Devoir de Philosophie

« Tout vrai progrès est intérieur » : quelles réflexions vous suggère cette affirmation de Jean Guéhenno ?

Publié le 20/02/2011

Extrait du document

• Le XVIe puis le XVIIIe siècle ont cru dans le progrès i.e. suppression de tout ce qui ne va pas et mise au point de ce qui permet une avance, un pas en avant de l'humanité. • Et il est sûr que progrès de tous types de techniques, en tous domaines ne peuvent qu'être constatés, souvent même des plus exceptionnels. • L'affirmation de J. Guéhenno : « Tout vrai progrès est intérieur « est-elle méconnaissance de ces étonnants progrès scientifiques, techniques, sociaux ? • Comment faut-il, sinon, comprendre les qualificatifs « vrai « et « progrès intérieur « ? donc quel poids donner à son affirmation ?

« d'une couche profonde entassée à travers les générations et dont nous héritons toujours en plus ou moins petitequantité.

Cf.

Bayle et ses exposés sur traditions, préjugés, principes d'autorité in : Pensées sur la Comète.• II faut apporter devant le monde un regard neuf, indépendant, personnel, pour voir par soi-même et non par leregard donc les pensées, l'interprétation d'autrui.

Si nous réfléchissons au conditionnement actuel par mass-media,ou à notre esclavage face à l'objet, l'argent, le confort, les vacances..., nous sommes loin du compte et aurionsplutôt régressé.

Voir Montaigne qui réclame que nous fassions chaque pensée nôtre et ne la regardions pas commevalable sans notre expérience propre (« De l'institution des enfants »).• Il faut cultiver lucidité, esprit critique, honnêteté intellectuelle, qui permettent de remettre en question le mondeet soi-même, de prendre conscience de certaines absurdités.

Cf Diderot, Camus, Ionesco.• Tenter donc d'éviter prévention ou paresse d'esprit, mais aussi impatience mal comprise, par conséquent essayerd'obtenir un jugement droit et sûr.

Cf.

Montaigne :« C'est témoignage de crudité et indigestion que de regorger la viande comme on l'a avalée« Il n'y a que les fols certains et résolus.

»• Tous les grands humanistes chantèrent à juste titre le progrès, car se contenter de ce qui n'est pas en bonnevoie, de ce qui ne va pas est loin d'être une méthode à primer.

Reproches à faire aux classiques que leur résignationdevant erreurs humaines :« J'observe, comme vous, cent choses tous les jours Qui pourraient mieux aller, prenant un autre cours ; [...]Je prends tout doucement les hommes comme ils sont,J'accoutume mon âme à souffrir ce qu'ils font »..., admet Philinte, « l'honnête homme » du Misanthrope de Molière :morale sans élan.• Or enthousiasme, générosité sont qualités à faire progresser en homme, du fait qu'ils sont eux-mêmes moteurs deprogrès : croire au progrès, agir parce qu'on y croit, en y croyant, voilà qui est déjà progrès.• Mais tous humanistes des XVIe et XVIIIe siècles précisent aussi que les progrès doivent également être moraux.• « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme.

» Rabelais.• Sans croire de façon absolue et assez utopique comme certains d'entre eux — tel Rabelais — en la bonté de lanature humaine...,• ...

Mais en dosant avec bon sens les parts du bon et de mauvais en elle,...

:• ...

développer sens de la liberté, de la recherche de la vérité (cf.

encore Montaigne, même chapitre, du librearbitre et spécialement le courage moral.

(Cf.

Saint-Exupéry : Courrier sud), ainsi que sens de l'effort, spécialementexigence morale.

Cf.

Corneille : « se faire un effort ».• Donc « se connaître de bon biais » (Montaigne).• Mais aussi développer sens de fraternité, de responsabilité, donc altruisme.

Nous sentir solidaires des faiblesses,fautes, malheurs et même horreurs.

Cf.

engagement sartrien.• Bref art de vivre, avec clarté de jugement et sagesse doublée de courage moral, non seulement en tentant de lesmettre en oeuvre avec humilité, en sachant mesurer nos limites, et d'appliquer le précepte socratique : « Connais-toi toi-même »,...• ...

mais aussi connaissance de tout ce qui est homme.• Rien de ce qui est humain ne m'est étranger » (Térence).

Là encore suivre Socrate à qui, lorsqu'on lui demandaitd'où il était ne répondit pas « d'Athènes » mais « du monde ». Conclusion. • «Il est plus facile [à l'homme] de prendre à Jupiter son feu que sa sagesse » (P.-H.

Simon).• Il ajoute : « Prométhée dans sa haute victoire n'est pas délivré de son vautour.

»• Tous les progrès scientifiques ou matériels que l'on voudra ne seront donc rien s'ils ne sont pas doublés et mêmeprécédés du « progrès intérieur » qui est le seul « vrai ».• Car s'il n'est pas, les autres progrès tournent mal, abîmés par l'orgueil, la volonté de la puissance, ou utilisés pourla destruction par sectarismes, fanatismes, tyrannie.• C'est alors encore pire que s'il n'y avait pas eu de progrès scientifiques, car ceux-ci servant au mal multiplient lesmoyens de le dispenser (armes nucléaires).• Cependant en évitant utopies et confiances trop assurées, il faut aussi se garder des défiances stériles.• Ni pessimiste sans espoir, ni optimiste sans discernement, l'homme de la fin du XXe siècle doit savoir qu'il refaitsans cesse sa destinée.

Après qu'elle a été bouleversée, elle se trouve rajeunie.• Mais pour ce résultat, il faut le « supplément d'âme » que réclamait H.

Bergson.• Car si le génie humain est à reconnaître sans conteste, le savoir n'est rien s'il n'est pas accompagné du sensgénéreux des responsabilités étendu sur soi-même, sur ses contemporains, sur toute l'humanité.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles