Voltaire a dit de Boileau qu'il était « le correct auteur de quelques bons écrits ). Ce jugement vous paraît-il justifié ?

vous pouvez fort bien vous servir de jugements trouvés dans vos manuels, soit sur les qualités de Boileau, soit sur ses défauts; mais n'empruntez pas trop longuement à M. Lanson, par exemple, le jugement où il met en lumière les qualités de poète réaliste chez Boileau. Il est très vrai que Boileau n'est pas seulement un critique; il est encore le peintre des Embarras de Paris, du Repas ridicule, d'une partie de la satire sur les Femmes, etc.; et on a trop longtemps oublié ce qu'il y a de vivant et de pittoresque dans ces tableaux. Mais ce développement passe à côté du vrai problème : l'essentiel de l'oeuvre de Boileau, pour Voltaire comme pour nous, c'est son oeuvre de critique. Est-il vrai, comme le suggère Voltaire, qu'elle soit seulement correcte et bonne, c'est-à-dire, en somme, de second ordre ? Evidemment la sensibilité et l'imagination de Boileau sont médiocres. Il n'est pas non plus un penseur créant et ordonnant une doctrine neuve et vigoureuse. Mais il a eu une sorte de génie- du goût dans le discernement des bons et des mauvais auteurs, et l'esprit, la verve qui ont donné la vie aux jugements de son goût, etc. En un mot, quand vous avez à traiter un sujet, il faut vous mettre en face de ce sujet, chercher à le comprendre et à le discuter par vous-même; il faut attendre que cette réflexion attire à elle vos souvenirs de manuel. Trop d'élèves placés, par exemple, en face de ces sujets sur le Misanthrope ou sur Boileau commencent par rassembler dans leur mémoire tout ce qu'ils ont appris sur la pièce ou sur le poète pour tâcher d'y trouver ce qui peut convenir au sujet. Le résultat est que, à défaut de souvenirs qui s'y adaptent exactement et en assez grand nombre, ils se rabattent sur ceux qui n'ont qu'un rapport lointain ou même qui n'ont aucun rapport.