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La presse dans Bel-Ami de Maupassant

Publié le 16/03/2020

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Mais ce qui passerait pour un éloge est aussitôt démenti par les mots « marchands » et « débitants » qui annoncent déjà la vénalité du milieu. De surcroît, Varenne ajoute : « Tous ces gens-là, voyez-vous, sont des médiocres, parce qu’ils ont l’esprit entre deux murs, - l’argent et la politique. [...] Leur intelligence est à fond de vase, ou plutôt à fond de dépotoir » (p. 134).

Cette influence de la presse est donc plus attribuée à son sens des « affaires » qu’à l’intelligence et à la qualité de ses « plumes »... Lors de l’affaire marocaine (pp. 260-261) et dans la définition donnée des Échos (p. 123), Maupassant ne se gêne pas pour révéler toute la perfidie des procédés : « on fait courir les bruits », « on agit sur le public et sur la rente » ; « Il faut, par des sous-entendus, laisser deviner ce qu’on veut, démentir de telle sorte que la rumeur s’affirme, ou affirmer de telle manière que personne ne croie au fait annoncé ».

En fait, la presse n’est que le levier occulte des puissances financières et politiques : « La Vie Française était avant tout un journal d’argent, le patron étant un homme d’argent à qui la presse et la députation avaient servi de leviers » (p. 122) ; « Les inspirateurs et véritables rédacteurs de La Vie Française étaient une demi-douzaine de députés intéressés dans toutes les spéculations que lançait ou que soutenait le directeur. On les nommait à la Chambre “la bande à Walter” et on les enviait parce qu’ils devaient gagner de. l’argent avec lui et par lui » (p. 123).

Maupassant termine sa démonstration en crevant cette baudruche : en fait, la presse n’est rien, même pas une façade. Balzac avait déjà voulu dénoncer la médiocrité de ce milieu à travers quelques lignes

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« 86 LES THÈMES MAJEURS DE l'ŒUVRE 1---------' Les « têtes » ne travaillent donc pas ? Tout ne serait-il qu'apparence et faux-semblant ? L'impression se confirme quand Saint-Potin initie Georges aux « arcanes du métier » : aucune information authentique, tout est seulement tenu de la bouche des concierges et remanié (p.

71).

Ce jugement s'aggrave pour la rubrique des Échos : là encore Maupassant respecte la réalité d'un journal (cf.

pp.

12-13) dont une grande partie était consacrée aux potins mondains.

À La Vie Française, leur importance est d'autant plus soulignée que Walter les considère comme la « moelle » du journal (p.

123), c'est-à-dire un des facteurs de pouvoir (cf.

ci-après).

Mais les Échos, c'est le règne de la rumeur, voire du mensonge.

Il est de surcroît précisé ici, par la bouche de Saint-Potin, que « rien ne rapporte autant que les échos, à cause des réclames déguisées » (p.

72) : on peut supposer que les journalistes se faisaient payer pour citer telle ou telle marque, entreprise ou activité.

N'oublions pas qu'à cette époque, Émile de Girardin avait déjà eu l'idée de donner la publicité comme ressources aux journaux ...

La médiocrité et la vénalité du milieu sont confirmées par la calomnie des pots-de-vin lancée par La Plume (I, 7).

UN POUVOIR La presse est, en effet, un moyen de pression, le « quatrième pouvoir », et Maupassant montre comment elle influ~ sur la vie politique dans l'affaire marocaine (pp.

260-261).

Elle pourrait avoir une mission « pédagogique » comme l'évêque le dit innocemment à la fin:. »

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