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BACHELARD (Gaston)

Publié le 16/02/2019

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BACHELARD (Gaston), philosophe français (Bar-sur-Aube 1884-Paris 1962). L'analyse littéraire de Gaston Bachelard naît de la réflexion sur l’histoire des sciences et d'une rupture avec les déterminations et les contraintes de l'épistémologie. La Formation de l’esprit scientifique : contribution à une psychanalyse de la connaissance objective (1938) et la Psychanalyse du feu (1938) sont des « psychagogies » du savant qui, à la fois, dessinent sa libido et ses mobiles réactifs. L'obstacle à l'objectivité est aussi ce qui assure le projet de connaissance : la science suppose un désir de rapport au monde, qui réclame l'illusion d'une transparence du réel et du sujet. L'inquisition objective ne peut pas se séparer d'une poétique. Purifier cette poétique, comme le ferait un chimiste des corps qu'il étudie, reste indispensable. La discontinuité de l'histoire des sciences se confond avec de telles élucidations, qui font apparaître le passé du savoir comme un musée des horreurs. La distinction entre histoire périmée et histoire sanctionnée permet de penser les crises de la science qui procède par réorganisation du savoir du sommet à la base, mais laisse entière la question du sujet connaissant. Le réactif défini par la Philosophie du non (1940), et lisible dans Lautréamont ( 1940), commande un pluralisme rationnel et appelle une imagination qui est signe de force psychique.

 

De la même manière que la science dans sa pluralité et ses jeux de raison dessine un tout, l’imagination, d'abord dénoncée comme extravagante et inconsistante, ne délire pas, mais s'organise suivant quelques grands thèmes. Dans l'éversion de ses images, elle se renferme sur une matière constante et manifeste pour l'homme installé à la « table d'existence ». La science du concept et celle de l'image doivent rester distinctes ; mais elles ne peuvent effacer le voyage inévitable vers les « images fidèlement animées », où, par le jeu du symbolisant et du symbolisé, chacun se découvre à nouveau la proie du monde. À ce point, la démarche du savoir, qui est de déterminer à quelles conditions un problème fait sens, s'éloigne de l'expérience de l’homme commun pour qui toute image singulière et localisée est une aventure de la conscience. L'instauration de la science s'oppose à la reconduction intau-rative, suscitée par l’énergie psychique et l'espace sensible des signifiants.

 

La littérature scientifique retient, ainsi que le montre la Psychanalyse du feu, des éléments proprement littéraires qui témoignent de cette reconduction. Il faut savoir préférer l'impur qui aide à ne pas oublier les choses simples, la mort, les yeux, la pierre et l'eau, où se devine une apologie du pluriel, apte à faire voir l'imprésentable. Les métamorphoses du feu, preuves de l'impropriété du discours, vont contre le regard triste et morne, qui ignore le chaos où se constitue le visible. Le réel même est littérature en ce qu'il invite à déceler une logique du qualitatif, toujours à l'œuvre dans le livre : « Chaque poète, conclut la Pyschanalyse du feu, devrait alors donner lieu à un diagramme qui indiquerait le sens et la symétrie de ses coordinations métaphoriques, exactement comme le diagramme d'une fleur fixe le sens et les symétries de son action florale. » Il y a donc une logique de l'impur et en conséquence du poétique. Elle suscite la vaste taxinomie de l'étude des quatre éléments (l’Eau et les Rêves, essai sur l’imagination de la matière, 1942; l’Air et les Songes, essai sur l’imagination du mouvement, 1943 ; la

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« Terre et les Rêveries de la volonté, essai sur l'i17Ulgination des forces, 1948 ; la Terre et les Rêveries du repos, essai sur les images de l'intimité, 1949) où se dessine une hiérarchie des expériences de J'imaginaire, aussi stricte que les classifications zoologiques ou botani­ ques.

Il suffit de considérer les titres et sous-titres des ouvrages pour noter que la rigueur du lien métaphorique associe personnel et impersonnel, et joue des antinomies eau-matière ; repos-vo­ lonté; force-intimité.

Il y a là une apologie de la dialectique libre, seule capable de montrer que. »

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