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Celui qui te gifle sur la joue gauche, tourne lui aussi la droite. ( Matthieu 3:38 )

Publié le 20/03/2005

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Nietzsche montrera que l'idéal chrétien de la paix de l'âme n'était pas celui du Christ lui-même. Nietzsche a lui-même exalté l'agressivité et la guerre, contre l'idéal pacifique qui serait un symptôme de relâchement moral, caractéristique d'une vie déclinante (cf. Ainsi parlait Zarathoustra, « De la guerre et des guerriers »). Et certains textes de Nietzsche rappellent ces propos du Nouveau Testament. Nietzsche évoque aussi l'idée d'une spiritualisation de l'agressivité, en religion comme en politique : « plus avisée, plus réfléchie, elle (l'agressivité) a plus de ménagements » (Crépuscule des idoles).      c. Avec Hegel, le face à face entre hommes est toujours une lutte pour la reconnaissance qui implique la vie et la mort. Les deux consciences se mettent en péril, en mettant la vie de l'autre en péril. Il y a toujours en sortant de ce conflit une conscience qui préférera conserver sa vie, ainsi renoncer à sa liberté. L'autre est ainsi reconnu comme étant le seul libre.

     Cette fameuse image du Christ invite l’homme à ne pas sombrer dans une violence régie par la loi du plus fort, ou par la loi du talion (c’est-à-dire par une vengeance égale au préjudice commis). D’ailleurs, ce qui précède cette sentence est cette loi du talion, énoncée sous la forme « Œil pour œil, dent pour dent « (5, 38). Ainsi Jésus, qui incarne le christianisme comme religion de l’amour, et non comme religion (judaïque) du commandement ou de la loi, exhorte le sujet à réfléchir sur le thème de la violence, à savoir ses produits ainsi que les réponses qu’on peut y apporter. Ce message christique est-il ainsi transposable sur tous les plans de la réalité humaine ?  

« Le coeur du rapport entre les consciences est le conflit.

Il n'y a pas de coprésence ou de cohabitation possiblesur un mode égal, il y a toujours - du moins potentiellement - un rapport de maîtrise et de servitude.

Chaqueconscience cherche à se manifester face à une autre conscience, comme un être-pour-soi absolu, c'est-à-direun être absolument libre, qui préfère la liberté à la vie naturelle présente et donnée.

La conscience serve,inversement, est la conscience qui préfère la vie à la liberté, et qui renonce par conséquent à s'abstraire, pourla dépasser, de la réalité sensible.

Tout rapport entre les consciences est par conséquent asymétrique : dansun rapport vivant entre deux consciences, il y en a toujours une qui préfère la liberté, et nie pour cela ce quiest; et l'autre qui préfère s'en tenir à la réalité présente qui lui semble essentielle.

La conscience maître choisitla liberté au péril de sa vie même, et se fait reconnaître comme tellepar l'autre conscience, en usant si besoin est de la force et de la violence, tandis que la conscience serve estla première qui renonce à la lutte, préférant conserver son existence au prix de sa liberté, de son autonomie etde sa volonté.

Plutôt servir que mourir, pense le serviteur ; plutôt mourir que perdre ma liberté face à l'autre,proclame le maître. La liberté en question dans le rapport des consciences Il faut observer que la liberté du maître est négative, puisqu'elle consiste simplement dans un mouvement denégation de la réalité présente.

Elle tire son héroïsme et son courage de l'absence de crainte de la mort.

Elle seprouve par la force de négation.

Pourtant, la liberté au sens positif serait celle d'une égalité à soi dansl'altérité, une identité de son soi reconnu dans un autre soi, une liberté présente dans la réalité même.

Leserviteur n'a pas de soi : son soi est un autre soi, c'est celui du maître, dans lequel il s'aliène, tout en gardantl'intuition que son soi essentiel est ailleurs, qu'il lui échappe.

Le maître a l'intuition que le Je du serviteur estsupprimé, et que sa propre volonté s'incarne et se conserve dans "son" serviteur.

Craignant son maître, celui-cin'a pas de volonté propre : elle est au service de son maître, par le travail et les services qu'il lui rend.

Mais letravail est précisément ce par quoi le serviteur va s'affranchir de son maître.

Aliéné dans sa volonté et sondésir, il réalise son propre soi par ses oeuvres : il élabore, façonne, transforme la réalité extérieure qui devientson produit, sa chose, son individualité même.

Le serviteur gagne finalement son indépendance grâce et pardevers le maître qui lui a aliéné l'inessentiel (le désir autonome et la volonté) pour lui laisser l'essentiel : lapossibilité de se réaliser par le travail, et de gagner ainsi à l'égard du monde une indépendance et uneautonomie que le maître ne connaît pas, puisqu'il dépend pour sa part - sa subsistance, l'organisation de la viematérielle, la prévision des ressources - du travail, ainsi que de la connaissance et du savoir-faire acquis duserviteur. III.

Peut-on légitimer la violence ? a. Il est difficile d'éradiquer la violence entre les hommes quand chacun a la possibilité de se rendre propriétaire d'un site naturel.

C'est Rousseau qui dénonce cette imposture originelle qu'est le droit à la propriété privée : « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi , et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile » ( Discours sur l'origine de l'inégalité ).

Et celui qui s'avise d'aller à l'encontre de ce désir de propriété se voit devenir un ennemi, et attire sur lui les guerres, les crimes etc.

l'Etat lui-même est ainsi fondé sur la violence. b.

Et cet Etat est le seul à être l'image d'une violence légitime.

C'est ce qu'affirmera le sociologue M.

Weber , que l'Etat a un droit à la violence : l'Etat est la seule communauté humaine qui « revendique avec succès pour sonpropre compte le monopole de la violence légitime » ( Le savant et le politique ).

Mais il s'avère que si l'Etat bafoue excessivement les institutions qu'il pose, les citoyens ont un devoir de résistance à l'oppression, afin de conserverleur liberté.

C'est l'idée de Rousseau que reconquérir sa liberté, quand on est sous le régime d'un despote, est un droit et un devoir (cf.

Du contrat social , L.

I, ch.

IV). c.

La violence provient aussi du fait qu'on ne considère pas autrui comme soi-même.

L'autre doit émerger à la conscience comme l'indice d'une existence authentiquement éthique.

E.

Lévinas voit dans le visage nu d'autrui la marque de l'infinité divine, d'une responsabilité insigne.

Je suis toujours responsable de l'autre, dans l'appréhensionde sa fragilité.

On peut reprendre ce mot de Dostoïevski : « je suis responsable de tout et de tous, et moi plus que les autres » ( Les frères Karamazov ).

« Je pense plutôt que l'accès au visage est d'emblée éthique.

C'est lorsque vous voyez un nez, des yeux, un front, un menton, et que vous pouvez les décrire, que vous vous tournez vers autrui comme vers un objet.

Lameilleure manière de rencontrer autrui, c'est de ne pas même remarquer la couleur de ses yeux ! Quand on observela couleur des yeux, on n'est pas en relation sociale avec autrui.

La relation avec le visage peut certes être dominéepar la perception, mais ce qui est spécifiquement visage, c'est ce qui ne s'y réduit pas. Il y a d'abord la droiture même du visage, son expression droite, sans défense.

La peau du visage est cellequi reste la plus nue, la plus dénuée.

La plus nue, bien que d'une nudité décente.

La plus dénuée aussi: il y a dansle visage une pauvreté essentielle.

La preuve en est qu'on essaie de masquer cette pauvreté en se donnant desposes, une contenance.

Le visage est exposé, menacé, comme nous invitant à un acte de violence.

En même tempsle visage est ce qui nous interdit de tuer.

». »

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