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Dossier sur les Pratiques Professionnelles

Publié le 25/02/2019

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Domaine de Compétence n°1

 

Dossier sur les Pratiques Professionnelles

 

'' Être traversé par le mouvement, pas emporté par lui ''

 

Proverbe Taoïste

 

Sommaire

 

Introduction …................................................................................................................... 1

I - Les différents registres de l'accompagnent éducatif

 

1- Une relation éducative …..................................................................................... 1

2- La rencontre …....................................................................................................... 2

3- La parole …............................................................................................................ 4

4- L'expérience …....................................................................................................... 5

5- La dimension affective

a) Le transfert et l'enjeu de la séparation …................................................... 6

b) L'émotionnel …........................................................................................... 7

c) Le ''pas de côté'' …..................................................................................... 8

d) Les moyens de mise à distance …............................................................. 8

 

 

 

II – Les enjeux de la pratique éducative

 

 

1- Permettre l'apaisement …...................................................................................... 10

 

2- Reconnaître l'Autre …............................................................................................ 12

3- Représenter les limites, symboliser la Loi ............................................................. 13

 

4- Dans une démarche éthique... ….......................................................................... 14

 

Conclusion ….................................................................................................................... 15

 

 

Bibliographie …................................................................................................................ 16

 

 

Introduction

 

Depuis que je suis entrée en formation, je ne compte plus les fois où j'ai entendu :

'' Ah éducatrice spécialisé, c'est bien ça, c'est un beau métier, mais c'est dur... Mais en fait, ça fait quoi exactement un éducateur spécialisé ? ''

Le fait est qu'au début j'avais bien du mal à répondre à cette question. Puis des éléments de réponse sont apparus, grâce aux allers-retours entre la théorie en formation et l'éprouvé sur le terrain. Petit à petit, ma posture professionnelle a commencé à se dessiner. Je vous propose ici de retracer cette construction progressive.

Mon premier stage s'est déroulé dans un foyer de vie de l'association A.J.H. (association des jeunes handicapés). Ce foyer accueille des personnes vieillissantes porteuses d'un handicap mental. J'ai travaillé plus particulièrement sur le pavillon des Bruyères qui accueillait douze femmes entre 40 et 67 ans, ayant une bonne autonomie. L'équipe était constituée de quatre AMP (aide médico-psychologique) et d'une éducatrice spécialisée.

Mon deuxième stage s'est déroulé dans le service ''grands-ados'' de la maison d'enfants à caractère social (MECS) de l'association ADSEAA à Pamiers. Ce service offre un espace transitoire d'accompagnement à la majorité à des jeunes de 16-18 ans investis dans un projet professionnel. L'objectif est d'individualiser l'accompagnement en vue de travailler autour de l'autonomie et de la responsabilité. L'équipe était constituée de deux éducateurs spécialisés, de trois moniteur-éducateurs et d'une maîtresse de maison.

Enfin, j'ai effectué mon stage à responsabilisation au sein du service de l'aide sociale à l'enfance (ASE) de l'UTAMS1 de Muret. Les missions de l'ASE sont la prévention ou la protection des mineurs et des jeunes majeurs exposés à un danger ou à un risque de danger. L'équipe pluridisciplinaire était composée de neuf assistants socio-éducatifs (éducateurs ou assistants sociaux), de deux psychologues et d'une technicienne de l’intervention sociale et familiale (TISF). J'y ai participé à la mise en place et aux suivis de mesures de placement et d'aide éducative à domicile (AED).

Ma découverte du métier, à travers ces différents lieux de stage, c'est faite autour de plusieurs thèmes. Je les ai développé dans les deux écrits qui précédent et construisent celui-ci: l'approche thématisée et l'approche globale. La première, réalisée dans le cadre du foyer de vie, traitait de l'accompagnement des personnes en souffrance physique ou psychique.

La seconde, réalisée à la MECS, développait la question de la relation éducative: ses objectifs, ses enjeux, ses moyens.

Je vous propose ici, un écrit qui ne sera pas un copié-collé des deux précédents, mais une refonte des thématiques abordées, enrichie de ma dernière expérience de stage.

Je m'appliquerais dans un premier temps à présenter certains des différents registres composant l'accompagnement éducatif qui m'ont particulièrement interrogée. Ce sera l'occasion de s'interroger sur les moyens que l'éducateur a pour intervenir. Dans un second temps, je m'intéresserais aux enjeux de la pratique éducative.

 

 

I - Les différents registres de l'accompagnement éducatif

 

1 - Une relation éducative

 

Les publics de l'éducation spécialisé sont multiples. Mais un mathématicien dirait, dans tout groupe, il y a toujours un dénominateur commun. Alors ici lequel est-ce ?

Parmi toutes les réponses que j'ai pu trouver, celle de Michel Autès me semble particulièrement parlante: « Des pas tout à faits sujets, des identités incertaines, des paroles inaudibles ou manquantes, un lien social en rupture: on pourrait reprendre toutes les figures concrètes que rencontre le travailleur social (…), elles portent toutes la marque d'un ratage, d'un processus inachevé, bousculé d'événements inattendus, de quelque chose qui n'a pas pris, qui n'a pas sa place, et qui en souffre, mais en même temps dérange »2.

L'éducateur intervient donc auprès des personnes, dont les difficultés ou la souffrance créent un malaise, une crise, une rupture. Il s'agit alors d'accompagner l'autre dans une démarche de réparation, de lui et de son lien social en rupture, ou en risque de l'être.

Mais avec quels outils œuvrons nous à cette réparation ? L'horloger se sert de pinces et de pièces de rechanges pour restaurer l'objet qu'est la pendule. Plus prés de nous, l'assistant social utilise des outils tels que le RSA, les aides au logement, les aides alimentaires... Nous, éducateurs, n'avons pas de tels outils concrets. Nous n'avons aucune pièce à proposer à l'autre, car des composants de l'être, aucun double n'existe. En la matière, chacun est le créateur de lui-même.

J. Rouzel dit « On ne change pas les événements, mais le sujet peut changer de position par rapport à ce qu'il subit. »3.

Nous ne pouvons alors que proposer à l'autre de l'accompagner à se réparer lui-même (et/ou à vivre avec ce qu'il est), en expérimentant avec nous, par nous, à travers nous ou contre nous, ce que c'est que d'être au monde et d'être à l'autre. Cette mécanique se met en place à travers la relation que nous allons créer avec la personne. Notre outil à nous, c'est la relation.

 

D'accord, mais quel type de relation ? Nos vie sont faites d'une multitude de relations: sentimentales, sexuelles, familiales, amicales, professionnelles... Elles nous engagent toutes d'une façon particulière et nous demandent des compétences différentes.

Face à des personnes dont l'identité peut être vacillante et la construction psycho-affective fragile, nous nous devons de nous engager de façon claire et repérante.

 

J. Rouzel définit ainsi les modes de la relation éducative: « Si la relation engagée par un éducateur avec une personne en souffrance obéit aux aléas de toute relation humaine, cette rencontre singulière prend, en revanche, une toute autre dimension qu’une relation d’amitié ou de camaraderie. D’une part, elle prend en compte la demande singulière des personnes. D’autre part, elle s’inscrit dans un projet, obéit à une mission, est garantie et contrôlée par une institution, étant elle-même sous la tutelle d’un organisme d’état ou d’une collectivité locale […]. Du coup, la relation éducative est au service de ces différents niveaux d’objectifs […]. La relation éducative est le moyen d’agir dans le sens d’un changement des personnes en vue d’une meilleure insertion pour elles dans la communauté des citoyens. »4

La relation, dans l'accompagnement, est un engagement professionnel en direction d'un usager et au service d'un objectif. Elle vise à être éducative et elle induit une posture professionnelle.

 

2 - La rencontre

 

Toute relation démarre par une rencontre. J'ai compris, au fur et à mesure de mes stages, que ce n'est pas une étape anodine. Il s'agit d'aller vers l'autre afin de comprendre la teneur de ses difficultés en fonction de sa personne et de son contexte. C'est à dire en ne l'enfermant pas dés le départ dans le diagnostic de son problème: déficient, schizophrène, délinquant, parent maltraitant ou encore chômeur ou SDF...

 

Je me suis notamment confrontée à cette nécessité auprès du public déficient mental. J'ai passé beaucoup de temps à chercher ce qu'était que le rôle de l'éducateur auprès d'eux. Face à des comportements parfois difficilement compréhensibles, j'ai eu tendance à m'intéresser d'abord au ''diagnostic'' de leur ''problème'' avant même de chercher à les connaître.

Parce que plus intelligible et donneur de sens, le diagnostic me rassurait. Il me permettait entre autre de mettre de la distance face aux souffrances parfois criantes des résidentes et donc de m'en protéger.

Mais je me suis bien vite rendu compte que, pour la plupart, aucun diagnostic précis n'était posé ou que l'équipe éducative n'en était pas informée. Il m'a alors fallu aller au-delà du symptôme pour apprendre à connaître les personnes ''cachées'' derrière.

J'ai découvert des individus à part entière, tous différents, porteurs de difficultés certes mais également de choses à offrir : des capacités, des dons parfois, de l'humour, de la tendresse...

J'ai découvert le partage de moments avec eux : des moments de vie banale, des moments de confrontation mais aussi des moments de plaisir et de joie. J'ai réalisé que l'accompagnement passe par ce partage de vécu et que c'est à travers lui que l'on ''prend en charge'' la difficulté qu'ils rencontrent.

Aller à la rencontre de la personne, c'est s'intéresser à sa vie, à son passé, à ce qu'il a à nous proposer et pas seulement s'intéresser à son handicap ou à ses troubles...

 

J'ai également éprouvé cet intérêt de la rencontre en MECS. Je me souviens avoir dù effectuer l'accompagnement de Mathilde sans avoir lu son dossier, parce que le moniteur éducateur refusait de me le montrer, m'encourageant à aller à sa rencontre, me disant qu'elle saurait me donner ce dont j'aurai besoin pour l'accompagner.

Sur le moment, cela a été assez violent pour moi. Prise dans ma peur de '' mal faire '' ou de '' faire mal '', je pensais pouvoir me raccrocher à ce que j'aurais appris d'elle, pour déjà la connaître, déjà la cerner un peu.

J'étais prise dans la volonté d'être une '' une bonne éducatrice '', de faire bien et de montrer à mes collègues que je faisais bien. Je ne voulais pas prendre le risque de faire des erreurs.

Finalement, j'ai rencontré Manon et je l'ai accompagnée pendant deux mois. Oui, je me suis parfois trompée dans mes interprétations et certaines de mes réactions n'ont pas été toujours tout à fait appropriées. Mais cela a fait l'objet d'échanges avec l'équipe et petit à petit mon intervention s'est construite.

Aujourd'hui je comprends que c'est ça le premier travail de l'éducateur: aller à la rencontre de l'autre réellement. C'est à dire en le considérant comme une personne et non seulement comme un sujet ''à problème''. C'est prendre un risque, le risque d'être déstabilisé, de mal s'y prendre et peut être, oui, de se ''faire berner'' un temps, que l'autre nous montre à voir ce qu'il veut ou essaye.

Mais après tout, nous ne connaissons jamais toute la vérité d'une personne. Et finalement, ce qu'elle cherche à nous cacher, ce qu'elle met en scène et comment elle le fait, nous parle autant d'elle que ce qu'elle veut bien nous dire sciemment.

Il me semble que c'est une des compétence de l'éducateur, que de savoir aller à cette rencontre, en étant suffisamment disponible, prêt à recevoir ce que la personne aura à donner et commencer à travailler à partir de cela.

A trop s'inquiéter d'être ''un bon éducateur'', on est parfois plus ...

«                                                    . »

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