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CONTES, de La Fontaine

Publié le 22/02/2019

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CONTES, de La Fontaine, divisés en cinq livres (1665-1682). Ils se présentent comme des récits galants en vers, imités de l'Arioste et de Boccace, qui mettent en scène les ruses victorieuses de l'amour (la Matrone d'Éphèse, Belphé-gor). La versification est aussi originale que dans les Fables, les deux genres étant, pour l'auteur, aussi « légers » l'un que l'autre. Le caractère grivois de certains contes attira à leur auteur l'inimitié du « parti dévot ».

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« LES CONTES De LA FONTAINE De 1664 à 1674 La Fontaine donne presque tous ses contes et la moitié de ses fables, mais aussi un roman, despoèmes, une comédie, des élégies, des traductions de vers latins.

Il entend demeurer l'homme de la diversité et,comme Mme de Sévigné le lui reproche étourdiment, continue à « chanter sur tous les tons ».

Pendant ces dixannées, parallèlement à la série des contes grivois, se poursuit celle d'oeuvres inspirées par des amis ou desprotecteurs jansénistes.

Les recueils de contes sont publiés en 1665, 66, 71, 74.

Or, en 1665 et 67, paraissent lesdeux tomes de la traduction de La Cité de Dieu à laquelle La Fontaine a collaboré ; vers 66, circuleront la Ballade etles Stances sur Escobar ; en 71, paraît le Recueil de poésies chrétiennes et diverses et en 73, le Saint Malc.Parallèlement... * * * « Il faisait des contes pour M.

Fouquet et cela pour avoir du pain ».

Je ne sais quel crédit mérite ce propos deBrienne.

Le demi-fol a pu confondre avec les contes les vers marotiques du temps de Vaux.

Lorsqu'au début de1665, La Fontaine réédite, en les accompagnant d'autres histoires gaillardes, les deux récits qu'il avait publiés à partun mois plus tôt, il dit vouloir répondre à un goût qui vient de s'éveiller dans le public.

Il est possible que lui-même,comme Boileau l'assurera à Brossette, n'ait d'abord songé en rimant Joconde qu'à refaire le récit de Bouillon qui luisemblait « fort mal bâti » et que ce premier essai, bien accueilli du gai Maucroix, l'ait engagé dans la carrière deconteur.

Quoi qu'il en soit, il peut dire dans la préface de son recueil de 1666 que c'est là « une carrière toutenouvelle ».

Il y entre, en effet, avec des idées bien à lui, les mêmes précisément qui le guident vers la même époquelorsqu'il écrit ses premières fables.

Ici et là, il se propose de « mettre en vers » les récits, d'ordinaire en prose,d'auteurs anciens, étrangers ou vieillis, sans les suivre à la lettre «, mais en les « égayant », au contraire, entaillant à son gré dans le bien d'autrui, en retouchant et enrichissant les histoires « même les plus connues » et en yinsérant quelques traits empruntés à son époque.

Il prendra avec le Décaméron, l'Heptaméron, les Cent nouvellesnouvelles les mêmes libertés qu'avec les fables ésopiques : Astolphe, le roi de Lombardie, sera « homme de cour »,comme le bouvier d'Esope deviendra un « chartier » de Quimper Corentin, sans pour cela cesser d'invoquer Herculeet d'entendre sa voix.

Ces dissonances, ces fantaisies l'amusent et amuseront le lecteur.

Ce qui serait faute en de «grands sujets » a de la grâce dans ces récits « faits à plaisir ».

Le bonhomme se cantonne dans des genresmodestes pour « ménager sa liberté ».

Boileau qui pourtant, comme Patru, exigera des fables la « brèveté », loue LaFontaine dans la Dissertation, d'avoir brodé à sa guise sur le thème qu'Arioste lui fournissait ; il déclare préférer une« invention fleurie et enjouée » à une « traduction sèche et triste ».Mais pour le style et le rythme de ces contes La Fontaine hésite entre deux « caractères ».

Adoptera-t-il les « versirréguliers » qu'il a choisis pour les fables ? Ils ont « un air qui tient beaucoup de la prose : cette manière pourraitsembler la plus naturelle et par conséquent la meilleure ».

D'autre part, il est tenté aussi par le « vieux langage » qui« pour les choses de cette nature a des grâces que celui de notre siècle n'a pas » et qui d'ailleurs brave mieuxl'honnêteté.

Le « vieux langage », entendez le style marotique, cher à Voiture : La Fontaine s'y est essayé avecsuccès à la cour de Vaux, et Turenne doit le lui conseiller, qui sait son Marot par coeur.

Mais ce style, auquelconvient si bien le décasyllabe des épîtres de maître Clément, ne saurait s'accommoder d'une libre versification.

D'oùl'incertitude du poète.

Il a d'abord soumis au public un échantillon des deux manières : Joconde dans le style desfables, Le Cocu battu et content en « vieux langage ».

Il voudrait que le goût de ses lecteurs fixât le sien.Mais eux-mêmes sans doute ne surent pas choisir. Il continuera dans tous ses recueils de mêler à quelques nouvelles en vers libres, des récits marotiques et d'unmètre uniforme.Boileau et Chapelain louent les Contes sans en relever la licence.

On en a conclu qu'au début du règne de Louis XIVelle semblait innocente.

Pourtant La Fontaine croit devoir s'en excuser dès la préface de son premier recueil.

Il lefait en invoquant des raisons qui me semblent sincères et qui valent qu'on les écoute, en particulier celle-ci : « Quine voit que ceci est jeu, et par conséquent ne peut porter coup ?...

Ce n'est ni le vrai, ni le vraisemblable qui fontla beauté de ces choses-ci ; c'est seulement la manière de les conter.

»N'est-ce pas là comme une théorie de la narration pure ? Le poète qui réalisera ce miracle de faire entrer dans lecadre ésopique une peinture de la vie universelle, s'attache et s'attachera de plus en plus à vider les histoiresgaillardes qu'il rapporte de tout ce qu'elles pouvaient avant lui contenir de réalité.

Il y a chez Boccace un sentimentde la vie, un accent de conviction, de passion qu'on chercherait en vain dans ces récits dont le ton est si détaché,« si bourgeois », dit Voltaire, et où l'auteur ne met rien de lui-même, les réflexions dont il les coupe çà et là nerelevant que d'une banale philosophie de cabaret : La clef du coffre-fort et des coeurs, c'est la même...Le beau du jeu n'est connu de l'époux...Il me faut d'un et d'autre pain...Quand on l'ignore, ce n'est rien ;Quand on le sait, c'est peu de chose.

L'action se passe en Utopie ; un mécanisme bien monté provoque à point rencontres et quiproquos.

Le mari esttoujours stupide, l'amant toujours heureux, l'ermite toujours paillard, la nonne trou-jours galante.

Figures de. »

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