APPROPRIATION (Appropriation)

APPROPRIATION (Appropriation)

Action de s'attribuer quelque chose ou quelque détermination comme sa propriété (voir Aliénation, paragraphe : « Chez Hegel «). Outre cette acception générale, la notion est souvent employée pour définir le travail et l'activité économique, en particulier dans la tradition marxiste.. Le travail est en effet

21. Voir Mikel Dufrenne : la Notion d'a priori (P.U.F., Paris, 1958).

conçu comme le mode primitif de l'appropriation. Dans la Critique de l'économie politique, Marx• souligne que c'est pour autant que du travail s'incarne dans de multiples produits, créant ainsi la valeur économique, qu'un marché est possible, c'est-à-dire que la circulation des marchandisès peut s'effectuer. Contrai¬rement à ce qu'on pense naïvement, le marché n'est que le lieu d'une appropriation seconde, que suppose une appropriation pre¬mière ou primitive, dans le langage de Marx. C'est le travail (voir l'article : le Marxisme) qui est le lieu de l'appropriation et non le marché ; ou plutôt le marché n'est que le lieu d'une appropriation différée.

Il se trouve, de plus, que dans l'économie capitaliste cette appropriation primitive est dissimulée : « La propriété privée est la condition préalable de la circulation, mais le procès de l'appro-priation ne se montre pas, n'apparaît pas (voir l'article : le Marxisme). « Dès lors, à la faveur de cette dissimulation de l'appropriation, le capitaliste va s'emparer d'une façon illégitime d'une fraction du produit du travail qu'il accumule sous forme de moyens de production (machines, bâtiments d'usine, réserves finan¬cières...). Le Capital dénonce l'expropriation « primitive «, pour¬rait-on dire, dont est victime le prolétariat en tant que force productive. En creux, apparaît donc la mission du prolétariat : la réappropriation de ce dont, en tant que classe, il a été dépossédé. La révolution sociale, selon Marx, n'a pas d'autre but que l'appropriation collective des moyens de production.