Devoir de Philosophie

Bouddha (Siddhârta Gautama)   par Jean Filliozat

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

bouddha
Selon la chronologie traditionnelle dans " l'École des Anciens ", le Theravâda, la plus proche en général de l'enseignement primitif, le Bouddha est mort à quatre-vingts ans, il y a eu exactement 2 500 ans à la Pleine Lune de mai 1956. Cette date est toutefois en désaccord avec celle qui se déduit des chroniques de la même école quand on fait état des synchronismes qui rattachent leur chronologie à la chronologie générale. On obtient alors, en effet, la date de 478 av. JC comme date de sa mort et, par conséquent, de 558 av. JC comme celle de sa naissance. Sa vie est toute chargée de légendes, qui varient souvent selon les sectes en lesquelles s'est partagée la Communauté qu'il a fondée. Un accord existe cependant dès les documents les plus anciens, sur un grand nombre de points essentiels et parfaitement plausibles.    Il était fils d'un chef de clan noble, celui des Çâkya, établi à Kapilavastu, dans l'Inde du Nord-Est, un peu au sud de l'Himalaya népalais. Les devins auraient prédit qu'il deviendrait un souverain universel, s'il restait dans le monde, ou un " Éveillé ", un Bouddha, s'il l'abandonnait pour mener la vie érémitique et religieuse. On lui donna le nom personnel de Siddhârtha " But-atteint ", et celui de sa lignée était Gautama. Selon les hagiographes, le jeune Siddhârtha fut un enfant prodige et son enfance faisait pressentir la justesse des prédictions faites à sa naissance. Sa mère était morte peu après lui avoir donné le jour et son père l'avait confié à une tante qui le chérissait. On s'évertuait à lui procurer toutes les joies du monde et à lui en cacher toutes les douleurs dans la crainte qu'il ne vienne à s'en détacher, car on le voulait roi plutôt que saint. Instruit, rompu à tous les arts et à tous les sports, il fut marié de bonne heure, et il eût pu se juger heureux, si les précautions mêmes prises pour lui cacher les malheurs de la vie ne les lui avaient fait paraître plus angoissants quand il les découvrit. Quatre rencontres successives sur le chemin d'un jardin de plaisance auraient déclenché la crise qui éveilla sa vocation définitive de renoncement. Ce furent celle d'un vieillard, d'un malade, d'un mort, et finalement d'un religieux. Il sentit que, comme ce dernier, il lui fallait partir, laissant là les biens instables dont la perte était inéluctable, partir pour chercher un mode d'être à jamais permanent, exempt des prises de l'incertitude et de la douleur.   
bouddha

« cours des situations qu'il a successivement occupées.

Ces traces, ou vasanâ, sont aussi des " confections " ou des " constructions ", des samskâra, gardant à l'intérieur de l'être psychique inconscient leur activité propre, lui constituant des tendances prêtes à prendre effet dans les occasions offertes par les circonstances ultérieures.

Lechoix des objets de la pensée construit donc volontairement de pareilles tendances pour l'avenir de l'individualitépsychique.

Par le yoga, l'homme peut donc s'orienter et se diriger.

Or, la technique enseignée à Siddhârtha, devenu le religieux Gautama, par son premier maître était bien unetechnique de yoga.

Elle était couronnée par la mise de l'être psychique en " conformité " avec le néant dereprésentation, obtenu par élimination progressive des représentations, les deux dernières étant celle de l'infinitudede l'espace et celle de l'infinitude de la pensée.

Par là l'être psychique était quasiment réduit à son existence pureet isolé des notions empiriques.

Mais ce yoga ne satisfit point encore Siddhârtha.

Il quitta son premier maître et apprit d'un second à pousser encoreplus loin dans le sens de l'élimination des phénomènes notionnels.

Il sut atteindre le stade ultime, celui où il n'y aplus " ni prise de conscience ni absence de prise de conscience ".

Il n'y trouva pourtant pas davantage ce qu'ilcherchait et quitta le second maître, suivi de cinq de ses condisciples, qui partageaient ses exigences.

Il nerépudiait pourtant pas entièrement les méthodes qu'il avait apprises.

Il ne devait pas les oublier et elles sontdemeurées classiques dans ses enseignements quoique considérées comme incomplètes.

Avec les deux maîtres, endehors des réalisations d'exercices psychiques spéciaux, il avait acquis la maîtrise des cinq " moyens " qui sontrestés ceux du yoga brahmanique classique : la foi, l'énergie, la présence d'esprit, le pouvoir de " poser " l'êtrepsychique, et la compréhension.

La réduction de l'être psychique à l'existence pure, sans manifestations adventices, n'était pas pour lui un résultatdéfinitif.

Elle n'abolissait pas l'engagement dans le monde phénoménal, composé complexe qui, comme tous lescomposés, est sujet à dissolution, et, dans l'ordre affectif, à la douleur.

Il adhérait, en effet, pleinement à lacroyance en la transmigration des âmes par laquelle toute individualité psychique liée à un corps devait reprendre,après la mort de ce corps, activité dans un autre et ainsi indéfiniment.

La doctrine de la transmigration est une des croyances majeures de l'Inde.

Elle n'apparaît pas, cependant, dans lestextes brahmaniques les plus anciens et ses premières mentions ne nous révèlent pas directement son origine.Nombre d'auteurs supposent qu'elle est un apport du substrat préhistorique de la culture indienne.

Mais, qu'il en soitainsi ou non, elle reçoit, dans les idées du yoga, une explication naturelle : l'Être constitué par l'ensemble desvestiges inconscients des expériences psychiques traversées, ne meurt pas à la mort du corps.

Perdant sesconnexions avec le monde matériel, où il opérait par les organes de perception et d'action, il tend, selon sesactivités prévalentes du moment, à reprendre de nouvelles connexions avec un corps.

Il entre, au moment de laconception, dans un nouvel embryon et, dans l'être vivant qui se développera, il accomplira et subira un destincommandé par les potentialités qu'il recèle et qui dépendent elles-mêmes des actes psychiques anciens qui l'ontcomposé.

Il en est ainsi indéfiniment, puisque dans chaque vie dans celles du moins qui ne sont pas purementanimales et où il existe une faculté d'idéation de nouveaux actes psychiques ont lieu.

Telle est la doctrine dukarman, de " l'acte ", et il est clair que, dans cette conception, un terme ne peut être mis à la nécessité de renaître et de remourir que si on parvient à épuiser, tout en ne le renouvelant point, le stock inconscient des actespsychiques passés toujours prêts à engendrer effet.

Jugeant insuffisant, pour parvenir à un pareil but, le vidage psychique des exercices de yoga, le religieux Gautama tenta de le compléter parl'ascèse.

Elle l'amena tout près de la mort, mais il se ressaisit à temps et y renonça.

Les cinq qui l'avaient suivi, croyant à une défaillance de sarésolution, l'abandonnèrent.

Six ans s'étaient écoulés depuis son départ et il en avait trente-cinq.

C'est à ce moment qu'un dernier effort le conduità " l'Éveil " à la vérité, à la Bodhi et qu'il devient " Éveillé ", Buddha.

Il est alors à Gayâ, à une centaine de kilomètres à vol d'oiseau au sud du Gange et de l'actuelle ville de Patna.Depuis qu'il a rompu le jeûne de son ascèse, il a repris des forces.

Il est seul et il s'établit pour méditer sous unpippal, figuier aux feuilles en forme de coeurs à longue pointe effilée et toujours frémissantes au vent, comme cellesdes peupliers.

C'est là que la légende place l'assaut et les tentations de Mâra, à la fois la Mort et l'Amour, le granddieu qui domine le monde, domaine du désir.

C'est bien là, sans doute, que dut avoir lieu une crise finale de derniersdoutes et de derniers attachements, en songeant une fois encore à l'immensité de ce monde de la vie et dessentiments d'où il allait s'évader.

Mais le sentiment de bienveillance sereine devant toutes choses même ennemies,qui était un des traits essentiels du fond de son être, le préservait de défaillir dans cette épreuve et il avait lamaîtrise du yoga.

Il la mit en oeuvre par une suite de méditations graduées qui restent fondamentales dans latechnique du yoga général, brahmanique aussi bien que bouddhique.

Le premier stade est l'élimination des représentations indésirables et le freinage des impulsions.

Il comporte activitéintellectuelle et euphorie.

Au second stade, l'activité intellectuelle est apaisée, reste l'euphorie, sous forme desentiment de félicité accompagné de mouvements d'allégresse, avec unification de la pensée dans une sérénitéspontanée, reposant sur soi-même.

Au troisième stade, l'allégresse disparaît ; signe que toute excitationpassionnelle a cessé ; la félicité subsiste désormais, lucide et imperturbable.

Enfin, à la dernière étape, au terme decette conduite du psychisme, la félicité est à son tour supprimée, comme dernier phénomène affectif, pour laisser,en pureté totale, une présence définitive d'imperturbabilité et de lucidité.

Après avoir ainsi parcouru tous ces stades de méditation pendant une première veille de la nuit, il exerça aussitôt lalucidité atteinte en passant en revue les conditions des êtres engagés dans le monde de la transmigration et de la. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles