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A quoi sert la philosophie ?

Publié le 15/01/2004

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philosophie

On pourrait être tenté de dire que la philosophie ne sert pas à grand chose en ce qu'elle pose des problèmes sans donner de réponse, en ce qu'elle ne produit aucun véritable objet de consommation..., cela dit, ne peut-elle pas avoir une utilité ? Il vous faut alors remarquer que la notion d'utilité est toute relative : par exemple un couteau ne sert pas pour faire chauffer de l'eau C'est donc semble-t-il dans son rapport à une fin, à un but, que la notion d'utilité se défini. Il faudra alors vous demander quelle fin peut permettre de penser une utilité de la philosophie. Les éléments fournis ici sont succincts parce que ce sujet a déjà été abordé à plusieurs reprises sur le site de manière très proche.

philosophie

« Ménon (à Socrate qui lui demande : « Qu'est-ce que la vertu? »).

— Mais,Socrate, il n'y a pas de difficulté pour moi à parler.

En premier lieu, si c'est lavertu de l'homme que tu souhaites, il est aisé de dire que ceci constitue lavertu d'un homme : être ce qu'il faut être pour gérer les affaires de l'État, et,dans cette gestion, faire le bien de ses amis et le mal de ses ennemis, en segardant soi-même d'avoir, en rien, pareil mal à subir.

Souhaites-tu la vertud'une femme? Il n'est pas difficile d'expliquer que cette dernière a le devoir debien administrer la maison, en veillant à l'entretien de ce que renferme lamaison, en étant docile aux instructions de son mari.

De plus autre est lavertu de l'enfant selon que c'est un garçon ou une fille, autre celle d'unhomme plus âgé, d'un homme libre, d'un esclave.

Comme il existe uneprodigieuse quantité d'autres vertus, on n'est pas embarrassé, au sujet de lavertu pour dire en quoi elle consiste.

(...).Socrate.

— Ah ! quelle bonne fortune extraordinaire c'est pour moi, semble-t-il, si étant en quête d'une unique vertu, j'ai trouvé, placé sous ta main, unessaim de vertus.

Et pourtant, Ménon, si je t'interrogeais, pour garder l'imagede l'essaim, sur ce que peut bien être la nature d'une abeille et que tum'eusses dit que des abeilles, il y en a de beaucoup de sortes, que merépondrais-tu si je te demandais : « Prétends-tu que ce soit du fait mêmed'être des abeilles qu'elles sont de beaucoup de sortes et différentes les unesdes autres? Ou bien que, par ce fait même, elles ne diffèrent nullement, maispar quelque autre caractère, ainsi par leur beauté ou par leur grosseur, ou parquelque autre caractère du même genre ? » Dis-moi, que répondrais-tu interrogé de la sorte?Mén.

— Ce que je répondrais, moi ? c'est qu'elles ne diffèrent en rien l'une de l'autre, en tant qu'elles sont desabeilles !Socr.

— Mais si, après cela, je te disais : « C'est donc, Ménon, de cette seule chose que je te demande de parler :ce en quoi elles ne diffèrent nullement, mais sont, toutes, sans exception, la même chose, qu'est-ce que c'estd'après toi? » sans doute serais-tu à même de me faire une réponse.Mén.

— Oui, ma foi !Socr.

— C'est précisément ainsi qu'il en est également au sujet des vertus ! Quand bien même elles seraient debeaucoup de sortes, toutes sans exception possèdent du moins un certain caractère identique, qui est unique, parlequel elles sont des vertus et vers lequel aura tourné son regard celui qui, en réponse à la question qu'on lui aposée, est, je pense, convenablement en état de faire voir quelle peut bien être la réalité de la vertu. Cette page, située au début du dialogue, présente les tâtonnements du vulgaire face à l'exigence philosophique.Alors que Socrate cherche à définir les caractères essentiels de la vertu, que l'on retrouve en tous les exemplesd'actes vertueux, Ménon se perd dans l'accumulation d'exemples.

Facilement content de lui-même, il croit quel'abondance d'exemples est signe de la pertinence de sa réponse : son ton est méprisant ; la recherche est facile,dit-il, parce que la question est trop simple ; le philosophe est celui qui cherche des difficultés là où, de touteévidence, il n'y en a pas ! ?En réalité, Socrate, fidèle à sa méthode, va introduire le doute chez son interlocuteur par le moyen de l'ironie : enfeignant de le complimenter (« quelle bonne fortune extraordinaire...

»), il va l'amener à s'apercevoir qu'il ne sait pasce qu'il croyait savoir, que la simplicité apparente recèle une question plus délicate : au-delà de la pluralité desexemples, comment saisir ce qui les unit ; comment comprendre que, dans leur diversité, ils soient précisément lesexemples d'une seule et même idée? La quête philosophique s'efforce de remonter de la multiplicité des exemples àl'unicité de l'idée, de la pluralité des effets à l'unicité de la cause, en un mot, des préjugés au vrai savoir.Curieusement, Socrate parle de l'idée comme s'il s'agissait d'un être : « par lequel elles sont des vertus et verslequel aura tourné son regard...

».

Il semble ici que ce qui est visé par la recherche du philosophe ne soit passeulement le sens des mots : la philosophie n'est pas un jeu de mots...

ni même un jeu sur les mots! Le but n'estpas de savoir ce que, dans une culture donnée, on entend par le mot vertu ; plus fondamentalement, il s'agit deconnaître la cause pour laquelle des actes aussi différents que celui de l'homme, de la femme, ou de l'enfant ont lesmêmes qualités : de même que les abeilles ont en commun des caractères constitutifs identiques par leur espècecommune, de même les actes moralement bons doivent avoir une structure essentielle, objectivement identique :ainsi, l'idée que nous avons à l'esprit n'est que la formulation d'une communauté de nature que nous n'avons pasinventée — et qui existerait même si nous l'ignorions.La recherche philosophique peut ainsi être pensée comme une réelle « conversion » : il s'agit de sortir de sesimpressions premières, des fausses évidences offertes par la profusion des exemples pour « tourner son regard »vers la réalité.

Ainsi, retrouve-t-on ici l'itinéraire célèbre que Socrate présente dans l'allégorie de la caverne (Platon,La République, livre VII) : le prisonnier qui, au fond de la caverne, ne voit que des ombres, est comparable à Ménon,au début de cette page : les choses vont de soi, la question philosophique n'a pas lieu de se poser...

en réalité, ledésir de connaître la vérité n'a pas pu naître faute d'avoir pris conscience de l'ignorance.

L'ironie de Socrate joue lerôle de la contrainte que l'on exerce sur le prisonnier pour le libérer « malgré lui » : Ménon, comme le prisonnier, estamené à faire l'effort de dépasser son habitude intellectuelle.

Il va être ainsi conduit à découvrir une vérité au-delàdes impressions sensibles.La philosophie suppose ainsi un changement de point de vue : les exemples concrets ne donnent pas lieu, par eux-mêmes, à de véritables connaissances ; il faut savoir discerner par la parole (dialexis) l'idée qui en fait l'unité.

Laphilosophie est ainsi essentiellement dialectique.. »

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