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L' Héroïsme (cours de littérature comparée)

Publié le 02/06/2014

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1/6/2014 L' Héroïsme Homère : Iliade, chants XI à XXIV Shakespeare : La v ie d' Henry V Stendhal : La C hartreuse de Parme. SOM M AIRE L'Héroïsme : questions de forme Ty pologie du héros : les v ertus du héros Homère : Iliade Autour de l'Iliade, textes Stendhal : l'héroïsme à l'épreuv e du roman. Résumés et dissertations. v oir aussi : Le personnage de roman. Cours vidéosurveillance agix.fr Modules intensifs de 2 à 7 jours réseaux IP, caméras, enregistrement L'Héroïs me : ques tions de forme Dans La v ie de Galilée de Bertolt Brecht, le disciple Andrea, mortifié de ce que son maître se soit rétracté, s'exclame : "Malheureux le pays qui n'a pas de héros!". Ce à quoi Galilée rétorque : "Malheureux le pays qui a besoin de héros." Les communautés humaines, en effet, ont souvent identifié leurs valeurs suprêmes à un individu qui en semblait porteur : bravoure guerrière, sacrifice du martyr, audace de l'aventurier... Elles ont ensuite imposé cet exemple à l'admiration publique et figé le modèle dans une vénération où, bien vite, les peuples n'avaient plus qu'à manifester leur soumission (pensons à Alexis Stakhanov, héros du travail dans la Russie stalinienne!). Cette première observation nous oriente vers une des idéesclés du programme : les valeurs héroïques sont susceptibles d'être constamment révisées, les conceptions de l'humain ou du surhumain étant relatives à l'Histoire : si le héros grec est par excellence un guerrier, c'est qu'il exprime les vertus nécessaires à des sociétés archaïques où la Cité naissante ne peut se consolider que par la défense ou la volonté hégémonique; au XVII° siècle, en Europe, on considère au contraire comme héroïque la victoire sur les passions et le modèle idéal est celui de l'honnête homme, parfaitement adapté à une société assise sur le commerce social et la bienséance. Un rapide coup d'oeil sur les oeuvres au programme nous conforte dans cette perspective : le héros guerrier de l'Iliade - aux nombreuses facettes peut se trouver utilement confronté à cet autre guerrier qu'est Henry V, dans cet autre contexte que constitue le Moyen Âge chrétien; le héros romanesque de Stendhal peut d'autre part nous inviter à une nouvelle confrontation à l'aune de l'exaltation romantique de valeurs désormais personnelles. C'est ici que l'examen de l'héroïsme en tant que genre littéraire s'impose à nous. Car la question mise au sujet du prochain concours ressortit aux formes aussi bien qu'aux thèmes : à l'évidence, nos trois oeuvres appartiennent au genre épique, en ce qu'elles font la part belle à la guerre et à l'enjeu national plus qu'au destin des individus : A c onsidérer les c hoses de la manière la plus générale, le c onf lit qui peut s'of f rir c omme la sit uat ion la plus c onvenable pour l'épopée est l'ét at de guerre. La guerre, en ef f et , c 'est t out e une nat ion mise en mouvement , et qui, dans les périls c ommuns, révèle une inspirat ion et une ac t ivit é juvéniles, parc e que c 'est la plus grande oc c asion qu'ait la t ot alit é nat ionale de répondre d'elle- même. [...] En ef f et , dans les c ombat s, le c ourage guerrier est l'int érêt princ ipal. Or, le c ourage est une qualit é de l'âme et un mode d'ac t ivit é qui ne se prêt e bien ni à l'expression lyrique ni à l'ac t ion dramat ique, t andis qu'elle c onvient éminemment à la représent at ion épique. Dans le drame, c e qui nous int éresse surt out , c 'est la f orc e ou la f aiblesse spirit uelle des c arac t ères, le pat hét ique des sit uat ions, la passion bonne ou mauvaise, t andis que dans l'épopée c 'est le nat urel du c arac t ère. Par c onséquent , le c ourage, dans les ent reprises nat ionales, est à sa vérit able plac e, parc e qu'il n'est pas un ac t e moral auquel la volont é se déc ide par elle- même c omme devoir dic t é par la c onsc ienc e; il est quelques c hose d'inné et de nat urel qui s'allie t rès bien avec le c ôt é spirit uel, mais plut ôt spont anément qu'avec réf lexion, et poursuit ainsi des f ins prat iques qui se laissent plus c onvenablement déc rire qu'elles ne peuvent êt re saisies dans l'expression des sent iment s et des pensée lyriques. Dans la guerre, il en est des exploit s et de leur suit e c omme du c ourage : les oeuvres de la volont é et les hasards des événement s ext érieurs maint iennent , en quelque sort e, ent re eux la balanc e égale. Du drame, au c ont raire, est exc lu l'événement simple, avec ses obst ac les purement ext érieurs, parc e qu'ic i l'ext érieur ne peut c onserver auc un droit indépendant ; il doit dériver du but que poursuivent les personnages et des int ent ions http://www.site- mag ister .com/pr epas/pag e0a.htm 1/6 1/6/2014 L' Hér oïsme prof ondes qui les f ont agir. Ce qui f ait que, quand les ac c ident s s'int roduisent dans le c ours de l'ac t ion et paraissent en dét erminer le dénouement , ils doivent enc ore t rouver leur princ ipe et leur just if ic at ion dans le c arac t ère int ime et les but s des personnages, aussi bien que dans les c onf lit s et leur dénouement néc essaire. He ge l, Esthé tique , 1835. La définition de l'épopée fournie par Hegel nous permettra d'observer des différences notables entre nos trois oeuvres : si L'Iliade et Henry V mettent en effet en jeu "la totalité nationale", on ne saurait dire de même de La Chart reuse de Parme, dont les enjeux restent étroitement liés aux personnages et les actions subordonnées à leur psychologie. La représentation de l'héroïsme ne peut qu'y gagner ces nuances qui constituent la problématique de votre question. En relation avec les arts plastiques et avec les productions de la poésie et du théâtre, Hegel, dans ses leçons d'esthétique, distinguait le héros épique, le héros tragique et le héros dramatique. Le héros épi que est confronté à des forces extérieures qui peuvent l'écraser, mais devant lesquelles son triomphe est possible : chez Homère, le héros est l'homme exemplaire abattu par la nécessité. Mais il manifeste dans cet écrasement les vertus qui font aussi sa grandeur. L'épopée est faite de ce conflit surmontable qui symbolise la lutte gigantesque de l'homme contre la nature vue sous les traits du destin. Le héros t ragi que est aussi au coeur de ce conflit, mais lui accepte sa défaite : écrasé par un Destin tout particulièrement acharné à le perdre, il trouve dans les accents de sa plainte une énergie qui ne dément jamais la vitalité héroïque. La tragédie exprime avec solennité le rituel de cette défaite annoncée en condensant à l'extrême la crise décisive. Le héros dramat i que est lui seul un être de liberté : il peut ne manifester aucune des grandes vertus héroïques, mais il évolue dans un monde contingent où sa volonté de puissance prétend, sans illusion, installer du sens. Le drame exprime cet univers de liberté et oppose aux valeurs traditionnelles la quête individuelle de valeurs privées. Comme nt nos trois oeuvre s s e range nt-e lle s dans ce tte typologie ? Les genres auxquelles les trois oeuvres appartiennent n'est pas indifférent : une épopée antique, une pièce de théâtre, un roman. Il semble que l'on aille progressivement vers une réduction de la perspective héroïque aux valeurs individuelles, peut- être même que l'on glisse à la notion d'antihéros ? Mais, bien sûr, c'est d'abord dans l'épopée que s'inscrit la geste héroïque. Le poème épique, écrivait Hölderlin, "naïf selon l'apparence, est héroïque par sa signification. C'est la métaphore de grandes volontés" (Samt liche Werk en, IV). L'héroïsme, manifestation d'une "grande volonté", serait donc une donnée fondamentale de l'épique. Cette notion se révélera vite capitale car s...

« Annonces Google ► Héros grec ► Le jeu du héros ► Rom an historique ► M agister1/6/2014 L'Héroïsme http://www.site-magister.com/prepas/page0a.htm 2/6 profondes qui les font agir.

Ce qui fait que, quand les accidents s'introduisent dans le cours de l'action et paraissent en déterm iner le dénouem ent, ils doivent encore trouver leur principe et leur justification dans le caractère intim e et les buts des personnages, aussi bien que dans les conflits et leur dénouem ent nécessaire. Hegel, Esthétique, 1835. La définition de l'épopée fournie par H egel nous perm ettra d'observer des différences notables entre nos trois œ uvres : si L'Iliade et H enry V m ettent en effet en jeu "la totalité nationale", on ne saurait dire de m êm e de La C hartreuse de Parm e, dont les enjeux restent étroitem ent liés aux personnages et les actions subordonnées à leur psychologie.

La représentation de l'héroïsm e ne peut qu'y gagner ces nuances qui constituent la problém atique de votre question.

En relation avec les arts plastiques et avec les productions de la poésie et du théâtre, H egel, dans ses leçons d’esthétique, distinguait le héros épique, le héros tragique et le héros dram atique. Le héros épique est confronté à des forces extérieures qui peuvent l'écraser, m ais devant lesquelles son triom phe est possible : chez H om ère, le héros est l’hom m e exem plaire abattu par la nécessité.

M ais il m anifeste dans cet écrasem ent les vertus qui font aussi sa grandeur.

L’épopée est faite de ce conflit surm ontable qui sym bolise la lutte gigantesque de l’hom m e contre la nature vue sous les traits du destin. Le héros tragique est aussi au cœ ur de ce conflit, m ais lui accepte sa défaite : écrasé par un D estin tout particulièrem ent acharné à le perdre, il trouve dans les accents de sa plainte une énergie qui ne dém ent jam ais la vitalité héroïque.

La tragédie exprim e avec solennité le rituel de cette défaite annoncée en condensant à l'extrêm e la crise décisive. Le héros dram atique est lui seul un être de liberté : il peut ne m anifester aucune des grandes vertus héroïques, m ais il évolue dans un m onde contingent où sa volonté de puissance prétend, sans illusion, installer du sens.

Le dram e exprim e cet univers de liberté et oppose aux valeurs traditionnelles la quête individuelle de valeurs privées. C om m ent nos trois œ uvres se rangent-elles dans cette typologie ? Les genres auxquelles les trois œ uvres appartiennent n'est pas indifférent : une épopée antique, une pièce de théâtre, un rom an.

Il sem ble que l'on aille progressivem ent vers une réduction de la perspective héroïque aux valeurs individuelles, peut-être m êm e que l'on glisse à la notion d'antihéros ? M ais, bien sûr, c'est d'abord dans l'épopée que s'inscrit la geste héroïque.

Le poèm e épique, écrivait H ölderlin, "naïf selon l'apparence, est héroïque par sa signification.

C 'est la m étaphore de grandes volontés" (Sam tliche W erken, IV ).

L'héroïsm e, m anifestation d'une "grande volonté", serait donc une donnée fondam entale de l'épique.

C ette notion se révélera vite capitale car susceptible d'introduire de très fortes nuances dans votre problém atique.

A insi T.S.

Eliot n'a jam ais pu goûter l'Iliade parce que la conduite des héros hom ériques lui échappait, à com m encer par celle d'A chille, qu'il considérait com m e "un voyou" (D e la poésie et de quelques poètes).

O n pourra juger au contraire qu'A chille fait preuve d'une grande volonté, tant dans son refus de poursuivre le com bat que dans sa décision d'y revenir.

C ar la force du guerrier ne suffit pas; il faut aussi la grandeur hum aine (celle qu'il m anifestera dans son pardon).

Les héros ne sont donc pas seulem ent les plus forts, ce sont les seuls capables de raisonner leur conduite au m ilieu de l'action.

L'autre notion m ise en place par H ölderlin, celle de naïveté, doit être interprétée correctem ent.

L'épopée n'est pas seulem ent un art fruste, tém oin de cette sobriété occidentale dont H ölderlin rend hom m age à H om ère : s'il y a m étaphore, transposition des "grandes volontés" dans le naïf, c'est que la présentation qui est faite des actes des héros se fait dans le cadre d'une vision fataliste.

M ieux que tout autre, H egel a exprim é ce paradoxe du genre épique : "C 'est la poésie épique, et non la dram atique, qui est le dom aine où règne la destinée".

C ette fatalité qu'incarne la justice suprêm e diffère notablem ent de celle qu'on discerne dans le registre tragique, et m êm e dram atique, qui im pliquent tous deux la conception de l'individu en tant que personne : dans l'ordre épique," l'hom m e est jugé d'après la cause qu'il défend, et la tragique N ém ésis consiste justem ent en ce que cette cause est trop lourde pour l'individu, trop lourde pour ses épaules." C ette fatalité peut être présentée directem ent, avec une intervention patente des dieux, com m e dans l'Iliade, elle peut aussi être laissée à deviner.

L'étude de nos trois œ uvres devra dém êler ce rapport qu'entretient la "volonté" des héros avec le destin, et les trois genres différents qu'elles nous proposent - épique, dram atique et rom anesque - ne pourront que com m ander à chaque fois un propos différent sur l'héroïsm e : l'épopée (Iliade), parce qu'elle est un récit où le point de vue du narrateur est om niscient, interdit le subjectivism e et reste im propre à l'introspection individuelle : peu de débats de conscience, en effet, chez des héros déterm inés par un destin connu et accepté.

La conséquence est que l'héroïsm e y est avant tout représenté, se résum e à des actes dont la rhétorique épique s'em ploie à souligner l'excellence.

Le traitem ent du tem ps participe aussi de cette volonté : la condensation en quelques épisodes d'une guerre de dix ans évite les m om ents nuls, lim ite les êtres à la noblesse de leurs actes. le dram e historique (La vie d'H enry V) privilégie la parole et réduit l'action à des élém ents forcém ent som m aires que le spectateur est invité à im aginer.

Ici encore, la condensation nécessaire d'un règne à quelques-uns de ses épisodes évite les m om ents nuls, m ais la représentation scénique des relations entre les personnages favorise la confidence personnelle du héros et son introspection publique.

N ous assistons ainsi à quelques-unes de ses faiblesses, cependant que la régie théâtrale, contribuant à situer le héros parm i les autres, favorise la perspective politique. le rom an (La C hartreuse de Parm e) favorise, lui, le point de vue subjectif : la vie du héros s'inscrit désorm ais dans une linéarité d'où les m om ents nuls ne sont plus exclus.

Ils participent m êm e d'un apprentissage au long duquel le héros s'égare, se cherche, finit par se trouver à des m om ents inattendus.

C onsacrant la fin de "l'idéalism e abstrait" (G eorg Lukacs), le rom an du X IX ° siècle traite la tem poralité com m e un processus de dégradation au cours duquel l'âm e du héros, éprise de valeurs qualitatives, se heurte sans cesse à l'étroitesse du m onde m atériel, où règnent les valeurs d'échange.

Le héros, pour cela, trouve souvent ses voies les plus nobles dans le refus, la dissidence, la solitude contem plative où l'A m our est sanctifié. Les form es littéraires engagent donc une conception particulière de l'héroïsm e : on en citera sim plem ent pour preuve le statut tout particulier que V ictor H ugo a donné à la bataille de W aterloo dans Les M isérables : refusant d'en donner, com m e Stendhal (voyez la page L'héroïsm e à l'épreuve du rom an), une im age rom anesque, c'est-à-dire soum ise à la perception des personnages, il s'engage, au début de la deuxièm e partie, dans une digression véritablem ent épique qui fait fi des lois du rom an et apparaît justem ent com m e une greffe m aladroite.

C 'est dire aussi que l'époque ne suffit pas à expliquer, elle seule, les m utations des valeurs héroïques, m êm e s'il n'est pas question de négliger l'aspect historique de la notion.

Les œ uvres savent nous y engager, bien sûr, et l'on pourra utilem ent y observer l'évolution de cette typologie que nous nous em ployons m aintenant à définir.. »

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