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Cela peut-il être plus fort que moi ?

Publié le 11/02/2019

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Il n’en reste pas moins que, au tribunal, on peut tenir compte de « circonstances atténuantes ». C’est avant tout lorsque le sujet, au moment de son action, semble de façon peu contestable avoir perdu toute maîtrise sur lui-même, c’est-à-dire dans les cas avérés de « folie », passagère ou chronique.

 

La notion de responsabilité entière semble en effet impliquer la « normalité » mentale du sujet, bien que l’on connaisse toujours quelques difficultés pour définir cette normalité, puisqu’on sait combien la différence entre santé et maladie mentale, ou entre normalité et folie, est historiquement et culturellement variable (comme a pu le montrer, en particulier, Michel Foucault dans son Histoire de la folie à l’âge classique). Malgré tout, la « folie » semble à ce point soumettre le sujet à des formes d’action qu’il ne peut dominer, elle paraît à ce point contraire à l’existence même de sa volonté, qu’il est logique de considérer que sa responsabilité est suspendue. Le malade qui est agité de mouvements compulsifs obéit bien à « plus fort que lui » : il ne contrôle plus ses gestes, son système nerveux ou musculaire, son corps ne lui obéit plus,

« table lorsque le jeune âge du coupable implique qu'il n'a pas encore une conception bien claire de ce que serait sa responsabilité, il semble plus difficile à admett re en prés en c e d'un adulte, qui prétend se décharger de celle-ci sur le poids des circonstance s extérieures.

Lorsqu'un mari colé­ reux tente de faire valoir que, s'il frappe son épouse.

ce n'est pas tout à fait de sa faute parc e qu e, pé riod iquem en t, «c'est plus fort que lui», une telle ex cus e paraît assez peu recevable- ce qui indique que l' o n attend d'un sujet adulte la ca pac ité de maîtri se r sa co ndui te, ou d'assumer sa res­ pon sabilité s'il lu i arr iv e d'ag ir mal.

Que peut donc valoir cene excuse : > une faute : la personne accusée tente de fai re admettre que sa conduite (répréhensible) ne peut lui être reprochée, dans la mesure où quelqu e « force » extérieure l'a amenée à agir ainsi, indépendamment de sa volonté.

C'est donc l'aveu d'une fai­ bl esse de la volonté, en même temps que l'invitation à découvrir ce qui a pu la bâfouer.

De manière générale, celui qui cherche à s'e xcu ser de la sorte reconnaît donc que sa conduite n'a pas été décidée par sa seule volonté.

li sous­ entend que cette dernière s'est heurtée en quelque sorte à plus fort qu'elle : au lie u d' agir, il a, dans une certaine mesure, été agi.

D'un point de vue strictement moral, une telle excuse n'est acceptable que si l'on a dme t que la conduite peut ne pas être déterminée par le seul sujet et par sa volonté : interviendrait donc un détermi nism e ex té rieu r, qui oblige à a d m ettre que le sujet, éta nt déterminé, perd sa liberté.

Pour apprécier une telle excuse, on do it donc se deman der si la conduite peut être ainsi conçue, si l'on peut admettre que l'homme, dans sa vie quotidienne, soit soumis à des déterminismes qui orientent ses gestes, ses actes, peut- ê tre ses pensées.

Derrière la formule un peu passe­ pa.rtout et en apparence pas trop grave, se profile en réalité une définition de l'humain et de sa situation relativement aux choses extérieures.

Admel'tre un tel déterminisme (et même si l'on conçoit qu'il n'intervient que de temps à autre, pré cisé ment quand l'action est mal orientée), c'est évidemment nier la responsabilité, et donc la moralité elle-même.

On vo it mal en effet comment on pourrait soutenir que, si j'agis bien, j'en reven­ dique la responsabilité, alors que, si j'agis mal, c'est que je suis soumis momentanément à « plus fort que moi » : la responsabilité doit être dans les deux cas constante, ou inexistante.

En d'autres termes, c'est la volonté - ou son absence -qui doit dans tous les cas déterminer ma conduite.

II n'est dès lors pas surprenant que Kan t, qui place précisément la volonté. »

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