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Avons-nous quelque chose à apprendre de nos erreurs ?

Publié le 17/02/2004

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Rien ne nous force jamais irrésistiblement à affirmer ceci ou à nier cela. Ce ne sont pas nos connaissances imparfaites ou insuffisantes qui sont responsables de nos erreurs. Si nous étions toujours assez attentifs, si nous les examinions toujours avec soin, nous saurions toujours reconnaître leurs insuffisances et nous pourrions décider s'il convient d'affirmer, de nier ou encore de douter. L'erreur se produit par conséquent quand nous nous laissons aller à juger sans avoir pris le soin d'examiner à fond la question. Il n'y a pas d'autre cause à nos erreurs que la précipitation, c'est-à-dire un mauvais usage de notre liberté de jugement. C. L'erreur, envers d'une faute ? Dans ces conditions, il apparaît que nos erreurs révèlent la faiblesse de notre volonté et en particulier de notre résolution à vouloir savoir. Nous voulons connaître, savoir et pourtant nous ne faisons pas ce qu'il faut pour y parvenir. Le seul enseignement à tirer de l'erreur serait donc la nécessité d'établir une méthode, des règles afin de ne pas s'écarter de la vérité.

Nous nous interrogeons sur le bénéfice pour la connaissance de l'erreur. Avons-nous quelque chose à apprendre de nos erreurs ? En première analyse, ne semble-t-il pas que l'erreur en tant qu'elle est une illusion sur le vrai se réduit à du faux ? Comment pourrait on apprendre du vrai à partir du faux ? Disons qu'au mieux nous devons apprendre à ne plus les commettre.

Pour autant les erreurs sont parfois fécondes. Se tromper est profitable dans la mesure où l'erreur est reconnue par celui qui s'est trompé. Se tromper c'est l'occasion de revoir les hypothèses qui nous ont amené à nous tromper et revoir éventuellement la conduite épistémologique qui présidait à leur formation. En s'interrogeant sur les conditions de l'erreur, ne s'interroge-t-on pas directement sur les conditions nécessaires aux bonnes modalités de la recherche de la vérité ?

Dans ce cas, comment ne pas voir dans l'erreur l'occasion, d'un progrès ? L'erreur fait intégralement partie d'une philosophie de la connaissance humaine. Nous essaierons donc de nous demander en dernier lieu comment comprendre que l'erreur soit une part importante de l'apprentissage lui-même ?

« C.

Le savoir n'est que l'enseignement de nos erreursQuel est cet étrange savoir humain qui n'avance que de faux pas en faux pas ? La valeur d'une vérité scientifique neréside pas dans son adéquation avec la réalité.

Qui pourrait établir cette conformité, si ce n'est une consciencedivine ? Une théorie s'impose scientifiquement quand elle permet d'expliquer les échecs expérimentaux des théoriesconcurrentes.

La science n'évolue pas en observant de mieux en mieux l'expérience mais en rectifiant de plus enplus ses propres erreurs.

Ce sont ses échecs qu'elle cherche à expliquer.

« La vérité est une erreur rectifiée »affirme Bachelard : la vérité humaine n'est pas une « vue » sur le réel mais une construction historique et critique.Elle ne s'impose qu'en en réfutant d'autres ou en écartant des solutions concurrentes possibles ; la science n'estrien d'autre qu'un long et patient enseignement tiré de ses erreurs. Transition Le vrai a-t-il ou non besoin de l'erreur pour se constituer ? Faut-il concevoir la science comme le développementméthodique du vrai ou bien comme la confrontation historique d'hypothèses toujours provisoires ? Au-delà de cedébat que nous venons d'exposer, ne faut-il pas s'interroger sur ce que « nos » erreurs peuvent nous apprendre sur« nous-mêmes » ? 3.

Nos erreurs nous apprennent surtout sur nous-mêmes A.

Comment expliquer la persistance de nos erreurs ?La répétition des erreurs, la persistance des croyances irrationnelles ou déraisonnables témoignent de l'inertie deserreurs humaines.

Elles ne sont pas de simples fourvoiements de la raison.

Ce que la raison fait, elle peut facilementle défaire.

II suffit de prendre clairement conscience de son erreur, de ses raisons, pour ne plus la commettre.

Or iln'a pas suffit à la théorie de Copernic de réfuter le système ptoléméen pour s'imposer dans les esprits.

Sil'astronome fut brûlé vif, c'est que cette erreur avait une fonction, une valeur qui dépassait son enjeu scientifique.L'effondrement du géocentrisme bouleversait la représentation rassurante d'un monde organisé autour de l'hommepar un Créateur bienveillant. B.

Nos erreurs se révèlent souvent être des illusionsLes hommes ont une très grande liberté pour se représenter la vérité du monde et de leur condition.

Il estvraisemblable que parmi toutes les possibilités qui s'offraient et s'offrent encore à eux, ils ne retiennent que cellesqu'ils préfèrent, qui répondent le mieux à leurs désirs et leurs espoirs.

Ainsi croient-ils en la possibilité du bonheurmême et surtout quand ils font l'expérience du malheur.

La force de nos préjugés, la résurgence régulière descroyances les plus irrationnelles révèlent que nos erreurs sont toujours aussi des illusions, c'est-à-dire des penséesau service de désirs.

On ne corrige pas une illusion, on la perd en même temps que passe le désir qui l'anime. Conclusion Nos erreurs nous apprendraient surtout sur nous-mêmes.

Elles semblent nous révéler, par leur persistance, que nousne tenons peut-être pas autant que nous le croyons à la vérité.. »

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