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Austin : dire, c'est faire

Publié le 28/07/2012

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Représentant principal de la philosophie du langage ordinaire, John Longshaw Austin (1911-1960), professeur de philosophie à Oxford dès les années cinquante, est connu pour un ouvrage publié en 1952, Quand dire, c'est faire, qui expose une théorie complète des actes de langage. Austin remet en question le préjugé qui réduit nos énoncés aux seules affirmations, vraies ou fausses, qui prétendent décrire un état de fait. Un grand nombre de nos phrases ne sont en effet ni vraies ni fausses et sont pourtant dotées d'un sens. S'excuser ou pardonner sont des actes de langage. Qu'il s'agisse de l'impératif (« donne-moi du pain ! «), du souhait (« pourvu qu'il fasse beau «) ou encore d'exclamations, notre usage du langage exige des distinctions supplémentaires. Austin propose donc de séparer les phrases constatives des phrases performatives (de l'anglais to perform, accomplir) : « Formuler un tel énoncé, c'est effectuer l'action. « Austin, Quand dire, c'est faire Autrement dit, dire, c'est déjà faire quelque chose. En fait, la frontière entre les phrases constatives et performatives est plus floue qu'il n'y paraît à première vue. En effet, lorsqu'un président de séance dit : « Je déclare la séance ouverte «, il s'agit à la fois d'un constat qui décrit un état de fait vrai, et d'une phrase performative, puisqu'en disant cela il ouvre effectivement la séance. Austin découvre que, fondamentalement, tous les énoncés sont des actes. Il les range dans trois catégories : l'acte locutionnaire (l'acte de dire quelque chose), l'acte illocutionnaire (l'acte accompli en disant quelque chose) et l'acte perlocutionnaire (l'acte accompli par le fait de dire quelque chose). Pour conclure ce chapitre complexe, rappelons qu'au-delà de l'enchevêtrement des soigneuses constructions logiques dont nous n'avons pu donner le détail, le projet logiciste représente une reprise originale de la fondation philosophique de la vérité. Il en ressort une logique contemporaine profondément renouvelée qui cependant ne parvient pas à trouver son fondement ultime et qui se diffractera en une pluralité de systèmes. La philosophie analytique qui s'adosse à cette nouvelle analyse logique place la notion de signification au coeur de sa compréhension et approfondit la triple dimension syntaxique, sémantique et pragmatique du langage. Elle aboutit à la constitution d'une nouvelle méthode d'élucidation des problèmes philosophiques. Enfin, la philosophie du langage ordinaire renouvelle cette première perspective en retrouvant les enjeux politiques, sociaux et moraux dont le langage est porteur. Désormais, on ne peut plus ignorer l'épaisseur du langage dans notre appréhension du monde ; il est devenu une dimension des problèmes philosophiques parce qu'il est la dimension même de la pensée.

« «je vous décl are ma ri et femme ••, il ne constate pas un état de fait, il le réalise en le pr ocl am a nt! De même, quand je dis« je parie cinq euros qu 'il va pleuvoir>>, ma phrase est mo ins une description qu'une acti on- celle de parier.

Ces énoncés atypiques, ap pe lés« performatifs», ne sont ni vrais ni faux: il s'agit plutôt d'actes suscept ibl es de réuss ir ou d'échouer.

Ainsi les mots ne se co nt entent pas de t ransmett re des i nf ormat io n s, ils sont auss i d es in st ru ment s e sse nt iels de pr od uct ion et d'exéc ution.

Au stin s'emplo ie dans son œuvre à démontrer que de tel s actes de langage prolifèrent dans nos discours et dans nos vies.

On ne peut s ·empêcher de remarquer que la philosophie du langage, au faite de sa modernité, renoue avec lïdée biblique du Verbe créateur.

Toute­ fois, c'est l'homme et non Dieu qui en serait ici le maitre d'œuvre.. »

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