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Espérance de vie : un avantage féminin menacé ?

Publié le 20/11/2021

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Espérance de vie : un avantage féminin menacé ?

France Meslé *

Partout dans le monde, au XXe siècle, les hommes et

les femmes ont vécu des progrès sanitaires considérables. Mais, dans le même temps, l’inégalité entre les

sexes s’est creusée et les femmes, bénéficiant de gains

plus importants que les hommes, ont progressivement

distancé ces derniers. Les raisons de l’avantage féminin

ont été largement débattues : avantage biologique,

comportements plus favorables à la santé, rapport plus

facile à la médecine [1]. Depuis deux décennies toutefois cet avantage a commencé à se réduire, d’abord

dans les pays anglo-saxons et nordiques, puis plus

récemment en France et dans les pays méditerranéens [2]. À quoi tient ce retournement qui touche l’un

après l’autre les pays à faible mortalité ? La surmortalité masculine diminue-t-elle à tous les âges et pour

toutes les causes de décès ? Pourquoi le Japon, où l’espérance de vie est la plus élevée du monde, reste-t-il en

dehors du mouvement ?

L’espérance de vie progresse désormais

plus rapidement chez les hommes

Figure 1 - Évolution de l’écart d’espérance de vie

entre les sexes dans 5 pays industrialisés depuis 1950

Différence (années)

9

France

8

États-Unis

7

Italie

6

5

Angleterre-Galles

B U L L E T I N

L’écart d’espérance de vie entre les sexes s’est creusé

dans les pays industrialisés jusqu’aux années 1970 (figure 1). Dès le début de cette décennie toutefois, il a

cessé d’augmenter dans les deux pays anglo-saxons

retenus ici en exemples, l’Angleterre-Galles et les ÉtatsUnis, puis s’est considérablement réduit. En 2000, dans

ces deux pays, la différence d’espérance de vie entre les

sexes est inférieure à celle que l’on observait en 1950

(5,4 ans contre 5,5 aux États-Unis et 4,7 ans au lieu de

4,8 en Angleterre-Galles). En Suède, prise ici en

exemple des pays nordiques, le retournement est un

peu plus tardif et l’écart ne s’est réduit qu’à partir de

1980. La différence s’y élève encore à 4,3 ans en 2000,

alors qu’elle n’était que de 2,8 ans en 1950. Pour la

France et l’Italie, le schéma est différent : après trois décennies d’élargissement de l’écart, celui-ci s’est stabilisé pendant une douzaine d’années et ce n’est que

depuis 1992 en France et 1995 en Italie qu’il diminue

véritablement. En France, il n’était plus que de 7,0 ans

en 2003 alors qu’il avait culminé à 8,2 ans dans les

années 1980.

Ce retournement s’est produit alors que l’espérance de vie continuait à progresser aussi bien pour les

hommes que pour les femmes (tableau 1). Il ne dépend

ni du niveau d’espérance de vie ni de la valeur de

l’écart. Ainsi en Angleterre-Galles en 1970 le retournement se produit alors que la vie moyenne atteint juste

71 ans alors qu’en France l’espérance de vie dépasse

74 ans quand l’écart se stabilise, et atteint presque

78 ans quand il commence à diminuer. Aux États-Unis

et en France, la différence d’espérance de vie était du

même ordre de grandeur jusqu’aux années 1970. Pour

les premiers l’écart a cessé de se creuser dès le début de

cette décennie alors qu’il s’élevait à 7,5 ans, tandis qu’en

* Institut national d’études démographiques

SOMMAIRE

M E N S U E L

Juin 2004

POPULATION

SOCIÉTÉS

D ’ É T U D E S

D É M O G R A P H I Q U E S

Numéro 402

Éditorial – Espérance de vie : un avantage féminin menacé ?

• L’espérance de vie progresse désormais plus rapidement chez les hommes - p. 1 • Le poids des maladies chroniques - p. 2 • Les hommes adoptent

les comportements féminins favorables à la santé - p. 2 • Une surmortalité masculine qui ne diminue pourtant pas à tous les âges - p. 3

• Et le Japon ? - p. 4

4

3

2

1950

Suède

INED

23804

1960

1970

1980

1990

2000

2

Espérance de vie : un avantage féminin menacé ?

Tableau 1 - Évolution des espérances de vie masculine

et féminine et de l’écart entre les sexes depuis 1950

dans quelques pays industrialisés

Pays

Espérance de vie (ann&ea...

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