Devoir de Philosophie

Tragique antique et modernité

Publié le 16/10/2013

Extrait du document

Élément fondamental du tragique, la fatalité est cette force supérieure (le fatum) qui détermine tout par avance. Le personnage tragique joue un rôle défini dont il ne peut sortir, malgré sa volonté. La présence des dieux, directe ou indirecte, lui rappelle qu'il est soumis à un inéluctable.

« ~ Il -LE PARADOXE TRAGIQUE Prescience et conscience Bien des personnages, y compris les héros eux-mêmes, ont la conscience de l'irrémédiable ou la prescience de la nécessité tragique.

Ainsi l'Électre de Gi­ raudoux avoue : « Ma parole vient d'au-delà de moi » ; Jason affirme à Médée : «Je ne peux pas t'empêcher d'être toi.

Je ne peux pas t'empêcher de faire le mal que tu portes en toi » ; le Mendiant demande à propos d'Électre : « Quand se dé­ clare+elle ? » ; Œdipe s'exprime avec une tragique acuité : «Je suis près d'une chose impossible à entendre».

À l'intuition prophétique de Cassandre(« Le destin s'agite, Andromaque») fait place la pleine connaissance de Tirésias(« Ne bougez pas.

Un oracle arrive du fond des siècles.») Un foyer paradoxal Le tragique est étroitement lié à un ensemble d'éléments contradictoires et para­ doxaux.

Les attelages thématiques dont il a été précédemment question (voir fiche 2) illustrent cet aspect.

Il a été vu que la dualité, les contradictions et les paradoxes à différents niveaux (l'œuvre et les personnages) déterminent une identité théma­ tique et fonctionnelle.

Ils appartiennent en propre au tragique, antique ou moderne, qui doit être défini comme un lieu convergent et paradoxal.

Aucune des œuvres dramatiques du XXe siècle héritées du mythe antique n'échappe à cette règle.

Les dénouements« heureux» d'Orphée ou d'Amphitryon 38 ne sont qu'une réconcilia­ tion paradoxale, du désordre à l'ordre, du non-sens au sens.

~Ill -FORMES ET VISAGES DU TRAGIQUE MODERNE L'ironie tragique Lorsqu'un personnage, souvent le héros lui-même, évoque des éléments ou des événements fondateurs de son destin, le dramaturge use de l'ironie tragique.

Le héros évoque alors, à son insu, ce qui le détermine.

Ainsi dans La Machine in­ fernale, Cocteau a largement usé du procédé.

Jocaste confie à Tirésias : « Est-il plus doux ménage, ménage plus doux et plus cruel, ménage plus fier de soi, que ce couple d'un fils et d'une mère jeune? »Plus tard elle s'adressera à Œdipe comme à un enfant et de son côté Œdipe, à moitié endormi, appellera Jocaste « ma petite mère chérie».

Émotion et distanciation Si la tragédie grecque était destinée à susciter terreur et pitié, le tragique mo­ derne fait sans doute moins appel au pathétique, même s'il est capable de créer une véritable émotion.

C'est d'ailleurs l'émotion que fait naître Anouilh lorsqu'il met en relief la fragilité et la solitude d' Antigone ou lorsqu'il fait exprimer à Eury­ dice sa peur devant l'amour et le bonheur que lui offre Orphée.

Mais les dramaturges aiment également tenir l'émotion tragique à distance.

Cocteau et Giraudoux recourent volontiers à l'humour, même dans des œuvres de tonalité sombre telles que La Machine infernale ou Électre.

Et si Sartre ne recourt pas à l'humour, il préfère lui aussi que le tragique n'accentue pas l'émotion au dé­ triment de la réflexion.

Quant à Gide, la dérision et l'ironie qu'il affectionne ne peuvent qu'être favorables à cette distanciation.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles