Auguste Comte
Publié le 22/02/2012
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préface de l'Appendice général du Système de politique positive.
Relativité, purement historique d'ailleurs, introduitepar le refus de disserter sur le meilleur gouvernement, sans la moindre référence à une relativité " absolue " où laconnaissance elle-même serait mise en question.
Ce principe premier, pour ne pas dire primaire, suffit-il à assurer etsurtout à soutenir la démarche d'une pensée authentiquement philosophique ? La réflexion comtienne souffre del'étrange disgrâce de paraître s'accommoder assez aisément d'une réduction à quelques formules élémentaires dontle simplisme ne peut être dépassé que par le retour à un texte extraordinairement abondant et touffu qui sollicite lacondensation sans la supporter vraiment : loi des trois états, classification des sciences, caractères de l'espritpositif, morale du sentiment, religion de l'Humanité, le tout tiendrait dans le creux de la main, d'une main poreuse etmolle naturellement.
A la moindre pression le suc déborde.
La désaffection de Comte est due, pour une large part, àson tour pédagogique qui se prête trop bien aux schématisations scolaires.
Pour mériter Comte, il importe de pousserplus avant.
En pénétrant l'oeuvre on bute sur l'homme, mais alors d'autres doutes surgissent.
Lire Comte, c'est suivre son histoire.
En revivre les grands moments, c'est s'interroger sur son oeuvre.
Ce fils d'unemployé dans les bureaux de la Recette générale du département de l'Hérault, né à la veille de la clôture d'un siècle" exceptionnel " (1798), était un enthousiaste et un lyrique, passionné de grandeur, qui avait hérité de son père uneextrême méticulosité alliée, chez lui, à une étonnante puissance de travail servie par une mémoire hors de pair.
Il letint pour indigne de lui.
Par contre, il exalta sa mère, née Rosalie Boyer, sans doute parce qu'elle s'accusait d'avoirle coeur trop chaud.
Polytechnicien à seize ans, les premières étapes de sa vie ne seraient que celles d'un enfantprodige si la turbulence de son tempérament et l'impatience de son ambition, aidées par la complicité desévénements, n'étaient venues en animer le cours.
A la suite d'un chahut mémorable où le jeune Comte (Isidore,selon l'état civil) s'était particulièrement distingué, l'École, suspecte de jacobinisme, est licenciée en 1816.
Après unbref séjour dans sa ville natale, Montpellier, le polytechnicien en chômage revient à Paris bien décidé à ne jamaisdevenir ni officier, ni ingénieur.
Dans un avenir raisonnable, il se voit professeur à l'École Polytechnique, puis membrede l'Institut.
En attendant, il donnera des leçons de mathématiques et écrira des articles de politique.
Un moment,sur la recommandation du général Campredon, il espère enseigner la géométrie descriptive dans une École quasi-Polytechnique que le Congrès américain songeait à créer.
En 1817, il rencontre H.
de Saint-Simon.
Ce fut unéblouissement.
Il succède à Augustin Thierry dans les fonctions de secrétaire.
Isidore devient Auguste.
Il collaboreaux publications successives lancées par Saint-Simon : l'Industrie, le Politique, l'Organisateur, le Système industriel,le Catéchisme des industriels.
En 1822, il publie, sous le patronage de Saint-Simon, mais avec sa signature, unProspectus des travaux scientifiques nécessaires pour réorganiser la Société.
En avril 1824, il rompt avec Saint-Simon à propos de la réédition de l'opuscule de 1822.
Le " père Simon " n'est plus qu'un exploiteur.
L'année de larupture est aussi celle de la " seule faute capitale " de sa vie.
En août 1824, Comte épouse Caroline Massin, unetrop complaisante demoiselle qu'il avait rencontrée sous les galeries du Palais-Royal et qui devait devenir " l'indigneépouse ", impitoyablement dénoncée à la postérité par l'Addition secrète du Testament.
Avec le Prospectus de 1822, devenu un Plan en 1824, Comte entrevoyait déjà l'architecture de son oeuvre etdisposait de ses principales idées mères, premier gage de l'annonce à son ami Valat le 28 septembre 1819 : " Mestravaux sont et seront de deux ordres, scientifiques et politiques.
" Le Plan n'est que le premier volume et lapremière partie d'un vaste projet : le Système de politique positive.
Des ébauches de la seconde partie paraissentdans le Producteur (nov.
1825 et mars 1826) et seront rééditées par Comte en 1854 dans l'Appendice général duSystème de politique positive (le second, en quatre volumes, 1851-1854) sous les titres de : Considérationsphilosophiques sur les sciences et les savants et Considérations sur le pouvoir spirituel.
Le 2 avril 1826, Comte ouvrechez lui, rue du Faubourg-Montmartre, un Cours de philosophie positive devant un auditoire de choix : le naturalisteAlexandre de Humboldt, l'économiste Dunoyer, Hippolyte Carnot.
L'intention première du Cours avait été économique.Comte cherchait des souscripteurs.
Il s'était fait " professeur de philosophie positive ".
Le Cours devait comporter 72leçons et durer jusqu'au 1er mars 1827.
Mais lorsque le mercredi 12 avril les auditeurs se présentèrent, ils trouvèrentporte close.
M.
Comte était malade.
C'est le douloureux " épisode cérébral ".
Atteint de folie, Comte doit être internéà la clinique du Dr Esquirol.
Il en sort le 2 décembre 1826 avec la mention " N.G.
", non guéri.
Le prudent praticiendut être bien étonné quand il apprit que son malade reprenait son cours le 4 janvier 1829 à son nouveau domicile,rue Saint-Jacques.
Esquirol était présent avec Blainville, Poinsot, Broussais.
Les leçons, copieuses et brillantes,s'achevèrent sans incidents.
La troisième exposition eut lieu à l'Athénée et commença le 9 décembre 1829.
Comteaffrontait le grand public.
Il n'en perdit jamais le contact.
Sa pensée est de celles qui ont besoin d'être parlées.
Lapublication du Cours débute en 1830 et s'échelonne en six volumes jusqu'en 1842.
Après la révolution de Juillet,Comte inaugure un cours public et gratuit d'astronomie élémentaire à la salle de la Mairie des Petits-Pères, destiné "aux ouvriers de Paris ".
Il le poursuivra fidèlement pendant dix-huit ans.
Ce cours eut une importance capitale pourl'élaboration de la pensée de Comte.
Les ouvriers de Paris ne s'y pressèrent pas, mais quelques artisans de qualité,comme le menuisier Fabien Magnin, s'attachèrent au nouveau Maître qui découvrit en eux le bon prolétaire dont leDiscours sur l'esprit positif (1844), puis le Discours sur l'ensemble du positivisme (1848) devaient faire si grand cas.Ces deux ouvrages émanent directement du cours d'astronomie.
Comte avait l'habitude de faire précéder l'ensemblede ses leçons d'une introduction.
Quand il les publia sous le titre de Traité philosophique d'astronomie populaire(1844), il leur adjoignit son préambule qui, édité séparément la même année, donna le Discours sur l'esprit positif.
Entre 1844 et 1848, cette introduction philosophique ne cessa de s'amplifier pour aboutir au Discours sur l'ensembledu positivisme, sorti hâtivement à l'occasion de la " grande secousse " de 1848 et réédité sous la forme de Discourspréliminaire au seuil du Système de politique positive (1851-1854).
Entre temps, Comte avait composé un ouvragedidactique : le Traité élémentaire de géométrie analytique (1843).
Répétiteur d'analyse et de mécanique à l'ÉcolePolytechnique depuis 1832 et examinateur d'admission depuis 1837, candidat attentif à une chaire, il tenait àillustrer une compétence pédagogique à laquelle il attachait un grand prix.
Mais le Comte du Discours de 1848 n'étaitplus celui du Discours de 1844.
Sa vie privée avait connu le bouleversement de " l'année sans pareille ", celle de.
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