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La désacralisation du mythe

Publié le 18/09/2018

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L'Antigone d'Anouilh met également en scène des Gardes, à la conversation sordide et grossière. Après avoir procédé à l'arrestation de la jeune fille, ils évoquent sans pudeur leurs prochaines orgies. Car, qu'Antigone meure ou non, « eux, tout ça, cela leur est égal ; c'est pas leurs oignons». La Nourrice, au contraire, n'est qu'attention et tendresse pour Antigone, dans son langage familier et terre à terre : « Il va falloir te laver les pieds, lui dit-elle, par exemple, avant de te remettre au lit».

 

La guerre de Troie n'aura pas lieu campe de même une humanité ordinaire, parfois basse, en principe et par tradition étrangère au monde des mythes et de la tragédie : Oiax est stupide; Demokos, bête et méchant; le Gabier, plus sympathique. Électre comporte une scène de ménage entre les époux Théocathoclès (Il, 6). Lui n'est pas issu d'une grande aristocratie; Agathe, son épouse, est d'origine modeste. L'humble Jardinier figure parmi leurs cousins. Leur présence accentue le caractère « bourgeois » de la pièce.

« La Machine infernale multiplie certes les réfé rences à l'oracle de Delphes qui prédit le pire des destins à Œdipe.

Mais Cocteau s'y reporte comme à une sorte de postulat de base, sans lequel il n'y a d'ail leurs pas d'histoire d'Œdipe.

En reva nche, il ne s'étend pas sur les raisons de l'oracle et de la pr édest ination du nou veau-né.

Selon la légende, Œdip e payait la désobéissance aux dieu x de son pèr e Laïos 1, lui -même expiant la faute de son ancêtre Cadmos, qui avait tué un dragon protégé par Arès (le dieu de la guerr e).

La légende d'Œdipe illustrait les dang ers à enfreindre la loi divine2.

Cocteau ne s'int éresse qu'à la seule rigueur « mathématique » avec laquelle s'accomplit l'oracle.

La guerre de Troie n'aura pas lieu est certes centrée sur le rapt d'Hélène par le beau Pâris : c'est la cause officielle du conflit.

Mais Giraudoux ne s'étend pas sur ses antécédents, également religieux.

La déesse Athéna provoqua en effet l' amour de Pâris pour Hélène, afin de le perdre, lui et la ville de Troie, en représa illes de ce qu'il l'avait jugée moins belle que la déesse Aphrodite3.

Giraudoux insiste sur des motifs plus historiques et plus humains pour justifier le conflit : Je tiens seulement compte de deux bêtises, fait-il dire à Cassandre, celle des hommes et celles des éléments ( GT.

1, 1, p.

55).

Les Mouches font certes de Jupi ter un des personnages clés de la pièce.

Mais Sartre ne met en scène ce dieu (et, à travers lui, toute notion de divin ité) que pour mieux le com battre et le nier .

La scène 2 de l'acte Ill marque les adieux définitifs de l'homme à Jup iter.

Elle s'achève sur la défaite de ce dernier : Eh bien, Oreste, tout ceci était prévu.

Un homme devait venir annoncer mon crépuscule.

C'est donc toi? Oui l'au­ rait cru, hier, en voyant ton visage de fille ? (LM, Ill, 2, p.

238-239).

Les dieux cessent de manipuler les personnages comme des panti ns.

1.

Les dieux lui avaient interdit d'avoir des enfants, sous peine des pires malheurs.

2.

Même si cette légende peut par ailleur s recevoir une inter préta­ tion historique et psychanalytique (voir chapitre 1, p.

21- 22).

3.

Des déesses Héra, Athéna et Aphr odite, Pâris avait dû dire quelle était la plus belle.

Son choix se porta sur Aphrodite, au grand dam des deux autres.. »

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