Devoir de Philosophie

Baruch SPINOZA: l'assistance mutuelle

Publié le 16/04/2009

Extrait du document

spinoza
Ce n'est pas seulement parce qu'elle protège contre les ennemis que la Société est très utile et même nécessaire au plus haut point, c'est aussi parce qu'elle permet de réunir un grand nombre de commodités, car, si les hommes ne voulaient pas s'entraider, l'habileté technique et le temps leur feraient également défaut pour entretenir leur vie et la conserver autant qu'il est possible. Nul n'aurait, dis-je, le temps ni les forces s'il lui fallait labourer, semer, moissonner, moudre, cuire, tisser, coudre et effectuer bien d'autres travaux utiles à l'entretien de la vie; pour rien dire des arts ni des sciences, qui sont aussi suprêmement nécessaires à la perfection de la nature humaine et à sa béatitude. Nous voyons en effet ceux qui vient en barbares, sans civilisation, mener une vie misérable et presque animale, et cependant le peu qu'ils ont, tout misérable et grossier, ils ne se le procurent pas sans se prêter mutuellement une assistance quelle qu'elle soit. Baruch SPINOZA

• Pourquoi, selon Spinoza, la Société est-elle « très utile « et « même nécessaire au plus haut point « ? — Y a-t-il lieu de distinguer entre : — très utile ? — nécessaire ? — Y a-t-il lieu de distinguer entre : — habileté technique ? — temps ? • Différence(s) entre « entretien de la vie « « art et sciences « ? — La Société est-elle nécessaire pour les deux (selon Spinoza) ? En quoi ? — Que peut-on penser ici sous les termes « perfection de la nature humaine « et béatitude!  • En quoi la dernière phrase apporte-t-elle quelque chose à l'argumentation de Spinoza ? • Ce texte est-il toujours actuel ? — Dans son argumentation ? — Dans sa thèse ?

spinoza

« rocher.

Mais à partir du moment où le nombre de membres de la société devient assez important, le critère qualitatifapparaît : à cause de son habileté, un individu se voit confier une tâche précise.

Un exemple : dans unecommunauté, un membre se distingue par ses qualités de cuisinier, ce qu'il fait à manger est meilleur que ce que lesautres préparent.

Ils se déchargeront donc sur lui de cette tâche.

La spécialisation, baptême de l'organisationsociale, apparaît.

Mais notre personnage, à cause de contingences de temps, va être obligé de se décharger sur lesautres d'une part de son travail habituel.

Il aura alors besoin des autres, comme les autres auront besoin de lui.Ainsi naît une nouvelle solidarité.

C'est l'explication des mots de Spinoza « l'habileté technique et le temps ».

Etc'est ce que son exemple va montrer.

En effet, « nul n'aurait le temps ni les forces s'il lui fallait labourer, semer,moissonner, moudre, cuire, tisser, coudre et effectuer bien d'autres travaux utiles à l'entretien de la vie ».

D'unpoint de vue historique, on peut en effet affirmer que ces activités ne sont apparues qu'à partir du moment où dessociétés humaines se sont constituées, et même, pour la plupart, une fois que l'organisation sociale était déjàrelativement élaborée (néolithique).Cependant cette réunion de commodité - à savoir manger mieux, être mieux vêtu - ne permet pas seulementd'améliorer la vie quotidienne.

Elle permet aussi de dégager un temps libre.

Le développement technique et unemeilleure organisation du travail permettent un accroissement de la productivité.

Dans le cas où il reste supérieur àl'accroissement de la demande, le temps de loisirs s'accroît.

Il est donc possible pour les individus « d'entretenir leurvie et la conserver autant qu'il est possible ».

La vie en société permet le repos et les loisirs.

La dernière chosequ'un tel mode de vie favorise, est le développement des arts et des sciences.

Il y a, à cela, deux raisonsessentielles.

Dans un premier temps, la diminution du temps de travail permet aux individus de s'y adonner librement.Ils ont alors la possibilité de réfléchir, de peindre ou de sculpter, de bricoler (ce qui peut conduire à la recherchetechnologique).

C'est donc un effet indirect.Mais très souvent, sous l'effet de la religion, tout au moins pour les arts, une catégorie d'individus va êtreentretenue sans produire vraiment (les prêtres et les clercs).

Ils pourront s'adonner aux arts et aux sciences sansaucun souci matériel.

Et ce sont eux qui font avancer l'humanité.

Spinoza profite alors de cette démonstration pourglorifier ces deux activités.

Il emploie des mots peut-être excessifs : « suprêmement, perfection, béatitude ».

Pourlui, l'homme ne peut s'accomplir que dans l'art et la science.

Il vit, ne l'oublions pas, durant l'âge classique aprèsPascal et Descartes.

Les arts et les sciences sont alors quasiment au summum de leur gloire.Après nous avoir exposé sas idées, Spinoza veut les confirmer grâce à un exemple (« nous voyons, en effet »).

Ilcommence par décrire les personnes dont il va parler.

Autant il s'était laissé emporter dans son admiration pour lascience et pour l'art, autant, ici, ilse montre sévère avec « ceux qui vivent en barbares, sans civilisation, « menant une vie misérable et presqueanimale ».

Certes c'est une description, mais il force un peu le trait.

Ce contraste montre parfaitement l'esprit deson époque, je serais presque tenté de dire de notre époque.

Il y a d'un côté, et au-dessus, l'art et la science del'Occident chrétien, et en dessous, ceux que les Grecs nommaient déjà barbares.

Spinoza affirme que le peu que cesindividus possèdent et, qui est très misérable et grossier n'est obtenu que grâce à leur mutuelle assistance.

C'estdonc la preuve de l'utilité de la société.Dans cette dernière affirmation, il manque quand même quelques explications.

Mais Spinoza ne nous les fournit paset je ne puis donc tenter une explication.

Ce qu'il affirme est sans doute vrai, mais il aurait dû le démontrer.

Lesaffirmations non démontrées sont le principal reproche qu'il soit possible de faire.Ce texte me semble être un jalon important d'un courant de pensée que Léon Bourgeois allait, au XIXe siècle,développer dans ses quelques ouvrages et construire une doctrine trop peu connue aujourd'hui : le solidarisme.

Lafin et les moyens de la vie en société doivent être le renforcement des solidarités.

Personne ou presque n'estaujourd'hui consciemment solidariste, cependant la plupart d'entre nous le sont inconsciemment.

A droite comme àgauche on défend cette idée sous des formes différentes : la coopération internationale et l'internationalisme, laparticipation et l'autogestion.

Dans ce texte, Spinoza nous a démontré l'utilité de la société et en cela, je crois qu'ila raison.

Mais une nuance ou plutôt une remarque doit être apportée.

En effet, il faut distinguer le rôle de l'État etcelui des autres composantes de la société.

Tout confier à l'État, c'est le totalitarisme : on sait où cela mène...

Nerien confier à l'État est utopique, car on peut bien sûr détruire l'État national mais un autre se créera, au niveau dela commune par exemple.

Ne pas tenir compte de cette nuance est le grand danger de ce texte.Glorifier l'organisation sociale n'est pas glorifier l'Etat.

Car sans trop de difficultés, un tel texte pourraitmalheureusement devenir un hymne à la gloire d'un Etat totalitaire.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles