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Psychologie de la vie affective

Publié le 01/04/2014

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- Le désir en lui-même peut-il être maîtrisé, et lindividu peut-il se

donner les moyens, par là-même, d'échapper à l'emprise d'autrui? La

morale stoïcienne, en minimisant les biens qu'on a l'habitude de mettre

en avant (la santé, la richesse, le pouvoir, etc.) s'efforçait de définir un

domaine où la volonté du sage peut garder son emprise : celui des

désirs et de l'affectivité. Les biens de ce monde ne sont que des

«préférables« (Cicéron, De finibus bonorum et malorum, III) c'est-àdire

qu'ils ne peuvent être considérés comme des valeurs fondamentales

(l'idéal du sage stoïcien reste, rappelons-le, de vivre en harmonie

avec la nature).

« - Il faut en outre préciser que pour l'homme, en tant qu'être de culture, besoin et désir sont historiquement déterminés, et peuvent va­ rier dans leur contenu comme dans leur diversification.

Cf.

sur ce point Marx : « La forme différente que prend la vie matérielle est chaque fois dépendante des besoins déjà développés, et la production des besoins, tout comme leur satisfaction, est elle-même un processus historique que nous ne trouvons jamais chez un mouton ou chez un chien » (L'idéologie allemande, première partie, Éditions Sociales, page 98).

-Synthèse.

Le désir, comme manifestation d'un manque, semble solidaire de la vie humaine dans le processus complexe qui est le sien sur le plan biologique, mais aussi et surtout sur le plan social.

La genèse des besoins et des désirs, la formation des premières représen­ tations de satisfaction, mettent en jeu, d'emblée, la relation à autrui.

11 s'agit maintenant de savoir comment cette relation intervient, et si elle détermine en fin de compte tout désir.

• Désir et intersubjectivité -Ainsi que le montre Freud, les premières expériences de satisfac­ tion comme les premières expériences de frustration sont liées à l'inter­ ven.tion d'un ou deux personnages (mère, père) qui fixent pour l'enfant des points de repère affectifs et lient dans son psychisme la satisfac­ tion ou l'interdit à des personnes.

On comprend que le développement affectif, à travers un jeu complexe d'identifications, de rejets, d'intério­ risation de conduites types, solidarise progressivement la perception du désir et des valorisations très diverses.

Ainsi, la volonté d'être « re­ connu », de « se poser en s'opposant », joue-t-elle un rôle déterminant dans la maturation individuelle.

Ce qui vaut pour moi vaut aussi d'une certaine manière pour autrui, et le désir tend ainsi à se « socialiser ».

- Dans une perspective un peu différente, on peut reprendre les analyses que fait Hegel du désir de reconnaissance qui règle les rap­ ports entre les êtres (cf.

la fameuse dialectique du maître et du servi­ teur dans la Phénoménologie de /'Esprit).

L'intersubjectivité, et les limi­ tes de la communication entre les êtres, sont analysées par Sartre, notamment dans Huis clos (Autrui, comme foyer de conscience, est toujours transcendant à ce que je pense saisir de lui.

Il m'échappe, mais son regard, son jugement, détermine tout de même les normes de mon existence).

«L'enfer, c'est les autres».

Là encore, ne semble avoir de prix qu'une reconnaissance réciproque.

• Quelques aspects éthiques du problème - S'il est vrai qu'en visant autrui et sa reconnaissance, le moi ne cherche en fait que « l'unité avec lui-même», on débouche sur l'im­ passe de l'individualisme.

Kant notait (Fondements de la métaphysique des mœurs) que le désir singulier, lorsqu'il prétend réduire autrui à un simple moyen, compromet l'humanité en tant que telle.

Si je veux être reconnu dans ma qualité d'homme, je dois reconnaître aussi autrui en tant que tel, c'est-à-dire comme une fin en soi, et pas seulement comme un moyen.

Ainsi, le «règne des fins », fondé sur la reconnais- 64. »

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