A quelles conditions les échanges avec autrui sont-ils authentiques ?

« - L'échange est avant tout communication.

Merleau-Ponty, dans Phénoménologie de la perception soutient qu'il y a relation autrui dès lors qu'il y a une communication possible.

Cettecommunication n'est empêchée que par le regard objectif que l'on porte surautrui.

Considérer l'autre comme un objet exclu en effet toute possibilité decommunication.

Pour le philosophe, on comprend qu'une communication etdonc un échange authentique sont possibles quand l'objectivation de soi parl'autre est ressentie comme pénible pour nous.

Si l'on reste indifférent auregard que peut porter un chien sur nous même, nous sommes blessés d'êtreconsidéré par un autre être humain comme un simple objet.

En revanche, siautrui reconnaît en nous un alter ego , un être humain et non un objet, qu'une communication sera possible (on ne communique pas avec des animaux oudes objets, mais seulement entre êtres humains).

La souffrance engendréepar l'objectivation et la négation qu'autrui peut faire de nous résulte de sonabsence de reconnaissance avant même son refus de communiquer.

Car « lerefus de communiquer est encore un mode de communication », écritMerleau-Ponty, car il suppose que si l'on refuse de communiquer, c'est déjàque l'on a établit que la communication était possible, et donc que l'on areconnu l'autre comme un alter ego .

Par conséquent, la l'échange pour Merleau-Ponty serait d'abord la reconnaissance, un regard humain porté surun autre être humain, quand bien même il refuse d'entrer en communicationréelle avec lui.

Ce « qui en moi et en autrui marque les limites de toutesympathie, suspend bien la communication, mais ne l'anéantit pas », affirme-t-il. - Pour Merleau-Ponty c'est la communication qui cesse de rendre autrui transcendant, c'est-à-dire extérieur à moiet inaccessible, tel un être qui me dépasse.

La communication est donc la condition de l'instauration d'un échangeauthentique entre deux être humains qui se considèrent comme semblables.

3ème partie : Un échange est authentique quand il est orienté par le désir. - Ce qui relie les êtres, et constitue le véritable échange, c'est l'affect, et les sentiments.

Les individus entrent enrelations par sympathie, puis ils se découvrent des points communs, et se créer alors des liens d'amitié, decomplicité, voire d'amour.

La relation d'amitié ou d'amour entre deux êtres est loin d'être un conflit.

Au contraire, ellesuppose une certaine fusion entre deux personnes, qui sont prêtes à se donner l'une pour l'autre, à partager leurbien, leur expérience, leur vie.

La relation à autrui peut être une relation communautaire, solidaire, fondée surl'échange, le partage la philanthropie et l'altruisme.- C'est du désir que naît l'authentique échange, et non du simple besoin relatif à des intérêts matériels.

Alors que lebesoin me maintient dans un cycle de consommation, le désir m'introduit à la dialectique de la reconnaissance, quiest un échange authentique.

Pour Hegel, désirer l'autre, c'est désirer être reconnu par l'autre, c'est se ressaisir soi-même dans son rapport à une autre conscience de soi.

Échanger avec autrui, c'est alors se sentir exister pourquelqu'un, c'est avoir conscience de soi à travers le désir de l'autre.

Lorsqu'on entre en relation avec autrui, ondésire l'autre pour qu'il nous reconnaisse, et ce n'est qu'alors qu'on est sûr d'exister, car on a besoin de la médiationpar l'autre.- L'échange est donc orienté par le désir, non pas matériel et financier, mais désir inhérent à l'homme qui est un êtrede manque, qui ne se suffit pas à lui-même et recherche autrui pour s'épanouir soi.- Si l'homme obéit à l'injonction morale établie par Kant dans la Fondation de la métaphysique des moeurs , la relation à autrui doit être fondée sur le respect de l'autre.

L'impératif catégorique kantien stipule : « Agis de tellesorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne d'autrui, toujours en même tempscomme fin, jamais simplement comme moyen ».

La relation à autrui ne doit pas être fausse et corrompue si elle estsoumise à la loi morale, donc l'échange est authentique s'il est respectueux de la liberté d'autrui.

Conclusion : L'échange authentique avec autrui, c'est avant tout l'échange nécessaire, conditionné par notre nature humaine quia besoin d'autrui pour vivre et s'épanouir.

Les hommes sont faits pour vivre entre eux, pour s'entraider, et permettrepar leurs échanges de parvenir à un confort de vie.

L'échange authentique, primaire et sincère, c'est donc celuifondé sur l'intérêt pragmatique et concret, celui qui installe les êtres dans une relation d'interdépendance, dans untissu de relations commerciales, au sein de la société et dans le cadre de la division du travail.

Mais l'échange entreles humains le plus authentique n'est encore permis que si l'on accepte de considérer autrui comme le terme aveclequel un échange est possible.

C'est donc à condition de voir dans autrui un semblable, un alter ego , qu'un échange sera possible.

C'est alors la communication qui initie tout échange, car elle place les deux partis sur unterrain d'égalité et commence la relation, avant même que se déroule l'échange.

Enfin, l'échange authentique, celuioù le sujet est le plus entrelacé à autrui est celui qui est inspiré par le désir de l'autre, par le désir proprementhumain de reconnaissance par et à travers l'autre.

L'échange authentique est celui qui se déroule sur fond d'affects,de sentiments, tels l'amour et l'amitié, et non sur le terrain des intérêts matériels.. »