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Flaubert: Un Cœur simple

Publié le 08/01/2020

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Le chapitre premier inscrit Félicité dans la maison où elle servira «pendant un demi-siècle». Apparemment discret dans sa description de la servante, il pose néanmoins quelques jalons importants : piété, propreté, économie sont ses vertus théologales. La mention d’une pendule qui représente un «temple de Vesta» suffit à indiquer que Félicité, vouée à la chasteté, sera la gardienne du triste foyer d’une femme elle-même veuve et dont la petite fille mourra toute jeune. Enfin, le mouchoir d’indienne, détail exotique, même si l’indienne est un tissu déjà ordinaire au XIXe siècle, la voix aiguë, l’image de Félicité en «femme en bois, fonctionnant de manière automatique», sont autant d’amorces destinées à rapprocher la servante de son seul véritable objet d’amour : le perroquet.

Plus long, comme on l’a déjà signalé, le chapitre 2 dispose selon un mode tantôt itératif* et tantôt singulatif*, le tableau de l’existence des deux femmes : visites, marchés, promenades à la ferme de Geffosses, pour les épisodes qui se répètent ; conduite héroïque de Félicité devant un taureau furieux, bains de mer à Trouville, départ de Paul pour un collège à Caen, pour les épisodes uniques.

Construit selon le même schéma, le chapitre 3 montre Félicité conduisant Virginie au catéchisme, qu’elle apprend avec elle, le départ de Virginie pour une pension religieuse à Honfleur, les visites du neveu de Félicité, Victor, et son départ pour un long voyage sur un bateau en partance pour les Amériques. Selon ce rythme - tantôt un événement unique, tantôt la monotone répétition des mêmes événements - le chapitre avance jusqu’aux deux malheurs qui s’abattent symétriquement sur les deux femmes : mort de Victor à La Havane, mort de Virginie à Honfleur. La charité, la piété, la fidélité de Félicité se développent au fur et à mesure que son petit monde se dépeuple. Bien des années après la mort de Virginie, les deux femmes vident son armoire : c’est le premier reposoir du conte, qui annonce celui où figurera Loulou pendant l’agonie de Félicité. Dans l’armoire de Virginie on a en effet retrouvé «un petit chapeau de peluche à longs poils, couleur marron ; mais il était tout mangé de vermine» : de même Loulou, à la fin du chapitre 4, sera dévoré «par les vers».

Adopté à la fin du chapitre 3, Loulou est le héros du chapitre 4. Mais victime de la même fatalité que tous les êtres auxquels Félicité a prodigué sa bonté, il meurt lui aussi, de congestion, comme Madame Aubain et Félicité elle-même, emportées par une maladie de poitrine. Les événements de ce chapitre sont donc encore des morts : celle de Loulou, celle de Madame. Accablée de chagrin, Félicité fait empailler son perroquet, l’installe dans sa chambre au milieu de ses pauvres trésors : souvenirs mêlés de Victor, de Virginie, vieilleries dont sa maîtresse ne voulait plus. Déjà minuscule, le monde de Félicité se réduit encore à la dimension de sa chambre, dans laquelle le perroquet peu à peu se confond avec une image d’Épinal représentant «Notre-Seigneur».

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« FLAUBERT, UN CŒUR SIMPLE c -Liens avec les autres œuvres de Flaubert Ce premier des trois contes est naturellement lié aux deux autres, par proximité éditoriale d'abord, mais plus profondément par son thème central l'histoire d'une ~ainte -qu'il partage avec les d~x autres.

Ce n'est pas non plus la pre­ mière histoire de sainteté que Flaubert eritreprend d'écrire : il a travaillé pendant plus de vingt-cinq ans à sa Tentation de Saint Antoine, et plusieurs personnages de ses romans sont aussi tenté~ par la sainteté (notamment Madame Bovary, qui se fabrique pendant qudque temps un personnage de femme vertueuse et déta­ chée du monde), tandis que d'autres sont guettés par une sorte de gâtisme bigot (Arnoux, dans !.:Éducation sentimentale).

2 - Résumé et composition a- Résumé Un Cœur simple raconte l'histoire de Félicité, une humble servante au service d'une bourgeoise de Pont-l'Évêque, Madame Aubain.

Après une enfance et une adolescence misérables, Félicité, à peu près seule au monde à l'exception d'un neveu qu'elle chérit, a été engagée par Madanie Aubain; elle s'occupe de tout et particulièrement des deux enfants de sa maîtresse, restée veuve_ avec un garçon et une fille, appelés Paul et Virginie.

Bientôt Paul doit aller au collège à Caen et Virginie en pension.

Félicité, à qui les enfants manquent beaucoup, se voit ensuite privée dé son neveu qui s'était engagé comme marin et qui meurt à La Havane.

Bientôt un nouveau malheurs' abat sur elle et sa maîtresse: la petite Virginie meurt d'une fluxion de poitrine.

Quant à Paul, c'est un mauvais sujet.

Les deux femmes vivent donc seules des années durant à Pont-l'Évêque et Félicité révèle peu à peu sa bonté profonde et sa charité en s'occupant des plus pauvres.

Enfin un bonheur lui arrive: des notables de Pont-l'Évêque, le baron et la baronne de Larsonnière, quittent la ville et laissent à Madame Aubain un perroquet qu'ils avaient rapporté d'Amérique.

Mais si la maîtresse se désintéresse vite de l'oiseau, Loulou (c'est son nom) fait la joie de Félicité qui reporte sur lui tout l'amour dont son cœur est rempli et qui ne trouve personne pour l'accepter.

Malheureusement Loulou aussi meurt, d'un coup de froid.

Écrasée de chagrin, Félicité le fait empailler, l'installe dans sa chambre et sombre doucement dans une folie que la vieillesse aggrave : Félicité mourra au mois de mai, le jour de la Fête-Dieu, après avoir offert son perroquet pour décorer le reposoir.

Loulou était devenu son vrai dieu.

b -Composition Un Cœur simple est un bref récit (une trentaine de pages), divisé en cinq chapi­ tres de longueur inégale, les chapitres d'ouverture et de fermeture étant beau­ coup plus courts que les trois chapitres centraux.

191. »

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