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Les trois cents ans de Saint-Simon

Publié le 14/12/2011

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saint simon

 

L'auteur des Mémoires est né le 16 janvier

1675, voilà trois siècles. L'occasion était bonne

d'aUer le retrouver dans le souvenir. C'est ce

que José Cabanis, qui s'est mis à l'histoire,

après avoir délaissé le roman, a fait. Cette

histoire-là touche aux lettoes, car Saint-Simon,

qui devenait imbécile, au dire de Montherla:nt,

quand il se mettait à parler du Saint-Esprit, a

su, au moins bien parler (en mal) de Versailles,

du roi et de la cour. C'est sa gloire. Gloire singulière

pui~que le chroniqueur a fait école et

que les pamphlétaires d'aujourd'hui s'essaient

à l'imiter.

saint simon

« Claudel à la découverte d'Isaïe Vingt ans après sa mort, Claudel nous re­ vient avec un volume intitulé Commentaires et Exégèses qui p·araît chez Gallimard.

On con­ naît le goût de l'écrivai·n pour la Bible et ses auteurs à qui il doit tant, comme aux auteurs nippons· (sans toujours l'avouer ! ).

L'ex;égèse de Claudel est peut-être un peu prétentieuse et, si on prend le mot dans son sens scienti­ fique, devient discutable avec lui.

Mais l'étude est ici celle d'un poète qui lit les vieux poètes bibliques, s'y repaît et y découvre ce qu'il cher­ che.

Il le dit à son tour, et le dit bien.

Voici une page admirable sur Isaïe où l'homme se retrouve tout entier : « Isaïe, c'est· la grande haleine de Dieu, jusque-là qui ne s'est es­ sayée que ·par bouffées, qui se donne carrière d'un bout à l'autre de ces soixante-dix chapi­ tres.

Non poin't les fureurs convulsives de l'in­ dignation et ce que j'appellerais les a'ccès de V'érité, l'Ange dans les pétarades de la foudre qui se rue sur le démon avec une arme cassée; mais, longuement· mûrie et préparée, la grande haleine de Dieu, l'abîme qui dit ah ! Elle ar­ rive, elle arrive ! elle a balayé la mer, elle a précipité contre le dur corset de Gala des chan­ delles de cinquante mètres, et maintenant, va superbo, dit Dante, la voici qui s'engouffre dans la forêt, une forêt contemporaine du paradis qui s'étend du tropique au pôJe...

» Il faut tout de même écrire cela ! Et l'homme qui l'u fait s'appelle Claudel.

C'est pourquoi, même si on ne trouve aucun intérêt à son exégèse bibHque, on ne peut pas ne pas s'arrêter de l'entendre parler des prophètes.

Il en parle en connaisseur, c'est-à-dire en poète.

Le poète, étymologiquement, c'est le fa­ bricant, mais c'est aussi, selon nous, le voyant.

Grand lecteur et surtout grand voyageur, Claudel a des mots magnifiques pour parler de la Bible.

Sa culture est infinie et i.I peut établir des comparaisons éclairantes entre le t.exte sacré et les écrits d'autres hommes, d'autres peuples.

Il faut aimer Claudel, et si on l'aime, quel plai­ sir ! Aragon inconnu Pierre Daix publie au Seuil un ouvrage in­ titulé Aragon, une vie à changer.

Le poète d'Elsa nous y apparaît sous un jour, qu'il a dé­ jà laissé entrevoir, d'homme meurtri par son enfance, oublié par la vie.

C'est une biographie qui arrive à l'heure où l'écrivain approche de ses quatre-vingts ans.

Le genre, aujourd'hui, n'est plus à la biographie; on préfèr.e chercher dans les structures du langage la vérité de l'homme.

C'est la mode.

Mais voilà une biogra­ phie qui donne au moins une image vraie d'un homme.

Né à Paris en 1897, il s'appelle Aragon par hasard, par accident, parce qu'on en a dé­ cidé ainsi, pour cacher la réalité de sa naissance.

Sa mère n'est pas mariée, elle travaille de ses mains ·pour élever ses deux sœurs, son frère, sa mère « qui considérait tout labeur comme une honte pour une femme, en tout cas une dérogation à sa situation mondaine ».

On est dans les beaux quartiers.

Ue père veille de lol·n à la vie matérieLle de sa maîtresse.

C'.est lui qui choisit pour son fils son nom d'Aragon.

Il n'y a, dans l'enfance d'Aragon, ni mère ni père.

A peine né, le futur écrivain est envoyé en Bretagne, pour y être caché.

On n'a pas d'enfant sans mari ! « J'étais un poids pour ma famille parce que je n'étais pas un enfant légal et que même je n'étais pas supposé être l'en­ fant de la famille qui était la mienne et où j'ai été élevé.

Ma mère passait pour ma sœur ...

» On alla plus loin : « J'étais comme l'enfant d'amis défunts adopté par la fa­ mille...

» Pierre Daix note, à .propos de cette enfance bloquée : « Imaginez-le dans l'âge des pou11quoi dans tout ce broui.Uage.

Et essayez de mesurer le trop-plein ·de mystères.

De mesurer son angoisse.

Cela n'a certes pas suffi à donner à Aragon ce sens du langage, ce besoin de la poésie.

du roman.

Mais reconnaissons que l'ai­ guillage de départ a dû fort y contribuer.

Louis Aragon a grandi aux pris.es avec un roman de son enfance (à deviner, à arracher aux brouil­ lages, à construire), qui en fait était sa vie réelle, et avec, en guise de vraie vie, selon ce que lui répétaient les siens, un mauvais roman qui ne pouvait pas longtemps (qui n·'ëtait d'ailleurs pas fait pour) le tromper ».

Boris Via:n, quatre fois millionnaire Les œuvres de Boris Vian battent tous les records.

Depuis 19.60, plus de quatre millions d'exemplaires de ses livres ont été vendus.

C'.est un phénomène probablement unique dans la littérature française où on compte les suc­ cès commerciaux sur les doigts d'une main.

Mais peut-on compa.rer Vian à PapiLlon ? Mi­ chel Fauré, professeur à Agen s'est posé la question dans un livre qu'il publie dans la collection 10-18 : Les vies posthumes de Boris Vian.

Que représente Vian pour la masse de ses lecteurs ? Un témoin de la rage de vivre ? Ils sont 46 %.

Un contestataire d'avant-garde ? Ils sont 42 %.

En fait, sembl.c-t-il, à la lec­ ture de cette étu,de un peu compliquée, Vian a catalysé sur sa personne toute la jeunesse de 68, celle de droite comme celle de gauche; il a été le prophète de la révolution pour les uns et l'image du jeune homme rangé pour les au­ tres.

On n'en finit plus.

C'est peut-être la riches­ se d'un écrivain que de satisfaire ainsi tout le monde puisque toute lecture est ,personnelle et qu'on découvre ce qu'on y cherche dans tout écrivain.

Ce qui est certain, c'est que Vian avec ce que Ies uns appellent une entreprise de « textualité infantHe », les autres une « volonté de raconter d.es histoires » sans cho­ quer a su réunir, après sa mort, des quantités de lecteurs.

L'écume des jours a été éditée à plus d'un miUion d'exemplaires, l'Arrache cœur à quatre cent mille ! Cela laisse rêveur.

On n'at­ teint pas de tels tirages sans raisons.

Or Vian ne donne ni dans le commereialisme le plus bas, ni dans l'érotisme le plus facile.

H s'agit vrai­ ment d'un « cas » et ce cas n'a pas encore été éclairci.. »

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