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Ce qui "crève les yeux" est-il toujours vrai ?

Publié le 15/08/2005

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Il se peut que la perception ne soit pas toujours trompeuse. Et il est important de noter que dans ce cas il faut se demander si la fausseté, au lieu de revenir aux sens, peut être rattachée au jugement que nous portons à partir d'eux. PLAN DETAILLE Première partie : L'apparence n'est pas la vérité.   1.1 Il nous faut distinguer l'apparence de la réalité. Platon dans le mythe de la caverne souligne la confusion qui habite les habitants de la caverne qui prennent les ombres des choses pour les choses elles-mêmes.   « Si donc ils pouvaient s'entretenir ensemble ne penses-tu pas qu'ils prendraient pour des objets réels les ombres qu'ils verraient ? -Il y a nécessité. »  PLATON, République, VII 1.2 Nos sens nous trompent.

L'expression « ce qui crève les yeux « peut être utilisée dans différents contextes mais fait toujours référence à l'apparence, à ce qui nous apparaît. Par exemple un bâton dans l'eau paraît brisé. Mais cette apparence est trompeuse. En effet le bâton paraît brisé mais ne l'est pas. Aussi il semble qu'il y ait un conflit entre l'apparence « ce qui saute aux yeux « et la réalité. Mais s'agit-il d'un rapport de la vérité à l'apparence ? Nous pouvons prendre la notion de vérité dans un sens précis celui de correspondance. Ce qui est vrai sera alors ce qui correspond à la réalité. Notre représentation d'un objet, par exemple le bâton, sera vraie si elle s'accorde avec son objet. L'apparence peut donc contredire la vérité, elle présente le bâton brisé alors qu'il ne l'est pas. Pour autant pour mieux comprendre ce qui est en question ici il faut approfondir la notion d'apparence. De quoi parle-t-on quand nous parlons de « ce qui saute aux yeux « ? L'organe sensoriel auquel fait référence le sujet est la vue, il s'agit plus largement de la perception qui comprend les cinq sens par lesquels nous sommes en rapport avec ce qui nous entoure. Or si la vérité n'est pas donnée par la perception, autrement dit si la perception nous trompe, notre rapport au monde extérieur, qui est médié par la perception, est-il nécessairement faux, ne nous délivre-t-il qu'une vision trompeuse de la réalité ? Si la perception dans le cas du bâton brisé nous présente le bâton brisé alors qu'il ne l'est pas il ne s'agit que d'une perception singulière. Il se peut que la perception ne soit pas toujours trompeuse. Et il est important de noter que dans ce cas il faut se demander si la fausseté, au lieu de revenir aux sens, peut être rattachée au jugement que nous portons à partir d'eux.

« L'expression « crève les yeux » est employée généralement pour évoquer quelque chose d'évident, que l'on ne peutpas ne pas voir.

Ce qui crève les yeux, c'est ce qui incontestable.

Nous pouvons dire de quelqu'un : « il a du talent,ça crève les yeux ».

L'expression possède cependant un deuxième aspect.

Elle possède une référence à la vue.

Or,dans la métaphysique classique la vue diurne est le modèle de toute vérité.

Ainsi, on parle d'idée claire et distinctepour qualifier la vérité, « claire » et « distinct » étant deux mots du champ lexical de lumière et de la vue.

Dès lors,la vérité serait ce qui est évident.

Cependant, la référence à la vue est aussi liée à l'apparence, à ce qui apparaît.Par exemple un bâton dans l'eau paraît brisé.

Mais cette apparence est trompeuse.

En effet le bâton paraît brisémais ne l'est pas.

Aussi il semble qu'il y ait un conflit entre l'apparence « ce qui saute aux yeux » et la réalité.

Maiss'agit-il d'un rapport de la vérité à l'apparence ? La vérité est aussi définie de façon traditionnelle par l'adéquationd'une idée avec la réalité.

Notre représentation d'un objet, par exemple le bâton, sera vraie si elle s'accorde avecson objet.

L'apparence peut donc contredire la vérité, elle présente le bâton brisé alors qu'il ne l'est pas.

Or si lavérité n'est pas donnée par la perception, autrement dit si la perception nous trompe, notre rapport au mondeextérieur, qui est médié par la perception, est-il nécessairement faux, ne nous délivre-t-il qu'une vision trompeusede la réalité ? Si la perception dans le cas du bâton brisé nous présente le bâton brisé alors qu'il ne l'est pas il nes'agit que d'une perception singulière.

Il se peut que la perception ne soit pas toujours trompeuse.

Et il estimportant de noter que dans ce cas il faut se demander si la fausseté, au lieu de revenir aux sens, peut êtrerattachée au jugement que nous portons à partir d'eux.

Ne peut-on pas dès lors travaillé sur l'apparence qui nous« crève les yeux » pour atteindre le vrai ? L'évidence est le critère de vérité- Comment savoir que la vérité est vérité ? Cette question primordiale a énormément été travaillée par la philosophe.Elle est de la plus haute importance puisqu'elle est ce qui justifie la méthode et le travail philosophique.

Y-a-t-il unsigne par lequel se montre la vérité d'une idée ou d'une chose ? Pour appréhender cette notion, beaucoup dephilosophes ont rapproché la lumière et donc la vue avec la vérité.

L'expression « ça crève les yeux » nous faitd'ailleurs penser au mythe d'Œdipe qui apprenant la vérité( c'est-à-dire que c'est lui l'assassin de son père) se crèveles yeux.

Il y aurait dans la vérité une lumière qui nous rendrait aveugle.

C'est en tout cas ce qu'illustre Platon avecson mythe de la caverne.

Dans La république( Livre VII) , il imagine des hommes enchaînés dans une caverne ne voyant que des ombres projetées sur le mur par un feu qu'ils ne peuvent pas voir.

Ils prennent bien sûr ses ombrespour la réalité.

Or, si on force un individu à sortir de cette caverne et à voir la vraie lumière, il sera d'abord aveuglépar la vraie lumière du jour qu'il n'a jamais vu avant.

« Et si on le force à regarder la lumière elle-même, ses yeuxn'en seront-ils pas blessés ? » Pourtant l'homme dont parle Platon ne reconnaîtra pas tout de suite que les objetsqu'il voit en pleine lumière sont la vérité.

Il lui faudra un temps d'adaptation.- Il n'en reste pas moins que la vérité est lumière et cette idée sera reprise notamment pas Descartes.

Il estpensable, en effet, que les philosophes avertis par les écrits platoniciens, savent que l'aveuglement par la lumièreest signe de vérité.

Descartes concevra alors comme critère du vrai l'évidence.

Selon lui, les connaissances quiapparaissent « claires » et « distinctes », débarrassées de toute ombre sont reconnaissables comme vraies. Spinoza reprend une idée similaire.

La vérité s'impose comme évidence,comme ce qui crève les yeux.

Selon lui, une idée s'affirme par elle-mêmecomme vraie dans l'esprit.

Quand l'idée de triangle s'impose à moi, telle queDescartes le disait aussi, je ne peux pas en dire n'importe quoi.

Je suis obligéde reconnaître ses propriétés : « il se définit par trois lignes seulement »…Pour Spinoza, le vrai est sa propre marque.

« Qui a une idée vraie, sait enmême temps qu'il aune idée vraie et peut la distinguer d'une idée fausse ».

Lecritère intrinsèque de la vérité tient à l'illumination de l'intelligence parl'évidence de l'idée.

L'expérience de la vérité tient à une intuitionintellectuelle, elle est la vision pénétrante de l'esprit.Il y a une sorte de rapprochement entre la connaissance de la vérité et laconnaissance de Dieu telle que la décrivent les théologiens.

Nous connaissonsDieu dans l'évidence de son apparition et dans la lumière qui l'entoure.

Pascalaffirme ainsi que Dieu se connaît par le cœur et que les premiers principesconnus par cette voie sont fermes et indubitables.Il y aurait donc une intuition forte, qui prendrait le caractère d'évidence, quinous montrerait la vérité toute nue.

Cependant, il est étonnant de constaterque l'accès à la vérité est reliée à la lumière et à la vue, quand on estconscient de toutes les illusions que nos sens apportent.

Les apparences sont trompeuses- Pourtant le caractère d'évidence est plus que douteux.

Descartes lui-même avait compris que son idée deconnaissances « claires » et « distinctes » était compliquée à définir et « qu'il y a quelque difficulté à bienremarquer quelles sont celles que nous concevons distinctement ».

La suite de l'histoire a bien entendu attaquécette évidence intellectuelle en la ramenant à un simple sentiment de certitude.

Or, nous avons tous les jours cesentiment d'être sûr de nos dires.

C'est d'ailleurs pour cela que nous faisons des paris.

La certitude ne serait alorsque le jouet de nos désirs, de nos passions et de notre mémoire.

Nous avons tendance à penser les nos idéesfamilières comme « claires et distinctes », simplement parce que nous en avons habitude.

Pourtant, cela pose unénorme problème.

Ce qui crève les yeux, c'est ce que j'ai l'habitude de voir et que je reconnais tout de suite.

Or,. »

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