Devoir de Philosophie

Le XVIII e siècle est incontestablement le siècle de l'exercice

Publié le 05/11/2013

Extrait du document

Le XVIII e siècle est incontestablement le siècle de l'exercice intrépide, sinon intransigeant, de la raison, qui lui sert à critiquer la religion, à dénoncer l'intolérance, à mettre en cause les pouvoirs les mieux assis sur la tradition au nom du principe contractuel, à promouvoir les sciences et les techniques, promesses de progrès, à affirmer que la vertu ne saurait aller sans le bonheur, à assurer qu'il n'est pas de raison sans liberté. En un mot, la philosophie des Lumières dessine les contours de notre modernité. Le 11 juillet 1791, les restes de Voltaire furent transférés au Panthéon. Le 11 octobre 1794, les cendres de Rousseau connurent le même sort. Indépendamment des circonstances dans lesquelles elles eurent lieu, ces deux cérémonies furent hautement symboliques : elles unirent dans un même hommage Voltaire et Rousseau, eux qui n'avaient pourtant pas manqué de s'affronter et de se quereller de leur vivant, et, par cette réconciliation, inscrivaient la Révolution dans la continuité du siècle des Lumières, garantissant ainsi la légitimité de cette dernière. Elles produisirent un double effet, qui continue d'influencer largement la façon que nous avons de nous représenter le XVIIIe siècle, en affirmant d'une part l'unité du siècle des Lumières et, d'autre part, en lui assurant le statut de précurseur de la Révolution. Tout n'est pas faux dans ce tableau, mais il est cependant nécessaire de le retoucher, car sa création dépend, pour partie, du phénomène de l'illusion rétrospective. Pour se déprendre de cette illusion, quelques remarques s'imposent : - la chronologie ne doit pas prendre le pas sur la logique : Pierre Bayle (1647-1706), dans son Dictionnaire historique et critique ( 1695-1697), annonçait l'Encyclopédie, tandis que, dans ses Entretiens sur la pluralité des mondes (1686), Fontenelle proposait une synthèse des acquis scientifiques et professait sa foi dans le progrès ; - la culture des Lumières ne résume pas toute la culture du XVIIIe siècle ; - cette culture n'est pas le seul fait des grands auteurs, habituellement cités ; - entre les grandes figures des Lumières des liens forts existent, des thèmes identiques circulent, mais il convient de ne pas oublier qu'il s'agit de créateurs, qui produisent des oeuvres singulières, valant par elles-mêmes. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Bayle Pierre Fontenelle (Bernard Le Bovier de) Les livres Lumières (philosophie des) - Fontenelle méditant sur la pluralité des mondes, page 2936, volume 6 Rationalisme contre rationalisme Tout le monde s'accorde pour reconnaître dans l'oeuvre de Descartes (première moitié du XVIIe siècle) l'expression du rationalisme ; de même, le siècle des Lumières, et surtout la philosophie française, en appelait à l'exercice vigilant d'une raison impitoyable à l'endroit de toutes les superstitions. Pourtant, la philosophie des Lumières se déclarait volontiers anticartésienne. Dans le Discours préliminaire de l'Encyclopédie, d'Alembert reconnaissait certes à Descartes le mérite d'avoir osé secouer « le joug de la scolastique, de l'opinion, de l'autorité, en un mot des préjugés et de la barbarie », mais il lui reprochait d'être resté prisonnier de l'esprit de système. Parce que la méthode cartésienne est déductive (développement des conséquences à partir de principes-essences, saisis intuitivement par l'entendement), elle ne saurait être respectueuse des faits. Or c'était là la revendication initiale du rationalisme des Lumières, formé à l'école de Newton et de Locke. Le Newton du « hypotheses, non fingo » (« Je ne feins pas d'hypothèses », selon la lecture qu'en fait Alexandre Koyré) apparut comme le promoteur d'un expérimentalisme qui conduisit entre autres Buffon, Diderot et Voltaire à considérer avec méfiance toute abstraction prétendant soumettre le réel à ses exigences. Locke, qui démonte l'innéisme et rapporte toute idée à une expérience sensible, leur enseignait également que la réalité n'est saisissable que par l'observation. Sous le coup de cette double inspiration, le rationalisme du XVIII e siècle s'articula sur un « factualisme » qui imposait de partir des faits, offerts par l'expérience sensible, et de ne jamais les occulter, le factuel combattant ainsi la superstition. Aussi était-il orienté par deux tendances pour le moins antagoniques : le scepticisme et le matérialisme. Du point de départ sensualiste, Hume tire une conséquence sceptique, dans la mesure où l'expérience sensible ne peut fonder en toute rigueur la rationalité, qui a partie liée avec la déduction. Le scepticisme humien ne s'oppose cependant pas au rationalisme, il le modère et prévient tout fanatisme de la raison. Le matérialisme (La Mettrie, d'Holbach, Helvétius, Maupertuis) tenta de surmonter cette difficulté à fonder la rationalité en faisant de la connaissance un « reflet » de la réalité, au prix d'une homogénéisation de tous les phénomènes observables, physiques, vitaux, moraux et sociaux. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Alembert (Jean Le Rond d') Buffon (Georges Louis Leclerc, comte de) Descartes René Helvétius Claude Adrien Hume David Koyré Alexandre La Mettrie (Julien Offroy de) Locke John matérialisme Maupertuis (Pierre Louis Moreau de) rationalisme - 1.PHILOSOPHIE Les livres Lumières (philosophie des) - expérimentation et vulgarisation, page 2937, volume 6 Lumières (philosophie des) - frontispice des Éléments de la philosophie de Newton, page 2937, volume 6 La critique de la religion La critique de la religion est sans doute le trait le plus communément retenu pour caractériser la philosophie des Lumières, cette critique s'imposant à l'évidence comme la conséquence du credo rationaliste. Voltaire exigeait qu'on « écrase l'infâme », c'est-à-dire la superstition, « tout ce qu'on ajoute à la religion naturelle ». La superstition et non pas la foi, l'Église et non pas la religion dans son principe. Il fit des jésuites sa cible privilégiée, car ils symbolisaient à ses yeux le fanatisme et l'intolérance. L'encyclopédisme dénonça la religion en tant qu'elle ralentit le progrès intellectuel, moral et politique. D'Holbach, dans la Politique naturelle (1776), dévoila la vocation idéologique de la religion : en soumettant les hommes à des tyrans invisibles, elle les constitue comme des sujets prêts à admettre toute autorité politique. Cette analyse est devenue un lieu commun de la critique religieuse, qui s'exprime, entre autres, dans la formule marxiste de la « religion, opium du peuple ». La religion, rangée du côté de la croyance, retient les hommes dans les préjugés et les condamne à la servitude. De telles appréciations méritent cependant d'être nuancées et contrastées. La philosophie des Lumières (ainsi Voltaire dans son Traité sur la tolérance , 1763) aborde la question religieuse par le thème de la tolérance. L'adversaire désigné est alors le dogmatisme, c'est-à-dire l'ignorance qui se donne pour vérité et fixe le but de toute recherche avant même qu'aucune n'ait été engagée. Comme l'affirmait déjà Bayle avec force dans son Dictionnaire historique et critique (1697), l'obstacle à un « bon examen » n e provient pas de ce que l'esprit est « vide de science », mais « plein de préjugés » (article « Pellisson »). Le dogmatisme menace aussi bien la foi que la science. La tolérance n'est en rien indifférence à l'égard des questions religieuses, elle est exigence d'un renouveau du sentiment religieux, grâce auquel les hommes ne seront plus dominés par la religion, mais la produiront comme l'expression de leur liberté intérieure. C'est que la religion n'est pas simple opinion parmi d'autres, elle possède une vertu propre, qui est d'ordre moral. C'est cette vertu que s'attachent à préserver aussi bien Voltaire ou Diderot que le déisme anglais. Par-delà les dogmes, une conscience religieuse universelle doit pouvoir s'épanouir. Au regard de cette « religion naturelle », toutes les religions « positives », instituées, apparaissent comme des hérésies. La thèse déiste, qui ne retient comme contenu de la foi que ce qui résiste à l'examen de la raison, s'oppose au dogme de la révélation. Elle va cependant tomber elle-même sous le coup de la critique de Hume, qui récuse la spécificité de la religion naturelle pour l'apparenter au dogmatisme. Le déisme, en effet, a besoin de postuler une « nature humaine », partout et toujours identique à ellemême, pour assurer les prétentions d'une religion universelle. Ce n'est là qu'une fiction dont le déiste ne peut cependant se priver, et qui fonctionne donc comme un dogme. Il reste que cette tentative demeure isolée. Le XVIIIe siècle a emprunté la voie de la recherche historique, avec Grotius notamment, pour conférer un contenu à l'idée de religion naturelle. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Bayle Pierre déisme Diderot Denis dogmatisme encyclopédie fanatisme Grotius (Hugo de Groot, dit) Holbach (Paul Henri Dietrich, baron d') Hume David Locke John Voltaire (François Marie Arouet, dit) L'Encyclopédie : l'esprit des Lumières À l'origine de ce qui allait devenir véritablement une entreprise, il y eut le projet du libraire parisien André Le Breton de faire traduire en français la Cyclopaedia or Dictionary of Arts and Sciences, d'Ephraïm Chambers. En 1745, il s'associa avec trois de ses collègues, qui préparaient une édition française du Dictionnaire de médecine, de James, dont la traduction était assurée par Diderot. Engagés pour revoir les articles défectueux, Diderot et d'Alembert accédèrent finalement à la direction d'une oeuvre dont la nature allait se modifier considérablement : en 1748, un privilège royal autorisa la publication d'une Encyclopédie ou Dictionnaire des sciences, des arts et métiers, traduite et augmentée. Alors commença la réalisation de l'Encyclopédie : Diderot en devint l'animateur, pratiqua et organisa des enquêtes sur les techniques, recruta des collaborateurs, parmi lesquels il faut distinguer César Dumarsais (1676-1756), auteur d'un traité de stylistique fondateur, d'Holbach (1723-1789), théoricien du matérialisme, Louis de Jaucourt (1704-1779), le rédacteur en chef, auteur inlassable de plusieurs milliers d'articles, Quesnay (1694-1774), le physiocrate, Rousseau (1712-1778), qui rompit avec les encyclopédistes à la suite de l'article « Genève », Turgot (1727-1781), ministre des Finances en 1774, et Voltaire enfin (1694-1778). Il s'agissait d'une entreprise au sens économique du terme, puisque 1 500 personnes travaillèrent à sa réalisation (auteurs, graveurs, ouvriers du livre...), et qu'elle fit réaliser un chiffre d'affaires considérable (4 millions de livres). Si le libraire-éditeur fit un bénéfice de 2 millions, Diderot ne gagna que 80 000 livres en vingt-cinq ans. Cet exposé rapide des conditions d'élaboration et de réalisation de l' Encyclopédie suffit à montrer, par les controverses soulevées et les difficultés rencontrées, qu'elle est apparue comme un enjeu essentiel aux yeux des partisans des Lumières comme à ceux de leurs adversaires. Le terme allemand pour désigner les Lumières est celui d'Aufklärung (Kant, Réponse à la question : qu'est-ce que les Lumières ?, 1784), qui signifie « éclaircissement », « passage de l'obscurité au jour » (dans le même sens, les Anglais parleront d'enlightenment, les Italiens d'illuminismo et les Espagnols d'illustracion, insistant sur le thème de la diffusion des Lumières). Il permet de bien comprendre en quoi les Lumières, plutôt qu'une doctrine systématisable, représentent un processus de vulgarisation d'un certain modèle intellectuel. C'est ce programme que l'Encyclopédie réalise. Elle est l'acte militant des Lumières. Dégageant la finalité du projet dans l'article « Encyclopédie », Diderot insistait sur la volonté, d'une part, de rassembler l'ensemble des connaissances en un « système général » et, d'autre part, de constituer la mémoire de l'humanité, comme garantie du progrès. L'Encyclopédie ne se voulait pas simple compilation des savoirs théoriques et techniques (l'accent mis sur l'activité technique étant toutefois essentiel), mais « catalogue raisonné ». La raison de cet inventaire raisonné était l'homme lui-même, qui seul donne sens à tout ce qui est. Le premier volume, tiré à 2 050 exemplaires, parut le 28 juin 1751 et fut précédé d'un Discours préliminaire, rédigé par d'Alembert. D'emblée, l'opposition du parti dévot, soutenu par les jésuites du Journal de Trévoux et par Christophe de Beaumont, archevêque de Paris, se déchaîna : deux interdictions, en 1752 et en 1759, semblèrent condamner le projet (devant les critiques suscitées par son article « Genève », paru en 1757 dans le tome VII, d'Alembert renonça à la direction de l'ouvrage), mais le soutien de Malesherbes, le directeur de la librairie, qui ne se démentit jamais, permit son achèvement. La parution des dix-sept volumes de textes in-folio (en tout 60 660 articles) s'acheva en 1766, tandis qu'il fallut attendre 1772 pour que soient publiés les onze volumes de planches. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Alembert (Jean Le Rond d') Chambers Ephraïm Diderot Denis encyclopédie France - Arts - Littérature - Le XVIIIe siècle France - Histoire - Du Grand Siècle à la fin de l'Ancien Régime (1661-1789) - Le siècle des Lumières (1715-1789) Helvétius Claude Adrien Holbach (Paul Henri Dietrich, baron d') Malesherbes (Chrétien Guillaume de Lamoignon de) Marsais (César Chesneau, sieur du) Montesquieu (Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de) physiocratie Pompadour (Jeanne Antoinette Poisson, marquise de) Quesnay François Rousseau Jean-Baptiste Trévoux Turgot Anne Robert Jacques Voltaire (François Marie Arouet, dit) Les livres Lumières (philosophie des) - Planche de l'Encyclopédie, page 2938, volume 6 Morale et politique Contre les présupposés religieux, la pensée du XVIIIe siècle a manifesté le souci constant de réhabiliter la nature humaine. Pour cela, elle entreprit de rompre avec la conception péjorative des passions - encore dominante dans le rationalisme du XVIIe siècle - pour les retenir comme essentielles à l'existence humaine. Cette nouvelle légitimité accordée aux passions englobe également le plaisir éprouvé à l'occasion de leur satisfaction. Ainsi se trouve affirmé le droit au bonheur des hommes, pour autant que son exercice s'accompagne du devoir de vertu. La pratique vertueuse est éminemment sociale : le plaisir que l'individu s'accorde impose le respect des autres. De la morale à la politique, il n'y a donc qu'un pas, que les philosophes des Lumières ont franchi en s'attachant à définir les principes d'une politique rationnelle. Poursuivant les travaux des théoriciens du droit naturel afin de contrer la théorie du droit divin, qui inscrit l'ordre social dans la nécessité dessinée par la volonté divine, ils ont voulu rendre l'homme heureux par l'affirmation de ses droits. Face aux urgences politiques, les positions se sont diversifiées, depuis le libéralisme politique de Montesquieu jusqu'au « communisme » du curé Meslier ou de l'abbé de Mably, en passant par le « despotisme éclairé », défendu par les physiocrates, Diderot ou d'Holbach. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Catherine - RUSSIE - Catherine II la Grande despotisme libéralisme Mably (Gabriel Bonnot de, dit l'abbé) Meslier (Jean, dit le Curé) Montesquieu (Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de) passion physiocratie Pompadour (Jeanne Antoinette Poisson, marquise de) Les livres Lumières (philosophie des) - Voltaire en visite au palais de Potsdam, auprès de Frédéric II, roi de Prusse, page 2939, volume 6 Lumières (philosophie des) - l'empereur Joseph II labourant dans un village de Moravie, page 2939, volume 6 Lumières (philosophie des) - Catherine II de Russie, page 2939, volume 6 Une esthétique de la création Le terme Aesthetica fut inventé en Allemagne par Alexander Baumgarten (1750) et introduit dans le vocabulaire français en 1753. Il ne servait pas cependant à marquer un domaine strictement délimité : aux réflexions esthétiques se mêlaient des considérations morales et psychologiques, sinon sociologiques. Il reste que dans ces analyses le thème de la création entamait la suprématie de celui, classique, de l'imitation. L'abbé du Bos, dans ses Réflexions critiques sur la poésie et la peinture, considérait le processus même de la création artistique, sans plus se préoccuper des normes auxquelles l'oeuvre d'art devrait se plier pour illustrer l'idéal du beau. Il devint attentif, du même coup, à ce que le spectateur ou le lecteur éprouve, et mit en avant la notion de goût. Ainsi se trouvaient rapportés l'un à l'autre le génie du créateur et le goût du spectateur, sans que le joug de l'imitation ait été définitivement secoué. De même, l'esthétique de Diderot, sous l'influence d'Anthony Shaftesbury, hésita entre la thèse de la reproduction et celle de la création. L'essentiel est néanmoins que cette dernière s'affirmait. L'art respirait alors l'air du temps. Le peintre Watteau, dans la première partie du XVIIIe siècle, a illustré à travers les « fêtes galantes » la société mondaine et raffinée des salons que fréquentaient les philosophes, la quête d'un bonheur accompli ici-bas dans l'ordre de la société, fragile plaisir de l'instant. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Diderot Denis esthétique néoclassicisme - Une doctrine esthétique Shaftesbury (Anthony Ashley Cooper, comte de) Sturm und Drang Watteau Antoine Complétez votre recherche en consultant : Les médias Lumières (philosophie des) - qu'est-ce que les Lumières ? Les livres Lumières (philosophie des) - le salon de Madame Geoffrin en 1755,, page 2936, volume 6 Lumières (philosophie des) - un dîner de philosophes (Voltaire, Diderot, l'abbé Maury, Condorcet.), page 2937, volume 6 Lumières (philosophie des) - page de titre et frontispice du tome I de l'Histoire naturelle, page 2937, volume 6 Lumières (philosophie des) - frontispice de l'Émile de Jean-Jacques Rousseau, page 2938, volume 6 France - le Génie de Voltaire et de Rousseau les conduit au temple de la gloire et de l'immortalité, page 2039, volume 4 Les indications bibliographiques E. Cassirer, la Philosophie des Lumières, Fayard, Paris, 1990 (1966). P. Hazard, la Crise de la conscience européenne, Boivin, Paris, 1935 (Fayard, 1989). J. Starobinski, l'Invention de la liberté, 1700-1789, Skira, Genève, 1987 (1964).

« soumettre le réel à ses exigences.

Locke, qui démonte l'innéisme et rapporte toute idée à une expérience sensible, leur enseignait également que la réalité n'est saisissable que par l'observation. Sous le coup de cette double inspiration, le rationalisme du XVIII e siècle s'articula sur un « factualisme » qui imposait de partir des faits, offerts par l'expérience sensible, et de ne jamais les occulter, le factuel combattant ainsi la superstition.

Aussi était-il orienté par deux tendances pour le moins antagoniques : le scepticisme et le matérialisme.

Du point de départ sensualiste, Hume tire une conséquence sceptique, dans la mesure où l'expérience sensible ne peut fonder en toute rigueur la rationalité, qui a partie liée avec la déduction.

Le scepticisme humien ne s'oppose cependant pas au rationalisme, il le modère et prévient tout fanatisme de la raison.

Le matérialisme (La Mettrie, d'Holbach, Helvétius, Maupertuis) tenta de surmonter cette difficulté à fonder la rationalité en faisant de la connaissance un « reflet » de la réalité, au prix d'une homogénéisation de tous les phénomènes observables, physiques, vitaux, moraux et sociaux. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Alembert (Jean Le Rond d') Buffon (Georges Louis Leclerc, comte de) Descartes René Helvétius Claude Adrien Hume David Koyré Alexandre La Mettrie (Julien Offroy de) Locke John matérialisme Maupertuis (Pierre Louis Moreau de) rationalisme - 1.PHILOSOPHIE Les livres Lumières (philosophie des) - expérimentation et vulgarisation, page 2937, volume 6 Lumières (philosophie des) - frontispice des Éléments de la philosophie de Newton, page 2937, volume 6 La critique de la religion La critique de la religion est sans doute le trait le plus communément retenu pour caractériser la philosophie des Lumières, cette critique s'imposant à l'évidence comme la conséquence du credo rationaliste.

Voltaire exigeait qu'on « écrase l'infâme », c'est-à-dire la superstition, « tout ce qu'on ajoute à la religion naturelle ».

La superstition et non pas la foi, l'Église et non pas la religion dans son principe.

Il fit des jésuites sa cible privilégiée, car ils symbolisaient à ses yeux le fanatisme et l'intolérance.

L'encyclopédisme dénonça la religion en tant qu'elle ralentit le progrès intellectuel, moral et politique.

D'Holbach, dans la Politique naturelle (1776), dévoila la vocation idéologique de la religion : en soumettant les hommes à des tyrans invisibles, elle les constitue comme des sujets prêts à admettre toute autorité politique.

Cette analyse est devenue un lieu commun de la critique religieuse, qui s'exprime, entre autres, dans la formule marxiste de la « religion, opium du peuple ». La religion, rangée du côté de la croyance, retient les hommes dans les préjugés et les condamne à la servitude. De telles appréciations méritent cependant d'être nuancées et contrastées.

La philosophie des Lumières (ainsi Voltaire dans son Traité sur la tolérance , 1763) aborde la question religieuse par le thème de la tolérance.

L'adversaire désigné est alors le dogmatisme, c'est-à-dire l'ignorance qui se donne pour vérité et fixe le but de toute recherche avant même qu'aucune n'ait été engagée.

Comme l'affirmait déjà Bayle avec force dans son Dictionnaire historique et critique (1697), l'obstacle à un « bon examen ». »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles