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commentaire Ruy Blas

Publié le 04/04/2014

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Commentaire : Ruy Blas, acte V, scène 3 (du début au vers 2156) Le drame romantique, théorisé par Hugo dans les préfaces de ses pièces, se construit en opposition au théâtre classique et à ses règles sclérosantes. Le mélange et l'alliance des contraires touchent autant l'intrigue que la personnalité des héros, toujours complexe. Ruy Blas, pièce écrite en 1838,ne déroge pas à ces principes. Le héros éponyme, laquais déguisé en grand d'Espagne, est à son insu l'instrument de la vengeance de Salluste, noble déchu par la reine. Sous ce masque, il parvient à séduire la souveraine, qu'il aimait sans espoir de retour, « ver de terre amoureux d'une étoile ». Leur passion contre nature conduit au dénouement qui occupe tout l'acte V. La scène III referme le piège imaginé par Salluste et place le couple d'amoureux dans une situation inextricable. Seule la révélation de l'identité réelle de Ruy Blas, coup de théâtre imposé par la situation désespérée permet de dépasser cette situation, même si cela mène irrémédiablement à une fin tragique. Nous chercherons à montrer comment le tragique est désamorcé par l'ambiguïté des sujets romantiques. Après avoir étudié la façon dont le piège se referme sur la reine, nous nous attarderons sur le personnage de Salluste comme incarnation de la fatalité pour enfin montrer comment l'aveu révèle le moi fracturé du héros romantique. I. Le piège se referme. 1. Huis clos et secret. - la scène se referme sur les 3 personnages principaux (maison de Salluste aux portes fermées et aux serviteurs muets) - huis clos mis en évidence par la présence des 3 personnages au coeur du vers 2136 enfermés entre rejet (de ceci) et interpellation -« De ceci. Tout se passe entre nous trois. Eh bien ? » - obscurité : la scène se passe la nuit « à minuit » / « nous fermerons les yeux » peut aussi suggérer que l'aventure est cachée, voilée - silence et chuchotements : « ne faisons pas de bruit » (2111), dans les didascalies « à pas lents » (feutrés, sans faire de bruit), « Bas, à Ruy Blas », « à part », « se penchant à son oreille » - ambiance de complot, comme si tous étaient complices 2. L'enfermement physique est doublé d'un enfermement symbolique - L'injonction désespérée de RB « Fuyez, madame ! » (2104) n'a aucun effet, parce que le couple est pris au piège, - Le piège ne se joue pas que dans l'espace, les personnages sont pris dans la toile soigneusement tissée par Salluste. Quand les amoureux le réali...

« absence de volonté « sans qu'elle la repousse ni la prenne », « indécise et égarée », « éperdue » Les personnages pris au piège sont sous l'emprise d'une forme de fatalité tragique mais elle est dénaturée puisqu'elle s'incarne en Salluste. II.

Salluste comme incarnation de la fatalité 1.

Un juge - Salluste surprend la reine qui le reconnaît avec « horreur », au delà du coup de théâtre, son apparition apparaît comme un coup du sort La reine a fauté et c'est l'heure de la sentence.

Salluste est le juge qui la prononce Il savoure « froidement » sa vengeance, apaisé, il est « sans colère » (2110) puisqu'il arrive à ses fins.

Il prononce son jugement « Madame de Neubourg n'est plus reine d'Espagne » Le vers oppose de part et d'autre de la césure le titre que la reine portait avant de se marier et sa position de souveraine, le mariage est déjà caduque, il ne reste plus qu'à entériner la sentence sous la forme d'un contrat écrit (on a vu à l'acte 1 que c'est ainsi que Salluste orchestre ses pièges) d'où l'importance des objets qui symbolisent cette actualisation du contrat : le parchemin et la plus apparaissent de façon récurrente dans le texte et les didascalies. 2.

Une figure diabolique Salluste incarne la fatalité en ce qu'il représente une force supérieure, surnaturelle « Je suis en son pouvoir » dit la reine, soulignant ainsi sa puissance. Il est le pendant négatif du « deus ex machina », dieu qui dans le théâtre antique arrivait par surprise sur scène, pour résoudre une situation inextricable (une machine, sorte de grue le faisait descendre du ciel).

Le rapprochement est amplifié par la « machination » opérée par le traître, mais Salluste est plus proche du Méphistophélès de Faust que d'un dieu providentiel. - il inspire la peur « horreur » et « tremblante » répété dans les didascalies - pouvoir qui écrase et enferme, qui lie : « Je vous tiens » en parallèle presque anaphorique avec « je vous trouve » (v.

2109-2111) le montrent comme un chasseur qui ne laisse aucun répit à sa proie « Vous êtes dans ma main » 2128 montre l'impuissance de sa victime, pantin dirigé par son pouvoir - motif récurrent du contrat à signer, comme un pacte avec le diable, qui d'ailleurs mènerait la reine à sa perte, même s'il lui promet bonheur et richesse, la damnation semble au bout du chemin 3.

La fourberie du serpent Salluste est à plusieurs reprises assimilé au serpent dans la pièce - image implicite dans la scène : par des images physiques « froideur » « pas lents » ou symboliques « trahison » Il en a la fourberie et l'éloquence (le serpent convainc Eve de désobéir dans la Genèse et la conduit à la chute) : il utilise divers moyens pour parvenir à ses fins, jouant sur tous les registres de l'argumentation. - Il séduit : il prétend être indulgent, protéger la reine et œuvrer pour le bonheur des amoureux - Il négocie, promettant or et bonheurs - Il menace (La punition promise est l'assouvissement de sa vengeance : « Le scandale et le cloître » sont le pendant de l'humiliation que lui avait infligée la reine, son aventure révélée l'exposait aux rires de Madrid (scandale) et l'exil le réduisait au silence (cloître)) Maître de RB, Salluste cherche à maîtriser également la reine en lui faisant signer un pacte diabolique, mais en transformant RB en ce qu'il n'est pas, il a bouleversé l'ordre naturel des choses et perd la maîtrise du destin . III.

Le moi fracturé du héros permet de dépasser la fatalité 1.

Le « réveil » de RB Le mutisme de RB au début de la scène, surprend le lecteur/spectateur plus habitué à la verve et à la combativité de son héros : on se souviendra notamment de la façon dont il reprend les rênes du royaume et mouche les grands d'Espagne à l'acte III. Le retour de Salluste le met face à ses contradictions.

La présence de son maître lui rappelle que sous l'habit de Ruy Blas , acte V, scène 3 , 2. »

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