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L'esthétique ironique

Publié le 27/03/2015

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L'ironie dont il sera ici question relève de l'ironie socratique qui nous inter­roge à travers les paradoxes qu'elle se plaît à souligner ; en ce sens, cette ironie ne touche que de très loin l'ironie moqueuse à laquelle on restreint le terme habituellement. Cette esthétique ironique, dont les Fables sont le mo­dèle au XVII°, siècle sait abriter la sagesse sous le vêtement du frivole, joue de tous les types de renversements pour étonner le sens commun, et parvient enfin à établir une complicité entre le fabuliste-conteur et son lecteur.

« E X P 0 S É S F C H E S Les figures du renversement et de la neutralisation Les diverses figures du renversement relèvent aussi de l'ironie dans la mesure où elles visent à surprendre le sens commun, elles le portent ainsi à s'interroger sur le sens de la vie.

Les renversements peuvent s'opérer dans le cadre de l'action dramatique (IX, 16), dans l'ordre social (X, 15), qui place à la base même de la nouvelle société le personnage issu de la classe la plus modeste.

Enfin, dans «Démocrite et les Abdéritains »(VIII, 26) on voit en quoi un seul homme est plus raisonnable que tout un peuple.

La ruse est l'un des procédés les plus constants de la neutralisation : dans« L'en­ fouisseur et son compère» (X, 4), le voleur replace l'argent qu'il avait pris parce qu'il est victime d'une ruse de l'enfouisseur qui retrouve ainsi tout son bien.

Un autre effet de neutralisation, celui du retour à l'origine, est réalisé dans « La souris méta­ morphosée en fille » (IX, 7), laquelle épousera au bout du compte, et conformément à son origine, un rat.

~ Ill -LE JEU DE L'IRONIE La diversité des formes La Fontaine fait entrer dans la forme de la fable tous les autres genres (voir déjà Il, 1): fables en forme d'épître ou de discours (VII, 17; XI, 7), fables orientées vers la comédie, fable-madrigal (VIII, 12 ; X, 10 ; XII, 15), fables de type méditatif (XI, 4), fables épiques (XII, 1), etc.

À chaque fois cependant l'ajustement entre les carac­ téristiques respectives implique paradoxes et ambiguïtés ; ainsi, par exemple, l'uni­ vers de l'épopée dans «Les compagnons d'Ulysse »est totalement renversé, pour s'orienter dans une perspective héroï-comique.

La diversité des sujets La diversité des sujets est certes inscrite dans le genre même de la fable ; mais dans le second recueil, La Fontaine insiste tout particulièrement sur le renouvelle­ ment de son inspiration, sur la recherche d'un autre imaginaire, exotique et oriental, qui est une autre voie d'expression de la sagesse: il y a ainsi une profusion de pro­ tagonistes, une diversité des lieux, la volonté de rendre compte de tout un monde pour former« Une ample comédie à cent actes divers, I Et dont la scène est l'uni­ vers» (V, 1).

La fable-microcosme se présente comme un résumé du macrocosme.

Les jeux avec le lecteur La présence du« Je» de La Fontaine, l'appel au lecteur (surtout dans les mora­ lités ou lors des discours introducteurs de la fable), la présence même des divers lecteurs-relais que constituent les dédicataires, tous ces signes tendent à dessiner autour des fables un cercle d'amis qui s'entretiennent dans une sorte de dialogue.

Or les signes de la présence dans le dialogue (et que tente de mimer le dispositif des fables) permettent au conteur-fabuliste de jouer la complicité de son lecteur.

Conclusion : Par leur ancrage dans le XVIIe siècle, la conception drama­ tique qui préside à leur élaboration et le souci que manifeste La Fontaine à l'endroit de leur réception, les Fables relèvent bien de l'esthétique ironique.

LES FABLES DELA FONTAINE~. »

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