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Les Totalitarismes

Publié le 13/10/2013

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Les Totalitarismes Plan Académique de Formation. Académie de Bourgogne. 18 et 19 novembre 2004. Christophe Capuano, Allocataire-moniteur de l'Université de Bourgogne (IHC, UMR-CNRS 5605), professeur d'histoire-géographie Le régime de Vichy : un fascisme à la française ? Dans les programmes de Première , le régime de Vichy a une place réduite et il s'inscrit dans l'étude de la France pendant la Seconde Guerre Mondiale. Dans les accompagnements au programme, il est présenté comme un « régime, négation des principes républicains, attaché aux apparences de sa souveraineté mais pris dans l'engrenage de la collaboration d'Etat et des surenchères collaborationnistes, [qui] se met volontairement au service des exactions de l'occupant «. Dans une proposition de mise en ?uvre, Jocelyne Mériaux de l'Académie de Versailles (lycée les Pierres-vives, Carrières-sur-Seine) propose de traiter le régime sous le titre : « l'Etat Français, un fascisme à la française ? « Mais est-il pertinent d'étudier Vichy par le biais du fascisme ? Nous allons répondre à cette question par l'historiographie et se demander : - A quel moment et comment la question de la nature du régime s'est-elle posée dans l'historiographie ? - Comment la question du fascisme vichyssois a-t-elle été abordée par les historiens ? Nous verrons que les positions tenues par les historiens résultent de leurs définitions du régime de Vichy et du fascisme. Pour mettre en lumière les grands moments historiographiques j'ai utilisé notamment les réflexions de 4 auteurs sur ce sujet : Jean-Pierre Azéma : « chapitre I : Vichy et la mémoire savante, 45 ans d'historiographie « dans l'ouvrage collectif Vichy et les Français, 1992. « Vichy et les historiens «, revue Esprit n°5, 1992. « Le régime de Vichy « in La France des Années noires sous la direction de Jean-Pierre Azéma et François Bédarida, 1. De la Défaite à Vichy, éditions du Seuil, 1993, 2000 « La révolution paxtonienne « in L'ouvrage collectif La France sous Vichy, autour de Robert Paxton, éditions Complexe, 2004. Henry Rousso : Le syndrome de Vichy de 1944 à nos jours, 1987, 1990. Article « Qu'est ce que la Révolution nationale ? publié dans la revue Histoire n°129, janvier 1990. Vichy, l'événement, la mémoire, l'histoire, folio histoire, 2001. « L'historien lieu de Mémoire. Hommage à Robert Paxton « in L'ouvrage collectif La France sous Vichy, autour de Robert Paxton, éditions Complexe, 2004 et article que l'on retrouve dans Vichy, l'événement, la mémoire, l'histoire, folio histoire, 2001. Denis Peschanski : Introduction de son ouvrage Vichy 1940-1944. Contrôle et exclusion. ( éditions Complexe 1997). « Vichy un et pluriel « in La France sous Vichy, autour de Robert Paxton, éditions Complexe, 2004. Robert Paxton : sur le régime de Vichy : notices bibliographiques de l'édition de 1997 de son ouvrage phare La France de Vichy. Et sur la question du Fascisme vichyssois : notices bibliographiques de Fascisme en action ( éditions Seuil, XX ème siècle, 2004). Il y a trois temps historiographiques : I 1945 à la fin des années 60 : Le bon et le mauvais Vichy. La question du changement de nature du régime . II Le tournant des années 70 : La révolution paxtonienne : La spécificité du régime de Vichy mise en lumière. III Des années 70 à nos jours : L'après Paxton : La question du fascisme vichyssois. I 1945-fin des années 60 : Le bon et le mauvais Vichy. Un changement de nature du régime ? A.Une historiographie sous influence juridique Dans l'immédiat après-guerre , on s'intéresse peu au régime proprement dit. L'intérêt se porte davantage sur les circonstances dans lesquelles l'armistice a été signé, la IIIème République sabordée ainsi qu'aux différents aspects de la collaboration. C'est le thème de la trahison qui se trouve au centre des préoccupations. Henry Rousso1 parle d'une historiographie sous influence juridique. En effet, les historiens ont utilisé surtout des sources judiciaires comme les procès de la Haute Cour de justice qui a jugé les principaux responsables du régime de Vichy. Or la démarche d'une cour de justice, centrée sur la question de la culpabilité, et celle de l'historien ne sont pas identiques. Et la première grande étude d'ensemble publiée sur Vichy, celle de Robert Aron en 1954, se trouve sous cette influence. Or comment faire ?uvre d'histoire en se fondant uniquement sur le travail de documentation réalisée par la justice ?. B.Le bon et le mauvais Vichy Deux auteurs marquent l'historiographie de cette période : Robert Aron2 et André Siegfried3. Ils défendent le « bon Vichy « celui qui a fonctionné jusqu'au retour de Pierre Laval. Siegfried s'intéresse au fonctionnement interne du régime de Vichy : pour lui, il y a deux Vichy totalement différents : un Vichy de Pétain et un Vichy de Laval . Cette analyse aboutit à considérer le premier comme bon et le second mauvais. Il y aurait donc un changement de nature du régime entre le premier et le deuxième Vichy. Robert Aron, quant à lui, entend étudier le régime de Vichy et les relations franco- allemandes. Deux thèses sont sous-jacentes. La première suppose que Vichy aurait bien fonctionné comme un « bouclier « face à l'Allemagne. Pétain aurait esquivé ainsi une collaboration recherchée par Hitler. La seconde plus implicite oppose au Vichy de Laval un bon Vichy, celui de Pétain, occultant la politique d'exclusion et de répression. C.Le problème de la spécificité du régime Pour les législateurs de la Libération, les programmes de Vichy seraient des doctrines «...

« Robert Paxton : - sur le régime de Vichy : notices bibliographiques de l’édition de 1997 de son ouvrage phare La France de Vichy .

- Et sur la question du Fascisme vichyssois : notices bibliographiques de Fascisme en action ( éditions Seuil, XX ème siècle, 2004). Il y a trois temps historiographiques : I 1945 à la fin des années 60 : Le bon et le mauvais Vichy.

La question du changement de nature du régime . II Le tournant des années 70 : La révolution paxtonienne : La spécificité du régime de Vichy mise en lumière. III Des années 70 à nos jours : L’après Paxton : La question du fascisme vichyssois. I 1945-fin des années 60 : Le bon et le mauvais Vichy.

Un changement de nature du régime ? A.

Une historiographie sous influence juridique Dans l’immédiat après-guerre , on s’intéresse peu au régime proprement dit.

L’intérêt se porte davantage sur les circonstances dans lesquelles l’armistice a été signé, la III ème République sabordée ainsi qu’aux différents aspects de la collaboration.

C’est le thème de la trahison qui se trouve au centre des préoccupations.

Henry Rousso 1 parle d’une historiographie sous influence juridique.

En effet, les historiens ont utilisé surtout des sources judiciaires comme les procès de la Haute Cour de justice qui a jugé les principaux responsables du régime de Vichy.

Or la démarche d’une cour de justice, centrée sur la question de la culpabilité, et celle de l’historien ne sont pas identiques.

Et la première grande étude d’ensemble publiée sur Vichy, celle de Robert Aron en 1954, se trouve sous cette influence.

Or comment faire œuvre d’histoire en se fondant uniquement sur le travail de documentation réalisée par la justice ?. B.

Le bon et le mauvais Vichy Deux auteurs marquent l’historiographie de cette période : Robert Aron 2 et André Siegfried 3 .

Ils défendent le « bon Vichy » celui qui a fonctionné jusqu’au retour de Pierre Laval. Siegfried s’intéresse au fonctionnement interne du régime de Vichy : pour lui, il y a deux Vichy totalement différents : un Vichy de Pétain et un Vichy de Laval .

Cette analyse aboutit à considérer le premier comme bon et le second mauvais.

Il y aurait donc un changement de nature du régime entre le premier et le deuxième Vichy. Robert Aron , quant à lui, entend étudier le régime de Vichy et les relations franco- allemandes.

Deux thèses sont sous-jacentes.

La première suppose que Vichy aurait bien fonctionné comme un « bouclier » face à l’Allemagne.

Pétain aurait esquivé ainsi une collaboration recherchée par Hitler.

La seconde plus implicite oppose au Vichy de Laval un bon Vichy, celui de Pétain, occultant la politique d’exclusion et de répression. C.

Le problème de la spécificité du régime 1 « Juger le passé » in Vichy, l’événement, la mémoire, l’histoire , folio Histoire 2001. 2 Avec l’Histoire de Vichy 1940-1944 , publié en 1954. 3 Avec De la III ème à IV ème République , publié en 1956.. »

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