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Population et morale

Publié le 19/09/2015

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morale

Sans doute, c’est pour l’homme lui-même, pour l’humanité de demain, que serait restreinte la liberté de l’individu d’aujourd'hui; mais on peut se demander si les droits de l’humanité de demain, qui n’existe pas encore, priment ceux des hommes qui vivent actuellement et ont une destinée à remplir.

 

A ces difficultés générales, il est facile de répondre qu’on peut agir sur le mouvement de la population sans violer les droits individuels et dans le respect de la liberté. Las moyens les plus conformes aux exigences de la dignité humaine sont d’ordre moral : ce sont les moyens de cette espèce que préconisait Malthus pour parer au danger de la surpopulation; on a également fait appel au patriotisme et à l’esprit religieux pour augmenter le nombre des naissances. Les faveurs accordées aux familles nombreuses ne portent pas davantage atteinte aux droits de chacun et respectent la liberté individuelle.

 

Mais il est bien difficile de s’en tenir à ces mesures, et nombre de moyens proposés par les démographes ou par les. eugénistes et effectivement mis en pratique en divers pays, semblent bien violer certains droits essentiels de l’homme. Il nous suffira d’en énumérer quelques-uns.

 

Il est légitime, dans le but d’augmenter la population, de favoriser les familles nombreuses. Mais peut-on admettre que, dans un pays menacé de surpopulation, les faveurs aillent aux familles peu nombreuses ou aux ménages sans enfants ? Tous les enfants ont le droit de vivre et l’Etat n’a pas celui de les condamner à mort. Il n’a même pas le droit, par la menace de ses sanctions, de provoquer une restriction de naissances qui ne serait obtenue que par des moyens immoraux, comme les procédés anticonceptionnels ou l’avortement.

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« giques que nous nous contentons d'énumérer : Quel·s sont le mmrmum et l'optimum vital de l'homme? Jusqu'où s'étend la zone des terres habi­ tables et celle des terres cultivables? Le biologiste ne peut-il pas, par fécondation artificielle et par sélection, créer des espèces végétales ou animales d•ont la résistance au froid ou à la iléchere·s.se permettrait d'aug­ menter con·sidérablcment la prüdnction agricole de la planète? etc.

Sur le plan national, l'économiste proposera d'agir sur les nai·s·sance·s comme on agit sur la pr·oduction : subventions aux produit·s que l'Etat désire voir ·se multiplier; taxe sur ceux qu'il juge opportun de re·streindre.

Dan.g le but de faire remonter la natalité, la France, surbout depui,s le Code de la famille, accorde de substantiels avantages aux familles nom­ breuses et taxe les célibataires.

Dans les pays surpeuplés, l'économi.ste proposerait la suppression de ces mesures ou même l'établissement de mesures inver>Ses : faveurs accordées aux célibataiœs.

et aux familles peu nombreuses ou sans enfants; taxation des familles nombreu'Ses.

Mais l'effet des mesures fiscales n'est pas immédiat, et, d'ailleurs, il n'est ordinairement pas.

facile de le constater (e.st-il certain que l 'augmen­ tation de la natalité d 'aprè·s guerre soit due à la politique familiale de hl.

dernière décade?) Le biologiste aura plus de confianc•1 en ses moyens.

Voulez-vous beaucoup d'enfants? Il vous établira une technique pour la production et l'élevage en série, ainsi qu'il ·se fa:t pour les animaux domes­ tiques.

Peut-être même vous fei'a-t-il entrevoir le jour, que nous fait redouter Aldous HuxLEY dans Le meilleur des mondes, où, sans parents et sans famille, de petits humains exactement aptes au rôle que la société leur destine, seront fabriqués· dans les laboratoires.

Faut-il, au contraire, diminuer la population, il vous proposera de stériliser les individus dont on ne peut attendre qu'une de.scendance médiocre, procé·dé qui aura le double avantage de restreindre les naissances et d'améliorer la race par une ·sélection méthodique.

Mais, ,s'il est urgent de réduire le n-ombre de bouches à nourrir, il excogitera quelque moyen de se débarras.ser sans scandale des improductifs : les vieillards et le-s malades.

I~e projet de recourir à des méthodes de ce genre pour modifier la popu­ lation d'un pays pose dans toute son acuité le problème moral auquel on se heurte dans ce domaine.

B.

Le proMème moral.

-Le moraliste ne peut qu'approuver le projet formé par les économistes et par les eugénistes d'obtenir dans les divers pays et sur la planète tout entière la population optima en quantité et en qualité.

En effet, !'-optimum quantitatif constituerait une des meilleures garanties contre les guerres, cause ou occasion ·de tant de désordres lilloraux; sm le plan individuel, elle assurerait le bien--être qui conditionne norma­ lement la dignité de vie.

Un progrès qualitatif .serait accŒ:npagné d'une amélioration de la moralité publique et par contrecoup de la moralité individuelle.

Ce qui inquiète le moraliste, ce s-ont les moyens préc-onisés p-our aboutir à ce résultat désirable.

Pour lui, en effet, la fin ne justifie pas les moyens; la fin la plus souhaitable ne peut être .obtenue que par des moyen,s légitimes.

Or, pour commencer par des considérations générales, est-il légitime de procéder avec l'homme comme avec les animaux, de le déplacer par déci­ sion administrative et de déterminer le nombre d'enfants qu'il doit prü­ créer P L'homme est un être rais•onnable et libre : quiconque le traite comme une cho·se ou comme un animal attente à sa dignité.. »

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