Devoir de Philosophie

FICHE BAC CAPITRE XXI ECUME DES JOURS LE MARIAGE

Publié le 13/04/2018

Extrait du document

mariage
FICHE BAC Chapitre XXI ECUME DES JOURS DE VIAN : LE MARIAGE Introduction : L’Écume des jours est un roman de Boris Vian (1920-1959) , écrivain français mais aussi poète, parolier, chanteur, scénariste, critique et musicien de jazz. Ce roman est publié est 1947, période d’après-guerre, sur le dos d’imprimés AFNOR (l’Association Française de Normalisation) où il travaillait alors. Malgré le soutien de Sartre et de Queneau, ce roman ne connaîtra pas un grand succès à sa sortie. Cette œuvre retrace la rencontre amoureuse entre Colin et Chloé puis la mort de cette dernière qui va être emportée par la maladie détruisant ainsi Colin. Le texte présenté ici constitue la cérémonie du mariage. Sacrement religieux, le mariage vient ordinairement clore, dans la joie, les contes. Or, dans L’Écume des jours, si le mariage, consécutif au coup de foudre entre Colin et Chloé, est source d’une grande joie pour le héros qui se livre avec enthousiasme aux différents préparatifs depuis l’annonce des fiançailles au chapitre XV, il est aussi une occasion pour l’écrivain de se livrer à un traitement parodique et sacrilège du sacrement : à partir de ce moment-là, donc, le roman quitte le conte de fées. En quoi ce mariage est-il la célébration grinçante d’un sentiment merveilleux ? AXES : 1. Un événement heureux 2. Une cérémonie religieuse en forme de carnaval sacrilège 1. Un événement heureux Le mariage de Colin et Chloé est raconté comme un événement heureux : les éléments traditionnels du mariage religieux sont repris, mais entremêlés à des éléments fantaisistes. L’ambiance est festive. La musique et la danse donnent une grande impression de vie. Les termes « parade », « ballet», « un pas de claquettes » évoquent le mouvement. À cela s’ajoute le champ lexical de la musique (« scandait le rythme », « ils chantaient », « exécuta un chorus », « ils firent un autre accord »). Les six amis apparaissent soudés (« prit le bras »). On note la présence massive de convives dans l’église, convives heureux d’être là ...
mariage

« L’intrusion d’expressions triviales dévalorise encore certains éléments religieux (« les quatorze Enfants de Foi descendirent les marches à la queue leu leu », p.

120, « un vieux chœur grégorien », p.

121) ; de même, le Religieux et le personnel « se ruent » dans l’église ; le terme « séides », qui désigne des personnes manifestant un dévouement aveugle et fanatique à l’égard d’un maître, d’une secte, n’est pas non plus à l’avantage de la religion. Boris Vian, en outre, recourt quasi systématiquement aux majuscules pour mettre en relief les éléments qu’il ridiculise.

La vision de Jésus « accroché à la paroi » frise aussi le sacrilège, d’autant qu’il « paraissait heureux d’avoir été invité ».

Le terme « invité » le présente un peu comme un intrus dont la place habituelle n’est pas l’église.

De plus, la cérémonie comporte une dimension carnavalesque particulièrement prégnante.

Le personnel religieux fait « la parade », expression qui comporte une dimension sacrilège dans la mesure où elle suggère plus un spectacle qu’une cérémonie religieuse.

Cette idée de spectacle est renchérie par le terme « ballet », qui désigne les mouvements des Enfants de Foi.

De même, c’est « le Religieux [qui] tenait la grosse caisse ».

Le personnel religieux semble déguisé : « blouses blanches, avec des culottes rouges »/« plume rouge dans les cheveux » (p.

119).

L’idée de carnaval est soutenue par la mention des « maracas », du « chorus sensationnel », des instruments de musique ainsi que par l’évocation de la danse (« le Chuiche esquissa un pas de claquettes » ou encore « la ronde »).

Tous ces éléments renvoient à une musique et à un spectacle profane .

Ils évoquent plus la fête que le recueillement.

La proposition « Le Religieux fit un dernier roulement en jonglant avec les baguettes » (p.

120) et la mention des cabrioles évoquent le cirque.

Les jeux de lumières (« Partout de grandes lumières envoyaient des faisceaux de rayons sur des choses dorées », p.

123) rappellent enfin les lumières de foire. Ce renversement des valeurs comporte une dimension sacrilège symbolisée par l’expression « l’église trembla sur sa base » : la raison réelle évoquée est la chute du chef d’orchestre s’écrasant sur la dalle, mais la raison implicite tient au fait que cette église se voit menacée par cette intrusion du profane.

Le renversement des valeurs est encore sensible dans l’entrée des nuages dans l’église, qui marque l’inversion du dedans et du dehors, ou encore dans la nécessité de la présence de « pédérastes d’honneur », Coriolan et Pégase Desmarets, pour la célébration d’un amour hétérosexuel. Boris Vian va encore plus loin dans la parodie et la satire en narrant le détournement d’objets ou d’éléments sacrés comme « l’eau lustrale » ou « l’encens ».

Ce sont les Chuiches eux-mêmes qui en proposent un usage cocasse : « leur cassaient sur la tête […] un petit ballon […] d’eau lustrale » ou encore « leur plantaient dans les cheveux un bâtonnet d’encens allumé » (p.

121).

Le lieu lui-même se trouve détourné, transformé en manège de foire.

La présence des « wagonnets » (surprenante dans une église), la visite de l’église et surtout la marche nuptiale vers l’autel sont l’occasion d’une description qui rappelle le manège du « train fantôme » : « couloir obscur qui sentait la religion », comme on sent le moisi ou le renfermé, « bruit de tonnerre », « fracas assourdissant », « lumière verte ».

La description dévalorisante du Saint (qui « grimaçait horriblement ») va dans le même sens.

Comme dans un manège de ce type, Alise semble avoir peur, « se serre contre Colin » tandis que des toiles d’araignées balaient leurs figures.

Dans ce manège, la religion est un monde à l’envers dans lequel le « Religieux » frappe le sol avec sa tête.

La comparaison du bâtiment avec « l’abdomen d’une énorme guêpe couchée, vue de l’intérieur » (p.

123) dévalorise le lieu en introduisant le motif du « bas corporel ». Le Religieux manque aussi à sa tâche : « il ne se rappelait plus les formules », il reluque Chloé comme un homme.

La mention des « fragments de prières » qui leur « revenaient à la mémoire » dénonce également une ferveur feinte.

De plus, ce retour de la prière est associé à la frayeur, ce qui suggère une dimension répressive de la religion dont témoigne le Dieu « qui avait un oeil au beurre noir et l’air pas content ».

En outre, le même Chevêche, qui «somnolait doucement », donne un coup de canne à Chick.

Enfin, l’allusion au coût exorbitant du mariage est une façon de souligner qu’il s’agit plus, pour l’Église, d’un commerce que d’un sacrement . Conclusion : Une nouvelle fois, la fantaisie est une façon de porter un regard critique sur l’homme et le monde. La narration de ce mariage et la description des éléments qui structurent cette cérémonie sont le vecteur d’une parodie sacrilège et Boris Vian tourne le sacrement en dérision.

Mais il dénonce également avec force une religion mercantile et répressive, qui repose sur la crainte – dénonciation dont se feront l’écho, avec une bien plus nette brutalité, les chapitres concernant l’enterrement pathétique de Chloé où la religion ajoute à la souffrance.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles