et catholicisme. C'est ce conflit qu'illustre le Pape et son clergé (1523) de Niklaus Manuel Deutsch. Parallèlement, les récits bibliques fournissent matière à de nombreuses pièces. 3.3 XVIIIe siècle La littérature alémanique, demeurée relativement pauvre au cours du XVIIe siècle, dans l'ombre de la littérature française, se développe au siècle des Lumières. On peut citer par exemple Breitinger (1701-1776), traducteur du Paradis perdu de Milton, qui défend la valeur d'une littérature placée sous le signe de l'imaginaire et du merveilleux. Dans le domaine poétique, la nouveauté vient d'Albrecht von Haller, dont l'oeuvre chante la beauté et la quiétude des paysages montagnards, et véhicule sa foi profonde ; son poème « les Alpes « (1732) est assez représentatif, à ce titre, de l'ensemble de son oeuvre. Parmi les héritiers d'Haller, on retiendra essentiellement Gessner (1730-1788), auteur des Idylles. Le déclin des influences préromantiques au profit des tendances réalistes se dessine dès la fin du 3.4 XIXe 3.4.1 et XXe XVIIIe siècle ; c'est alors que sont posées les bases d'une création romanesque dialectale et populaire, qui s'affirme pleinement au siècle suivant. siècles Roman Le récit Journées révolutionnaires de Saly (1814) de J. U. Hegner constitue un des principaux exemples du courant réaliste qui caractérise alors le roman . Teinté de conservatisme moral, le réalisme suisse de langue alémanique recouvre cependant une certaine diversité, et compte des auteurs de premier plan, comme Gottfried Keller, auteur d'un roman d'apprentissage (Voir Bildungsroman) complexe, d'inspiration autobiographique, dont il donne d'ailleurs deux versions : Henri le Vert (1854 et 1879). Affichant le souci de préserver les mentalités traditionnelles et les particularités nationales, la littérature allemande en Suisse ignore les courants européens du début du XXe siècle, comme le naturalisme et l'expressionnisme. De ce fait, elle ne trouve un nouvel essor qu'après la Première Guerre mondiale : dès lors, le roman se renouvelle pour devenir le lieu d'interrogations politiques et philosophiques inédites. Pour Paul Nizon (1929- ), par exemple, le roman est le moyen d'aborder la question de la place de l'individu dans la société moderne (Stolz, 1975). C'est dans la même perspective critique que se plaçait Fritz Zorn (pseudonyme d'un auteur décédé en 1976 et qui a voulu taire son véritable nom). Ce dernier, dans son autobiographie posthume, Mars (1977), trace un portrait au vitriol de la bourgeoisie suisse, qu'il accuse de l'avoir détruit. 3.4.2 Poésie Au contraire du roman, la création poétique demeure plus intimiste et est davantage influencée par le néoromantisme. Quant à la poésie dialectale, elle acquiert ses lettres de noblesse grâce à Kurt Marti (1921- ), entre autres. 3.4.3 Théâtre C'est dans le domaine dramaturgique que les transformations sont les plus radicales, sur le plan de l'élaboration du texte comme de la mise en scène. Parmi les auteurs de théâtre contemporains, Max Frisch, dans Don Juan ou l'Amour de la géométrie (1953) ou Andorra (1961), aborde la question du doute et de la confusion entre fantasmes et réalité. 4 LITTÉRATURE SUISSE DE LANGUE ITALIENNE 4.1 Des origines récentes On peut distinguer en Suisse d'une part une littérature de langue italienne rattachée au Tessin et, d'autre part, une littérature rattachée aux Grisons, où les Italiens constituent une minorité. Par ailleurs, on ne parle réellement de littérature suisse de langue italienne qu'à partir du début du Lombardie. C'est ainsi que l'humaniste Francesco Ciceri (1521-1596), figure dominante du 4.2 XIXe et XXe XVIe XIXe siècle, la partie méridionale de la Suisse n'étant jusqu'alors perçue que comme le prolongement -- tant géographique que culturel -- de la siècle en Suisse italienne, était à la fois citoyen italien et citoyen de la Suisse italienne sous la domination des Confédérés. siècles L'émergence de la littérature suisse d'expression italienne coïncide avec l'accession à l'autonomie (1803) des cantons des Grisons et du Tessin ; cette littérature est ainsi étroitement liée à une conscience nouvelle de l'identité culturelle de la Suisse italienne. 4.2.1 Roman La littérature suisse d'expression italienne, tessinoise plus précisément, prend un essor remarquable dès la fin du XIXe siècle ; elle est dominée par la figure et l'oeuvre monumentale de Francesco Chiesa (1871-1973), qui s'emploie à décrire sous un jour idyllique le sort de son pays, à la croisée des traditions ancestrales rurales et de l'industrialisation nouvelle. Les différents aspects de la vie locale, les coutumes, les préoccupations et les activités des habitants constituent les thèmes principaux de la littérature suisse italienne des décennies suivantes. La quête de l'identité perdue (ou menacée) se trouve d'ailleurs au centre des romans de Pio Ortelli (1910-1963), de Giovanni Bonalumi (1920- ) ou de Grytzko Mascionni (1936- ). Parmi les autres romanciers importants de cette période, on retiendra également Giuseppe Zoppi (1896-1952). 4.2.2 Poésie L'oeuvre de Sergio Maspoli met en évidence l'importance culturelle et linguistique de la poésie dialectale, celle-ci étant la seule capable, selon ses représentants, de rendre compte d'une société rurale attachée à ses racines. 4.2.3 Essais et textes critiques Les mutations administratives et sociales qui ont caractérisé les jeunes cantons au XVIIIe siècle ont donné naissance à une littérature de réflexion politique dont les textes de Stefano Franscini (1796-1857) sont assez représentatifs. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les auteurs suisses de langue italienne continuent à peindre leurs contemporains, mais d'une manière plus critique et plus pessimiste, en s'interrogeant sur les conséquences de l'industrialisation massive, sur l'émigration et sur le déracinement culturel. Ces interrogations se retrouvent dans des domaines divers, tels que la critique littéraire, l'histoire de l'art (Bianconi, 1899-1984) ou encore l'ethnographie. Francesco Chiesa joue à cette époque un rôle essentiel dans la protection des patrimoines historique et naturel de la Suisse italienne. Parmi les autres essayistes de cette période, citons encore Giovanni Andrea Scartazzini (1837-1901), qui produit des travaux importants sur la Divine Comédie de Dante. 5 LITTÉRATURE ROMANCHE Reconnu en 1938 comme langue nationale, le romanche est parlé par une minorité des Grisons. À l'image de la littérature suisse d'expression italienne, et à la différence des littératures suisses de langues française et allemande, la littérature suisse romanche apparaît relativement tard. En effet, cette littérature est encore quasi inexistante au XVIIIe siècle, écrasée par la prépondérance de la culture et de la langue françaises. Elle ne peut se développer véritablement qu'au XIXe siècle, avec des thèmes romantiques comme, par exemple, la nostalgie de la terre. Ses principaux représentants sont alors Conradin de Flugi (1787-1874), G. A. Huonder (1824-1867) et G. C. Muoth (1844-1906). Alors que les thèmes de la nature et de l'identité romanche ont continué à nourrir l'essentiel de la production littéraire au début du siècle, des auteurs comme Peider Lansel (1863-1943) et G. Fontana (1897-1935) contribuent à jeter les bases de la littérature romanche contemporaine, partagée entre traditionalisme et avant-gardisme. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. 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« La littérature romanesque de langue française se développe au XXe siècle selon deux tendances, apparemment contradictoire : en même temps qu’elle tend à s’universaliser, elle affirme ses spécificités régionales. Un mouvement régionaliste s’amorce en effet avec des auteurs comme Robert de Traz (1884-1951) ou Gonzague de Reynold (1880-1970).

Mais la figure la plus marquante de ce courant est Charles Ferdinand Ramuz, qui effectue un travail intéressant sur les parlers populaires régionaux ; la Grande Peur dans la montagne (1926) et divers récits de la vie rurale vaudoise constituent l’essentiel de son œuvre romanesque.

L’influence de Ramuz, de sa thématique comme de son style, lyrique et poétique, touche toute une génération d’auteurs, parmi lesquels le romancier Edmond Gilliard (1875-1969) et le poète Gilbert Trolliet (1905-1980), mais aussi Alexandre Cingria (1879-1945), collaborateur aux Cahiers vaudois, et surtout son frère Charles-Albert Cingria.

Une inspiration moins tournée vers la spécificité régionale anime en revanche les écrits de Léon Bopp (1896-1977), de Clarisse Francillon (1899-1976) ou d’Albert Cohen, diplomate et romancier qui compose des épopées tragicomiques dédiées au peuple juif ( Mangeclous, 1938), et des récits monumentaux à la fois satiriques et lyriques ( Belle du Seigneur, 1968) ; dans l’ensemble de ses romans, Albert Cohen s’affirme comme un écrivain de premier plan.

Citons aussi Alexandre Voisard (1930- ), auteur notamment de l’Année des treize lunes (1984) et Jacques Chessex, qui reçoit le prix Goncourt pour son récit l’Ogre (1973). La littérature suisse compte plusieurs adeptes du Nouveau Roman, comme Robert Pinget, Maurice Chappaz, dont les récits célèbrent le Valais, Jean-Marc Lovay (1948- ) et Daniel Odier (1945- ). À la fois écrivains, poètes et photographes, Ella Maillart et Nicolas Bouvier, grands voyageurs, sont à part dans le monde des lettres suisses ; Nicolas Bouvier en particulier a exercé une influence majeure sur le récit de voyage, avec notamment l’Usage du monde (1963). 2.4. 2 Poésie La poésie suisse de langue française se place sous le signe de la nouveauté et de la diversité, en assimilant aussi bien le courant symboliste que néoclassique.

On peut citer, parmi les représentants les plus illustres de cette poésie, des poètes engagés comme Jean Cuttat (1916- ), Tristan Solier (1918- ) ou Alexandre Voisard (également romancier), auteur de Liberté à l’aube (1973), mais il faut parler aussi de Gilbert Trolliet (1907-1981) et surtout de Philippe Jaccottet, auteur d’une œuvre originale d’inspiration cosmopolite et traducteur sensible de poètes tels que Rilke ou Novalis. 2.4. 3 Théâtre Dans le domaine théâtral, on retiendra, outre les textes de René Morax (1873-1963), fondateur du théâtre de Jorat en 1903, les quelques contributions de Ramuz, mais aussi les œuvres de Charly Clerc (1882-1958) et de Bernard Liègme (1927- ), fondateur du Théâtre populaire romand.

. 2.4. 4 Critique littéraire En matière de critique littéraire, la Suisse compte quelques noms particulièrement illustres avec les représentants de l’« école de Genève ».

Cette école, influencée par Bergson, doit dans un premier temps sa réputation à l’ouvrage De Baudelaire au surréalisme (1933) de Marcel Raymond (1897-1981), également auteur de Paul Valéry et la tentation de l’esprit (1946), du Sens de la qualité (1948) et de Romantisme et rêverie (1975).

L’œuvre de Raymond influence les travaux de ses successeurs, Jean Starobinski ( Jean-Jacques Rousseau : la transparence et l’obstacle, 1957 ; l’Œil vivant, 1961 ; l’Invention de la liberté, 1964 ; Montaigne en mouvement, 1982), Albert Béguin, auteur notamment de l’Âme romantique et le Rêve (1937), et George Poulet ( Études sur le temps humain, 1950-1968 ; l’Espace proustien, 1963).

Citons également les essais de Pierre-Olivier Walzer (1915- ) sur la poésie. Denis de Rougemont mène une réflexion globale sur les valeurs et la décadence du monde occidental ; il est surtout connu pour son ouvrage l’Amour et l’Occident (1939), qui dévoile l’enracinement mythique de la conception occidentale de l’amour.

. 3 LITTÉRATURE SUISSE ALÉMANIQUE La littérature suisse alémanique originelle s’est épanouie au sein des institutions monastiques, avant de se manifester dans la langague « vulgaire ». 3. 1 Moyen Âge La création poétique suisse alémanique s’affirme dans le cadre de la poésie courtoise européenne, grâce à des figures comme celles de Rudolf von Ems (1200-1254) et de Johannes Hadlaub (mort en 1340). 3. 2 De la Renaissance au XVII e siècle Durant cette période, la poésie de langue alémanique est très sensible à l’influence de la Renaissance italienne, diffusée par les traductions de Pétrarque et de Boccace. Les XIVe et XVe siècles sont quant à eux davantage dominés par une littérature régionale, se donnant pour fonction de rendre compte des événements de la vie quotidienne, par le biais de la chronique surtout ; cependant, l’épopée se développe aussi pendant cette période. De la même façon que dans la littérature de langue française, la Réforme influence fortement les thèmes et les formes de la littérature de langue alémanique, au point que celle-ci en a longtemps gardé les caractéristiques, à savoir une certaine dimension pédagogique, moraliste et réaliste. Le théâtre se fait lui aussi le reflet des luttes idéologiques entre protestantisme et catholicisme.

C’est ce conflit qu’illustre le Pape et son clergé (1523) de Niklaus Manuel Deutsch.

Parallèlement, les récits bibliques fournissent matière à de nombreuses pièces.. »

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