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THÉRÈSE DESQUEYROUX de FRANÇOIS MAURIAC

Publié le 03/06/2011

Extrait du document

Thérèse, mal mariée, opprimée par la Famille «, étouffant dans l'ennui provincial, a tenté d'empoisonner son mari, Bernard Desqueyroux. Celui-ci, qui veut avant tout éviter le scandale (il y a aussi l'honneur et des intérêts de leur fille), dépose de telle sorte que Thérèse bénéficie d'un non-lieu. Séquestrée alors dans une chambre, elle tombe dans une prostration si totale que son mari, effrayé, hanté par l'idée de l'esclandre, s'inquiète. Devra-t-il se soumettre et lui rendre sa liberté ?

« les demeures landaises de son enfance, oppressées par les orages d'été, et en marche vers quelque chose, un exilhors d'elles-mêmes, Dieu. 1922, Le Baiser au Lépreux.1935, La Fin de la Nuit.

1923, Génitrix.1936, Les Anges noirs.

1925, Le Désert de l'Amour.1941, La Pharisienne.1927, Thérèse Desqueyroux.1951.

Le Sagouin.1932, Le Nœud de Vipères.1956, L'Agneau.1933, Le Mystère Frontenac Au cours du voyage qui la ramène chez elle, à Argelouse, dans la forêt landaise, Thérèse, qui vient d'être jugée pouravoir tenté d'empoisonner son mari, effectue une lente remontée en elle-même : elle cherche moins les raisons del'acte qu'elle a commis que la justification de sa vie propre.

Tandis que son père ne s'inquiète que des répercussionsdu procès de sa fille sur sa propre carrière, tandis que son mari, Bernard, qui appartient «à la race aveugle, à la raceimplacable des simples » (p.

38), et sa tante Clara, ferment les yeux à condition que les apparences soient sauves,Thérèse se sent de plus en plus étrangère : « Être sans famille2 ! Ne laisser qu'à son cœur le soin de choisir lessiens - non selon le sang, mais selon l'esprit, et selon la chair aussi...

» (p.

150).

Comment a-t-elle été conduite àaugmenter les doses d'arsenic prescrites par le médecin à son mari ? Même quand elle tentera, à la fin du roman, del'expliquer à Bernard, il ricanera, sceptique : c'est ainsi qu'on lui a toujours refusé le droit à sa vérité.Sans doute a-t-elle envié à son amie d'enfance, Anne de la Trave, l'amour d'un être d'exception, Jean Azevedo.

Etque dire de ces étés du Sud-Ouest, au cours desquels elle éprouvait une aspiration vers la pureté, et auxquelssuccédait la sourde oppression de la maison landaise où régnait un époux trop bon, trop médiocre, trop égoïste ? Etla voici en face de lui; au non-lieu de la justice, il répond par le verdict de la société : Thérèse sera recluse dans sachambre.

C'est au cours de cette séquestration qu'elle effectue le dernier cheminement en elle-même : « Comme sice n'eût pas été assez des pins innombrables, la pluie ininterrompue multipliait autour de la sombre maison sesmillions de barreaux mouvants » (p.

104).

A l'étouffement d'une vie confortable, mais hypocrite, elle préférera larévolte et l'évasion : vagabonde dans les rues de Paris, elle est enfin sortie des autres et d'elle-même. • La technique du roman : elle est tout à fait remarquable.

Ce n'est qu'au chapitre IX (p.

119) que Thérèse rejointson destin.

Au cours des étapes du voyage, elle s'évade à rebours dans une sorte d'introspection freudienne.Mauriac ménage l'intérêt policier en retardant le moment de la révélation. • Symbole conflictuel du Bien et du Mal : le personnage de Thérèse Desqueyroux a obsédé Mauriac au point qu'ellereparaîtra dans plusieurs ouvrages, notamment dans la Fin de la nuit où elle se sacrifie pour sa fille Marie et serachète.

Thérèse est aussi une femme qui s'émancipe.

Peut-être, comme Emma Bovary, a-t-elle été tropromanesque ? Cinéma : Georges Franju, Thérèse Desqueyroux (1962). LE CONTEXTELe sujet de ce roman a été inspiré à Mauriac par le procès d'une « dame empoisonneuse » qu'il avait aperçueadolescent, dans « une salle étouffante d'assises, livrée aux avocats moins féroces que les dames empanachées del'assistance ».

Thérèse, son héroïne, reviendra dans plusieurs récits : elle hante Mauriac, qui voit en elle l'« imageembrouillée de [ses] complications ».

L'oeuvre témoigne de l'intérêt de son auteur pour ces « monstres »domestiques qui sont en quête d'eux-mêmes et, en définitive, de Dieu. LE TEXTEL'héroïne éponyme se remémore son passé : jeune bourgeoise, intelligente et réfléchie, orpheline de mère, elle a étéélevée par un père radical et anticlérical.

Elle a épousé Bernard Desqueyroux, fils et héritier de riches propriétaireslandais ; mais très vite choquée par la médiocrité, la lourdeur et le conformisme de son mari, elle a projeté del'empoisonner.

Pour avoir falsifié des ordonnances et forcé les doses d'une potion qu'il prenait pour des troublescardiaques, Thérèse est passée en justice, mais a obtenu un non-lieu grâce au témoignage favorable de son mari,désireux d'éviter le scandale.

Thérèse, en retour, a dû accepter une longue période de relégation à Argelouse,hameau perdu dans l'immense forêt des Landes.

Bernard, effrayé par l'état de prostration où elle sombre, la conduiraà Paris, lui imposant ainsi une séparation définitive. LES THÈMES MAJEURS• L'insatisfactionThérèse est, face à son mari, dans une perpétuelle situation de frustration intellectuelle.

Sur ce point, elleressemble à Emma Bovary, à cette différence près que l'insatisfaction inspire à Thérèse des desseins criminel etqu'en aucun cas l'adultère n'apparaît comme solution, même provisoire, au problème.

Sa quête, qui la voue à une «aventure intérieure », n'a ni objet défini, ni fin : les derniers mots du texte ne sont-ils pas : elle « marcha au hasard» ?• La contestation familiale. »

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