commentaire Ruy Blas
Publié le 04/04/2014
Extrait du document
«
absence de volonté « sans qu'elle la repousse ni la prenne », « indécise et égarée », « éperdue »
Les personnages pris au piège sont sous l'emprise d'une forme de fatalité tragique mais elle est dénaturée
puisqu'elle s'incarne en Salluste.
II.
Salluste comme incarnation de la fatalité
1.
Un juge
- Salluste surprend la reine qui le reconnaît avec « horreur », au delà du coup de théâtre, son apparition apparaît
comme un coup du sort
La reine a fauté et c'est l'heure de la sentence.
Salluste est le juge qui la prononce
Il savoure « froidement » sa vengeance, apaisé, il est « sans colère » (2110) puisqu'il arrive à ses fins.
Il
prononce son jugement « Madame de Neubourg n'est plus reine d'Espagne » Le vers oppose de part et d'autre
de la césure le titre que la reine portait avant de se marier et sa position de souveraine, le mariage est déjà
caduque, il ne reste plus qu'à entériner la sentence sous la forme d'un contrat écrit (on a vu à l'acte 1 que c'est
ainsi que Salluste orchestre ses pièges) d'où l'importance des objets qui symbolisent cette actualisation du
contrat : le parchemin et la plus apparaissent de façon récurrente dans le texte et les didascalies.
2.
Une figure diabolique
Salluste incarne la fatalité en ce qu'il représente une force supérieure, surnaturelle « Je suis en son pouvoir » dit
la reine, soulignant ainsi sa puissance.
Il est le pendant négatif du « deus ex machina », dieu qui dans le théâtre antique arrivait par surprise sur scène,
pour résoudre une situation inextricable (une machine, sorte de grue le faisait descendre du ciel).
Le
rapprochement est amplifié par la « machination » opérée par le traître, mais Salluste est plus proche du
Méphistophélès de Faust que d'un dieu providentiel.
- il inspire la peur « horreur » et « tremblante » répété dans les didascalies
- pouvoir qui écrase et enferme, qui lie : « Je vous tiens » en parallèle presque anaphorique avec « je vous
trouve » (v.
2109-2111) le montrent comme un chasseur qui ne laisse aucun répit à sa proie
« Vous êtes dans ma main » 2128 montre l'impuissance de sa victime, pantin dirigé par son pouvoir
- motif récurrent du contrat à signer, comme un pacte avec le diable, qui d'ailleurs mènerait la reine à sa perte,
même s'il lui promet bonheur et richesse, la damnation semble au bout du chemin
3.
La fourberie du serpent
Salluste est à plusieurs reprises assimilé au serpent dans la pièce
- image implicite dans la scène : par des images physiques « froideur » « pas lents » ou symboliques
« trahison »
Il en a la fourberie et l'éloquence (le serpent convainc Eve de désobéir dans la Genèse et la conduit à la chute) :
il utilise divers moyens pour parvenir à ses fins, jouant sur tous les registres de l'argumentation.
- Il séduit : il prétend être indulgent, protéger la reine et œuvrer pour le bonheur des amoureux
- Il négocie, promettant or et bonheurs
- Il menace (La punition promise est l'assouvissement de sa vengeance : « Le scandale et le cloître » sont le
pendant de l'humiliation que lui avait infligée la reine, son aventure révélée l'exposait aux rires de Madrid
(scandale) et l'exil le réduisait au silence (cloître))
Maître de RB, Salluste cherche à maîtriser également la reine en lui faisant signer un pacte diabolique, mais en
transformant RB en ce qu'il n'est pas, il a bouleversé l'ordre naturel des choses et perd la maîtrise du destin .
III.
Le moi fracturé du héros permet de dépasser la fatalité
1.
Le « réveil » de RB
Le mutisme de RB au début de la scène, surprend le lecteur/spectateur plus habitué à la verve et à la
combativité de son héros : on se souviendra notamment de la façon dont il reprend les rênes du royaume et
mouche les grands d'Espagne à l'acte III.
Le retour de Salluste le met face à ses contradictions.
La présence de son maître lui rappelle que sous l'habit de
Ruy Blas , acte V, scène 3 , 2.
»
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