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BODIN Jean : sa vie et son oeuvre

Publié le 17/11/2018

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BODIN Jean (1529 ou 1530-1596). Ce fondateur de la science politique moderne est aujourd’hui considéré comme l’égal d’un Machiavel — qu’il a du reste combattu par ses œuvres. Le premier, il a défini de manière autonome le principe de souveraineté. Dans sa Méthode de l'histoire et dans sa République, il a posé les fondements de la théorie du déterminisme par le milieu, dont s’inspirera Montesquieu pour tel passage célèbre de l'Esprit des lois. Dans le domaine économique enfin, il a apporté dans sa Réponse aux paradoxes de M. de Malestroit (1568) la première analyse rigoureuse du mécanisme de l’inflation, alors nouveau en Europe. La modernité révolutionnaire de cette pensée ne doit pas dissimuler cependant le caractère archaïque de pans entiers de l’œuvre. La fameuse Démonomanie des sorciers condamne avec une violence inquisitoriale des rituels venus, semble-t-il, d’un autre âge. Quant au Théâtre de la nature universelle (traduit du latin en 1597), qu’inspire ici et là la Cabbale juive, il prétend reconstruire l’univers et ses lois éternelles en fonction d’un symbolisme qui, d’étage en étage, unifie la Création selon le jeu infiniment repris des similitudes. Dans cet ouvrage ultime, il semble bien que les principes du droit se soient élargis, dans une tentative visionnaire pour retrouver l’unité du réel, aux règles d’une poétique généralisée.

 

La situation de Bodin au cœur d’une des périodes les plus mouvementées de l’histoire européenne explique pour une part cette discontinuité inscrite dans l’œuvre, voire ces contradictions flagrantes entre des productions exactement simultanées.

 

Un juriste militant

 

Natif d’Angers, et après avoir été carme dans sa jeunesse, il fait son droit à Toulouse, où il commence à donner des leçons. C’est alors qu’il entre en relation avec Cujas, dont il critiquera plus tard la méthode exégétique pour lui opposer celle, plus novatrice, du droit comparé. Dans des circonstances assez obscures, il a, à plusieurs reprises, frôlé le bûcher, et, une fois au moins, pour ses sympathies à l’égard de la Réforme. Il fut par exemple détenu à la Conciergerie de Paris du 6 mars 1569 au 23 août 1570, durant toute la troisième guerre de religion, soit pour hétérodoxie foncière, soit au contraire, et paradoxalement, par mesure de protection, en un temps où régnaient la chasse aux suspects et les exécutions sommaires. Il devint ensuite conseiller et maître des requêtes de François d’Alençon, frère du roi Henri III et chef du parti des Malcontents, dont la maison était ouverte à des éléments d’un catholicisme douteux. Sa carrière de juriste se poursuivait cependant sans encombre : inscrit comme avocat au barreau de Paris en 1561, il publia en 1566 sa Méthode de l'Histoire et, dix ans plus tard, son principal ouvrage, la République, qui définit le pouvoir royal à la fois contre les « machiavélistes » de l’entourage de Catherine de Médicis et contre les réformés partisans — depuis la Saint-Barthélemy — du tyrannicide et du gouvernement populaire. L’ouvrage était achevé pour l’ouverture des états généraux de Blois (1576), auxquels Bodin prit part en tant que député du tiers du Vermandois. C’est alors qu’il lui est donné de

 

s’opposer aux catholiques intransigeants, dont il combat, au nom des principes du droit, l’intolérance religieuse.

 

Cette prise de position et surtout le succès immédiat de son livre font de Bodin l’un des inspirateurs du courant des « politiques » qui se développe au cours des années suivantes. A Laon, où il s’est marié la même année, il occupe les fonctions de lieutenant général, puis de procureur au présidial. Dans la période d’incertitude politique qui s’ouvre sous le règne de Henri III, Bodin, par crainte sans doute d’être inquiété en raison de son passé, embrasse publiquement le parti de la Ligue. En 1589, il appelle les habitants de Laon à se rallier au duc de Mayenne, « leur remontrant qu’un tel soulèvement ne devait pas être appelé rébellion, mais révolution ». Il meurt de la peste dans la même ville en 1596.

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« vent l'humidité de l'Allemagne et du Danemark, et l'ivrognerie constante de leurs habitants.

Productrice de bile noire -la fameuse mélancolie saturnienne -, la rate préside au sud, poussant les gens du Midi aux pires débauches comme aux plus géniales inventions.

BIBLIOGRAPHIE Jean Bodin, Colloquium heptaplomeres de rerum sublimium arcanis abditis, Noak, éd ..

Paris-Londres.

1857; Colloque emre sept scavans qui som de diff erens sentiments, traduction ano­ nyme du Colloquim heptaplomeres éditée par F.

Berriot, Genève, Droz, 1984; la Response de J.

Bodin à M.

de Malestroit -1568, Henri Hauser.

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Paris.

1932; De la République, fragments publiés par J.-J.

Chevallier, Paris, 1949; la Méthode de l'histoire, traduite du latin et présentée par Pierre Mesnard, Paris, Les Belles-Lettres, 1941; Œuvres philosophiques, éd.

P.

Mesnard, depuis 1952 dans le Corpus des philosophes français; Selected Writings on Philosophy, Religion and Politics, éd.

Paul L.

Rose, Genève, Droz, 1990.

A consulter.

-Pie rr e Mesnard, l'Essor de la philosophie politi­ que au xvi' siècle, Paris, J.

Vrin, 1951, p.

4 73 à 546; R.

Chauviré, Jean Bodin.

Paris, Champion, 1914; J.

Levron, Jean Bodin et sa famille, Angers, Siraudeau.

1950; J.

Boucher, «l'Incarcération de Jean Bodin pendant la troisième guerre de religion >>,Nouvelle revue du xvi' siècle, 1983, 1, p.

33-44.

Pour un bilan des recher­ ches actuelles sur Jean Bodin et son œuvre, on consultera les volumineux Actes du colloque Jean Bodin, Presses de l'Univer­ sité d'Angers, 1985.

F.

LESTRINGANT. »

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