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Lecture analytique : Dom Juan, Molière : Acte IV, scène 3 : la visite de M. Dimanche

Publié le 10/06/2012

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En outre, le refus de payer ses dettes est emblématique de l'attitude de Dom Juan envers les autres, la vie ou Dieu. Le héros prend tout ce qu'il désire, accumulant les dettes sans jamais rien donner en échange, hormis des mots trompeurs ou de vaines promesses. Refusant ainsi toute idée de contrat ou de devoir, il perturbe les règles de l'échange social, dont le contrat commercial est ici le symbole (voir aussi son ingratitude envers Pierrot qui lui a sauvé la vie, ou son insolence envers son père qui la lui a donnée). Le débiteur vit dans l'instant du divertissement comme pour dénier indéfiniment la mort, et devient ainsi une figure de la démesure orgueilleuse. Or, dès la fin de cet acte IV, la statue, représentant la justice divine, vient dire au héros « c'est assez « et lui demande de tenir enfin parole.

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« II/ La transgression de l'ordre social Pour présenter cette deuxième partie, rappeler d'abord que la subversion, le désir de transgresser les valeursmorales et le code social de son époque, est une dimension fondamentale du personnage de Dom Juan, que Molièreillustre tout au long de sa pièce, dans des registres tantôt sérieux (affrontement père/fils), tantôt bouffons, commeici. 1-La perturbation du protocole social et de la hiérarchie En feignant de recevoir son créancier comme le « meilleur de (ses) amis » et en donnant au bourgeois le fauteuil,l'accolade ou l'escorte réservés en principe aux seuls aristocrates, Dom Juan s'amuse à pervertir les règles d'un jeusocial strictement codifié.

(Rappeler ici les règles régissant l'attribution des sièges en fonction du rang social + lesrelations entre noblesse et bourgeoisie au XVIIe).

Transgression parfaitement efficace pour humilier et réduire ausilence le visiteur qu'elle prétend honorer.

En outre, l'hypocrisie de Dom Juan envers M.

Dimanche peut êtrecomparée à sa stratégie de séduction des paysannes (comparer les éloges physiques dans les deux scènes) ou DomLouis (V, 1) : le libertin jour les rôles et parodie les discours qu'on attend de lui (débiteur reconnaissant, galanthomme, bon fils repenti) pour mieux se jouer de ses interlocuteurs. 2-La valeur symbolique de l'endettement l'endettement des nobles est un fait de société au XVIIe et annonce l'évolution des relations entre noblesse etbourgeoisie qui va s'accélérer au XVIIIe (la bourgeoisie envie le prestige et les privilèges des aristocrates maiss'enrichit par le commerce et la finance).

Cette scène entre Dom Juan et M.

Dimanche peut donc être lue danscette perspective historique.En outre, le refus de payer ses dettes est emblématique de l'attitude de Dom Juan envers les autres, la vie ou Dieu.Le héros prend tout ce qu'il désire, accumulant les dettes sans jamais rien donner en échange, hormis des motstrompeurs ou de vaines promesses.

Refusant ainsi toute idée de contrat ou de devoir, il perturbe les règles del'échange social, dont le contrat commercial est ici le symbole (voir aussi son ingratitude envers Pierrot qui lui asauvé la vie, ou son insolence envers son père qui la lui a donnée).

Le débiteur vit dans l'instant du divertissementcomme pour dénier indéfiniment la mort, et devient ainsi une figure de la démesure orgueilleuse.

Or, dès la fin de cetacte IV, la statue, représentant la justice divine, vient dire au héros « c'est assez » et lui demande de tenir enfinparole.On peut enfin observer un jeu de symétrie inversée entre la scène du Pauvre et celle de M.

Dimanche : dans lepremier cas, Dom Juan offre de l'argent en échange d'une parole (le juron) qu'il n'obtient pas, alors que dans lesecond cas, il offre des paroles au lieu de l'argent qu'il refuse de restituer.

En outre, on observe à chaque fois unetentative de séduction, ratée auprès du pauvre, réussie avec le créancier.

Enfin, les deux scènes illustrent uneforme différente du rôle subversif de Dom Juan. Conclusion : Cette scène comique exploite les ressorts traditionnels de la farce et met en scène les subtilités ironiques de DomJuan.

Cinq ans plus tard, en 1670, Molière écrira une scène très similaire dans Le Bourgeois gentilhomme (IV, 2).Toutefois, un metteur en scène peut prendre la liberté ou avoir l'audace de transformer une scène comique enmoment dramatique, voire tragique : exposez et commentez à cet égard le parti pris anachronique de mise en scènede Daniel Mesguich.. »

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