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pourquoi douter?

Publié le 03/01/2012

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POURQUOI DOUTER ?

 

 

Lorsque nous parlons du doute nous pensons son contraire, la certitude, et quoi de plus jouissif que d’être sûr de soi. La certitude nous fait atteindre un but, une arrivée gagnante, on a beau se retourner on est sûr du moment présent et des choix que l’on a fait. Dans ces conditions, pourquoi douter ? En effet pourquoi se poser la question, ou se poser des questions ? Le doute s’oppose donc à la certitude, à ce qui n’est pas discutable, c’est un questionnement, une discussion sans fin, et cela dans tous les domaines. Le quotidien nous met face au doute, face à certain choix, mais le doute qui  nous intéresse est plus philosophique et nous questionne sur notre origine. Le questionnement est intrinsèquement lié à l’homme, l’humanité est un étonnement permanent, une jungle des passions et de remises en cause où l’homme se cherche et cherche des repères. Le doute fait donc partie de notre vie et chaque homme à un moment de sa vie c’est posé la question de savoir si Dieu existe ou pas. Certains penseurs tels que Descartes et Montaigne ont poussé leur démarche jusqu’à l’extrême et de leurs études et de leurs résultats nous essaierons d’en comprendre le fonctionnement et comme chaque question appelle une réponse nous nous demanderons si la réponse obtenue nous satisfait et si nous sommes capables de l’assumer.

 

 

 

Le doute est une expérience que nous faisons et que nous vivons constamment, qu’ils soient d’ordre religieux, éthique, ou plus simplement au quotidien sur un achat, un choix. Il y a une multiplicité de raisons au doute quotidien: un sentiment, un angoisse, un manque de connaissances, autant de raisons qu'il y a d'individus. Mais le doute qui nous intéresse est plus profond et repose sur des questions existentielles. D’où venons nous ? Qui suis-je ? Dans ce domaine métaphysique, la science nous révèle peu à peu nos origines terrestres, et même si la science éclaire certaines de nos questions sur la théorie de l’évolution de Darwin, par exemple, elle ne peut répondre à : qu’est-ce qui en est l’origine ? Et sans réponses concrètes, s’engouffrent alors en nous croyances et opinions dans lesquelles nous vivons pour trouver une certaine stabilité. Stabilité que Descartes veut affirmer et établir en utilisant le doute méthodique, dont le but est de rechercher la vérité vraie.

Cette méthode s’applique donc systématiquement à tout ce qui n’est pas certain, voire d’une certitude absolue, elle est hyperbolique et métaphysique car elle pose comme faux ce qui est douteux et comme trompeur ce qui a pu nous tromper.

Nos sens nous trompent en permanence, les illusions d’optiques, nos rêves en sont des exemples concrets. Même les mathématiques pourraient bien nous tromper. Mais ce qui nous met dans l’erreur c’est notre entendement, notre précipitation à juger ce que nous recevons de nos perceptions. Ainsi tout est remis en question, « Puisque tout ce que j'ai appris est incertain, il est préférable d'en douter pour éviter l'erreur due aux préjugés ou à la précipitation du jugement. Par conséquent, si appliquant correctement ma raison et doutant de tout je découvre néanmoins une vérité, celle-ci sera dite indubitable (il sera impossible d'en douter). » Descartes établit le célèbre « je pense, je suis »

Voici une base solide un premier pas vers la vérité. Mais quelle vérité ? A ce stade Descartes a établit qu’il est, et que nous sommes, une chose pensante qui doute et qui désire. Mais cette conscience de réalité pensante, il ne sait pas d’où elle provient et selon son principe de causalité qui veut que tout effet à une cause il en déduit que le fait qu’il conçoive l’infini lui vient d’un être infini. Il établit l’existence de Dieu, le sens commun veut qu’on le nomme Dieu mais cette dénomination est encore bien « humaine » et toujours selon son principe de causalité Dieu proviendrait d’un autre être et serait donc imparfait, ne sommes nous pas le dieu de quelqu’un alors ? On peut remonter ou descendre la chaine infiniment, et le doute porte sur cet infini, sur ce que nous ne pouvons concevoir et comprendre, et ce vide de l’infini est plein de questions et de doutes on lui donne le nom de Dieu, mais ne sommes nous pas capables d’assumer que nous existons peut-être par nous mêmes, sans l’aide de personne ? Ce « peut-être » est déjà l’ouverture d’un quelque chose d’autre et pourquoi pas d’un Dieu ? Qu’est-ce que Dieu ? Descartes nous a emmené aux portes de la connaissance et ce n’est qu’en poussant ces portes que nous pourrons nous convaincre qu’elles sont fermées, et non en restant devant elles passivement.

On pourrait croire que Montaigne en pratiquant la suspension de jugement se trouve passif, mais en fait il utilise ce mode sceptique d’une toute autre manière.

 

Montaigne s’étudie, il met en balance toutes les objections contradictoires afin de trouver un équilibre parfait il utilise pour cela le diallèle, un des cinq modes de suspension de jugement qui consiste à définir un terme ou à démontrer une proposition au moyen d'un autre terme ou d'une autre proposition, qui ne peuvent eux-mêmes être définis ou démontrés que par les premiers. D'une manière générale, le diallèle se produit lorsque la preuve de ce qu'on cherche est fondée sur la validité d'une seconde preuve qui tire elle-même sa justification de la première. Le sceptique s’abstiendra de juger l’un et l’autre, c’est l’épochè. Ce mode là permet en effet d’atteindre la paix, l’ataraxie. Mais ce doute peut aussi passer à première vue pour une faiblesse, une défaite de la pensée, car c’est reconnaître que l’on ne sait pas et que l’on ne parvient pas à atteindre la vérité. N’est-ce pas pourtant ce que recherche tout homme ? Montaigne ne considère pas que l’esprit humain soit incapable d’atteindre la connaissance certaine, car  ce serait être dogmatique en affirmant cela, alors que justement le doute ne peut affirmer quoique ce soit, la devise sceptique peut alors se résumer dans sa célèbre question « que sais-je ? » En effet le jugement que nous portons sur les choses est faussé par nos émotions, car nous percevons les choses de la manière dont elles nous affectent et non comme elles sont. Si elles se présentaient comme telles l’homme aurait une connaissance, un savoir, mais ce n’est pas le cas, comme nous ne pouvons en juger il faut s’abstenir. 

Le problème du savoir est prépondérant, mais voilà déjà une base solide, le fameux questionnement du sceptique à coté de la certitude de Socrate « je sais que je ne sais rien ».  Pourtant la question du savoir humain est liée à celle du rapport entre l’homme et Dieu, et nous pouvons nous demander si la raison humaine peut connaître Dieu sans le secours de la révélation. Montaigne critique le coté anthropomorphiste que l’homme à donné à Dieu, mais l’homme n’a que lui comme modèle et nous avons vu qu’il ne peut pas faire confiance ni à ses sens ni à sa raison, tout est lié, tout marche sur un plan humain mais dès qu’on touche au divin tout s’écroule. Car même la plus pure idée de perfection que nous puissions avoir,  demeure une perfection humaine, exprimé dans des mots humains. « Chaque homme porte en lui la forme entière de l'humaine condition » Après avoir scruté l’âme humaine, il semblerait que Montaigne doute de l’existence d’un Dieu et préfère s’abstenir de tout jugement, fidèle à sa devise.

 

De Descartes ou de Montaigne leur travail diffère sur certains points, notamment quand ils traitent du lien entre vérité et toute puissance de Dieu, Montaigne est très pessimiste à l’égard de la nature humaine et sur le fait que l’homme ne peut connaître les choses telles quelles sont en elles-mêmes, Descartes soutient le contraire, il soutient également qu’il y a un lien entre cause et effet, alors que Montaigne le nie. Ils sont néanmoins d’accord sur le fait qu’il nous faille des bases solides pour établir quoique ce soit, ils ne sont pas incroyants ils veulent être sûrs. Pour cela ils doutent. Descartes doute pour ne plus douter, Montaigne doute sans cesse.

De ces deux façons de douter c’est bien le besoin de savoir qui en ressort, L’homme est un animal qui a perdu son instinct et qui ne se fait pas confiance. C’est peut-être parce qu’il a perdu ce caractère inné que l’homme s’est développé et a progressé dans le temps, il a évolué grâce au doute qui grandissait à chaque perte de ses connaissances innées le propulsant à la recherche de la vérité. Mais le plus grand doute reste métaphysique, est-ce que Dieu existe ? Pour un fidéiste il faut croire sans savoir, pour un athée il ne faut pas croire et ne pas savoir et pour un sceptique il peut croire et il veut savoir. C’est donc bien le sceptique et son doute qui est le plus près du savoir, soit il le frôle et essaye de rester en contact, soit il établit des bases solides de certitudes pour mieux prendre appui pour les prochains doutes.

 

Pour conclure nous avons vu que le doute est omniprésent, qu’il rythme notre vie, et qu’il nous met toujours face à nous-mêmes. Pourquoi douter ? Parce que le doute est humain et que l’humanité a besoin de se connaître, et donc elle cherche des réponses concrètes, soit en utilisant un doute sceptique extrême qui montre que  deux opinions contraires sont toujours possibles à chaque question posée, et qu’ainsi elle s’approche de la vérité, soit en vidant « le panier de pommes » et en y faisant le tri de nos connaissances afin de repartir sur des bases solides. Pour s’approcher de la vérité et de Dieu il ne suffit pas de se contente d’axiomes, il faut des preuves. Nous ne savons toujours pas si Dieu existe, mais peut-être que l’esprit humain n’est pas capable de le discerner, ou d’assumer, on sait que l’esprit peut refouler complètement des moments tragiques, sommes nous dans ce cas là ?

Est-ce que cela voudrait dire que la vérité de Dieu est tragique ? Y a t’il une vie après la mort ? Voici encore plein de questions qui cherchent réponses.

 

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