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L'État est-il à l'origine de la théorie politique ?

Publié le 27/02/2008

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Toutefois, qu'il s'agisse de l'un ou de l'autre de ces auteurs, une distinction est faite entre la finalité politique (son idéal) et l'activité elle-même de la politique, toujours déjà présente, sous une forme ou une autre du pouvoir dans l'Antiquité Grecque (la monarchie dont la dérive néfaste est la tyrannie, l'aristocratie dont la dérive est l'oligarchie et enfin la timocratie, dont la dérive est la démocratie !). Si le terme d' « État », au sens strictement politisé, n'apparaît que très tardivement, par rapport à celui de « politique », il n'en est pas moins, au regard de la détermination weberienne, l'expression d'une volonté ancestrale de domination et de gestion de toute collectivité humaine déterminée territorialement. De surcroît, l'élaboration d'une théorie politique idéale (platonicienne ou aristotélicienne) semble ne pouvoir se concevoir qu'à l'aune d'un pouvoir déjà manifeste, institutionnalisé. Ses pouvoirs, ses valeurs fondamentales (que les droits et les lois transcrivent) et ses limites sont les matières mêmes du philosophe qui critique ou spécule sur l'activité politique. Le pouvoir en place, toujours déjà à prétention « étatique » (unifiée, autoritaire et stable) fait office de modèle existant (à critiquer ou à encenser !), donc, pour le philosophe et sa pensée politique. Mais ce constat historique (des racines du rapport entre pensée politique et exercice concret du pouvoir) est-il suffisant pour répondre, de manière tranchée et sûre à la question initialement posée ? II. La théorie efficiente d'un État de droit Si, comme nous venons de l'entendre, la pensée théorique est conditionnée par la pratique originelle de la politique dans toutes ses formes, reconnaissons que cette première sera, historiquement, le fondement même de la notion moderne d' « État ». Ce terme sera même l'objet d'une distinction fondamentale que poseront les « théoriciens du droit naturel » (Grotius, Hobbes, Rousseau...) : ils distinguent en effet l' « État de nature » (« status naturalis » en latin), état dans lequel est supposé se trouver l'homme avant la constitution d'une société civile ou politique, « État culturel » dirons-nous.

« dans sa constitution, les progrès qu'il a faits et les connaissances qu'il a acquises ? » (Cf.

Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755), note IX). Ces théoriciens du droit s'accordent cependant sur un point : la nécessité pour les hommes de fonder un pouvoir decohésion, de gestion et de maintient de l'ordre et de la paix entre les hommes d'un même groupe.

Ajoutons que lemérite de la pensée politique, par les « contractualistes », est d'avoir promulgué le critère ultime de légitimation detout État : le « contrat » : « Trouver une forme d'association qui protège et défende de toute la force commune la personne et les biens dechaque associé, et par laquelle chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi librequ'auparavant » (Cf.

J.-J.

Rousseau, Du contrat social ou principes du droit politique , livre I, chapitre 6) Mais loin d'être l'unique origine de ce que nous connaissons en France (et encore moins dans le monde !) en matièred'institution politique du droit étatique, la théorie politique ne se limite pas aux « théoriciens du droit naturel » etaux « contractualistes ».

Deux éléments contradictoires, parmi d'autres, nous empêchent de désigner clairement qui,de l'État ou de la théorie politique, est à l'origine de l'autre. Tout d'abord Machiavel, théoricien et conseiller politique du Prince de l'Italie en crise de la fin du XV ième siècle, considère que la théorie politique n'est efficace qu'au regard objectif de l'histoire de l'exercice du pouvoir qui trouvesa forme la plus accomplie dans l'État.

Celui-ci, pense-t-il, est l'expression adéquate, parce qu'unifiée, de la garantied'instauration et de préservation d'une paix et d'un ordre collectif.

L'humanité trouve en cela la preuve qu'elle n'apas attendu les théoriciens politiques pour mettre en pratique cette volonté collective : la famille, le clan, mais aussila religion sont des expressions de ce désir de sécurité commune qui correspond à l'élection d'une instanceautoritaire suprême (le chef de famille, le chef de clan, le dieu).

Dans son œuvre (Cf.

Le Prince ), Machiavel donne ainsi au Prince (d'une Italie gangrénée par les luttes intestines et ravagée par les invasions ennemies) des conseilspour regagner son autorité vacillante et ainsi permettre la survie de l'État, le bien le plus important.

Ses conseilsseront mal accueillis par la postérité (d'où le terme « machiavélique ») qui considérera, de manière simpliste, quel'auteur était immoral et sans scrupule en indiquent que « la fin justifie les moyens ».

Machiavel donnera cependantà la politique moderne matière et principes utiles en vue de préserver l'État.

Ce que nous appelons aujourd'hui la« raison d'État » fut traduite par l'Italien en termes de « force du lion » et de « ruse du renard » auxquelles lepouvoir doit légitimement faire appel lorsqu'il est menacé.

Au sens de Machiavel la théorie politique se fonde surl'observation et l'analyse fines des manifestations concrètes, historiques du pouvoir politique.

Il est l'instigateur dupragmatisme politique dont font montre tous les États occidentaux dans l'exercice du pouvoir aujourd'hui. Toutefois ce pouvoir, dans sa réalité, n'est jamais sourd.

Qu'il soit juste ou injuste, il évolue avec les conseils desthéoriciens et penseurs du phénomène politique, mais aussi avec les critiques.

Hanna Arendt où encore MichelFoucault ont eu une influence, en leur temps respectifs, sur le monde politique.

La première, par son travaild'analyse et de dénonciation des dictatures, idéologies dangereuses et totalitarismes politiques, a permis au mondeentier de prendre connaissance, distance et acte des horreurs et méthodes du régime nazi ou encore de celles dutotalitarisme soviétique (Cf.

Le système totalitaire )...

Foucault acquiert une notoriété toujours grandissante, aujourd'hui, ayant donné à voir quels sont les enjeux et les méthodes du pouvoir politique dans son exercice (Cf.Surveiller et punir , notamment sur les méthodes subtiles et cyniques du pouvoir exécutif et coercitif).

L'observateur du système politique effectif qu'est Foucault oblige les instances politiques gouvernementales à, sinon modifier leursméthodes et leurs fondements, se méfier de notre capacité collective à ne pas rester ignorant des excès et desabus qui préexistent dans chaque État. Conclusion Bien que le terme ne soit utilisé dans son sens politique qu'à partir du XVI ième siècle en France, force est de constater que, dans l'histoire de l'humanité, là ou il y a collectivité préexiste une volonté de préservation decelle-ci contre toute violence (interne et externe) et donc d'organisation et de régie du groupe par uneinstance d'autorité suprême.

Cette volonté « étatique » (Cf.

étymologie) serait donc à l'origine de cequ'Aristote, par exemple, a désigné lorsqu'il parle de l'essence de l'homme comme « animal politique ». Cependant cette origine n'est pas immuable et le monde voit diminuer, au fil du temps, les expressionsabusives, violentes, despotiques ou tyranniques du pouvoir politique.

Cette influence du théorique sur lapratique politique est notable bien qu'il existe encore, de nos jours, des États iniques et totalitaires.

Sansdoute que l'État idéal ne peut trouver son fondement qu'à l'intérieur d'une théorie politique, et non dansquelque manifestation concrète.. »

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