Devoir de Philosophie

Andocide

Publié le 17/04/2011

Extrait du document

Andocide (~ 440 env.-apr. ~ 391) n'est pas un orateur de profession. Ses discours lui sont imposés par les difficultés qu'il rencontre : compagnon de plaisir d'Alcibiade, compromis dans l'affaire des mystères d'Éleusis et dans celle de la mutilation des Hermès, il est d'abord emprisonné, puis, parce qu'il a dénoncé ses amis pour échapper à la mort, il s'exile de lui-même jusqu'à la chute des Trente. On connaît de lui trois discours : Sur le retour (~ 408), Sur la paix (~ 391), dont l'attribution est incertaine, et Sur les mystères (~ 399), discours prononcé pour se défendre après avoir été accusé d'impiété par un sycophante. Il est considéré comme un orateur de deuxième rang.  Tous les orateurs dont les œuvres nous sont restées sont des Athéniens : outre que le tempérament de l'Athénien le porte à apprécier les beaux discours, le régime démocratique de cette cité, où la parole confère un pouvoir supérieur à celui des magistrats officiels, a contribué à cette éclosion d'orateurs. En effet, les discours politiques sont prononcés devant l'Assemblée du peuple qui se réunit quarante fois par an, sans compter les assemblées extraordinaires, et les orateurs experts qui parviennent à prendre de l'influence sur le peuple obtiennent alors un grand prestige. Les usages judiciaires favorisent également les progrès de l'éloquence : dans les procès civils, chaque partie soutient elle-même ses intérêts ; dans les autres, tout citoyen peut se porter accusateur, et l'accusé se défend lui-même, chacun parlant à la foule en un temps limité du haut de sa tribune. Aussi les professions de logographe (celui qui compose un discours pour le plaideur) et de synégore (qui prend la parole au tribunal après le plaideur) sont-elles en expansion. 

« Voyons ce que nous apprend Andocide lui-même sur le rôle qu'il a joué en cette affaire.

Dans son premier discours,prononcé vers 409, après l'abolition du gouvernement oligarchique des Quatre-Cents, l'orateur ne procède guère quepar allusions; il ne raconte rien, il suppose les faits connus de tous et qu'on n'a pas eu le temps de les oublier; en unmot, cette première apologie est aussi hésitante et dénuée de renseignements que l'autre, le discours sur lesMystères, est hardie et, comme on dit aujourd'hui, documentée.

Nous y apprenons pourtant qu'Andocide, peu detemps après sa dénonciation, crut prudent de s'exiler; que pendant son exil il rendit service à la république enfournissant des rames et du blé aux marins qui remportèrent la victoire d'Abydos (411); qu'il revint alors à Athènescroyant y être bien accueilli et qu'il dut s'enfuir de nouveau devant l'hostilité de ses concitoyens; qu'il est de retourune fois encore pour rendre à la république de nouveaux services; qu'en récompense il demande le rétablissement dudécret de Ménippe qui lui garantissait l'adeia, c'est-à-dire tous ses droits de citoyen.

Mais sur l'affaire des Hermès,comment s'exprime-t-il? « J'en suis venu à ce degré d'infortune (que ce soit la faute de ma jeunesse, de ma sottise,ou l'influence de ceux qui me décidèrent à une telle extravagance), d'avoir à choisir entre deux très grandsmalheurs, dénoncer les coupables ou périr moi-même et laisser périr mon père avec moi.

» Qu'entend-il par cetteextravagance, sinon la part petite ou grande qu'il a prise à la conspiration oligarchique? Et il ajoute, en effet, un peuplus loin: « Si les choses en sont venues là, il a été reconnu que je n'y avais qu'une bien petite part.

» Bref, ilrésulte de ces passages, et d'autres encore, qu'Andocide a participé au crime commis contre les dieux ε ς το ςθεο ς χοντα νε δη.

Dans le deuxième discours, prononcé environ dix ans plus tard, il ne reste plus trace deces aveux.

Il a dû, dit-il, pour sauver ses parents et la république, déclarer ce qu'il savait de la mutilation desHermès, et il a déclaré que non seulement il n'avait pris aucune part au sacrilège, mais qu'il n'avait même pasdépendu de lui de l'empêcher, et qu'après l'attentat il avait vivement blâmé les profanateurs, quoiqu'ils fussent sesamis.

En fait la contradiction entre les deux discours n'est, à notre avis, qu'apparente.

Andocide fut initié aucomplot et sans doute l'approuva; mais un accident, ou peut-être sa seule indécision, l'empêcha d'agir.

Il a donc puse dénoncer comme coupable, tout en ajoutant qu'il ne l'avait été que d'intention, qu'il n'avait donc pris à la chosequ'une faible part ( πολλοστ ν μ ρος ) dit-il dans son premier discours).

Et sans doute sa dénonciation fut assezsecrète, puisque Thucydide n'a pu en connaître exactement les termes.

Dix ans plus tard, quand le souvenir de cesmystérieux événements se fut effacé dans les esprits, il put même prétendre, sans risquer beaucoup d'être démenti,qu'il avait déclaré que le complot avait été exécuté non plus seulement sans lui, mais malgré lui.

Quant à lesoupçonner, comme fait Thucydide, d'avoir accusé des innocents, la chose devient difficile après la lecture dudiscours sur les Mystères; il y a là une sincérité de ton, une précision de détails, parfois une hardiesse d'affirmation,dont serait incapable un homme faussant à ce point la vérité.Quoi qu'il en soit, Andocide eut le sort commun à tous les traîtres; les oligarques, trahis, le méprisèrent; lesdémocrates, ne pouvant oublier qu'il avait été l'ami des conspirateurs, regrettaient de lui avoir promis l'impunité etd'avoir ainsi soustrait un coupable à l'expiation nécessaire.

On s'explique aisément dans ces conditions que, sansattendre l'abrogation du décret d' δεια , Andocide se soit exilé volontairement.

Il parcourut alors, en faisant lecommerce, des pays lointains, la Macédoine, Chypre, trouva l'occasion de rendre des services à l'armée de Samos(411 av.

J.-C.) et osa rentrer à Athènes.

Le gouvernement des Quatre-Cents l'accueillit de telle sorte qu'il s'estimaheureux de pouvoir fuir de nouveau.

Il reprit son existence vagabonde de négociant, et vers 409, après le premierrétablissement de la démocratie, reparut à Athènes.

C'est alors qu'il prononça le discours Sur son retour, humblerequête qui ne désarma personne.

Cette fois il eut le temps de visiter presque tous les pays grecs, la Sicile, l'Italie,l'Ionie, etc.

L'amnistie générale, qui suivit la chute des Trente tyrans, lui permit enfin de revenir sans crainte (402)et de vivre trois ans à Athènes en citoyen notable (voir le discours sur les Mystères).

Il semble qu'alors (399) lahaine de ses ennemis se soit réveillée, et le démagogue Céphisios l'accusa d'avoir pris part aux Mystèresillégalement, malgré son indignité, malgré, son atimie: c'était remettre en question tout son passé.

Andociderépondit par le Discours sur les Mystères (appelé aussi περ τ ς νδε ξεως), prononcé devant un tribunald'initiés: c'était une sorte d'autobiographie.

Il fut acquitté, reprit sa place sur la scène politique et vers 391 fitpartie de l'ambassade envoyée à Sparte avec pleins pouvoirs pour traiter de la paix.

Il en revint accompagné dedéputés Lacédémoniens, sans avoir pris sur lui de rien conclure, parce qu'il manquait de décision comme de fermeté,aimant mieux soumettre le traité au vote populaire.

Du moins il n'épargna rien pour décider les Athéniens àl'accepter, et il fit alors le discours Sur la Paix avec les Lacédémoniens où, fidèle aux traditions oligarchiques, ilvante les bienfaits de l'alliance lacédémonienne.

Mais le parti de la revanche, parti malheureux qui n'a même pas eula bonne fortune d'être personnifié dans un homme, l'emporta cette fois: le traité, auquel Andocide espérait attacherson nom, fut repoussé, et, repris un peu plus tard, devint le traité d'Antalcidas.

Dès lors il n'est plus questiond'Andocide et sa race finit avec lui.

En résumé ce fut un médiocre homme d'Etat: suspect aux oligarques après satrahison, il ne sut pas, maigre ses protestations de dévouement (discours Sur son retour, par.

24) s'attacher debonne loi à la cause de la démocratie; par les équivoques de sa politique, il rappelle Théramène.

Mais par sonéloquence, que caractérisent surtout une simplicité parfois naïve et une clarté très remarquable de narration, il estbien le représentant de cette classe moyenne d'orateurs publics qui, sans autre artifice qu'une techniqueélémentaire, parlaient au gré de leur facilité naturelle, et à ce titre il méritait de figurer dans la Décade.

leurchâtiment.

» Le mythe de DéméterLes Thesmophories sont des fêtes en l'honneur de Déméter, réservées aux femmes.

Tout en admettant les femmes,mais aussi les enfants, les étrangers, et les esclaves, les mystères d'Eleusis constituent le pendant masculin desThesmophories.Les mystères d'Eleusis reproduisent l'histoire de la déesse Déméter elle-même : celle-ci, raconte le mythe [lirel'Hymne homérique à Déméter] est à la recherche de sa fille Koré, enlevée par Hadès.

Elle chemine ainsi jusqu'àEleusis, où elle est reçue par Céléos et Métanire.

Elle y met fin à son jeûne en buvant le kykéon (boisson dont elleindique elle-même la composition), et se charge en secret d'immortaliser leur fils Démophon en le plongeant dans lefeu.

Surprise par Métanire, elle s'interrompt, et révèle à ses hôtes sa divinité.

Elle retrouve ensuite Koré, à Eleusis. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles