Charles Gounod
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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Mais l'invasion allemande menaçait Paris.
Gounod passa la Manche avec les siens.
En Angleterre il fut admirablementreçu.
Entouré d'admirateurs...
et d'admiratrices, ce temps de guerre se passait en somme le mieux du monde.Néanmoins cette retraite britannique devait mal finir.
Gounod dut, en effet, lors de son retour à Paris, en 1874,récrire de mémoire la partition de Polyeucte imprudemment confiée à la séduisante et trop intéressée MistressWeldon.
Polyeucte, enfant chéri de l'auteur, fut représenté pour la première fois en 1878.
Il n'eut guère de succès.Pour surmonter cette épreuve, Gounod eut encore recours à son remède ordinaire : le travail.
Hélas, le premierrésultat fut la chute lamentable du Tribut de Zamora.
Le maître, alors, abandonne le théâtre et, pour terminerreligieusement sa carrière, compose coup sur coup deux oratorios : Rédemption, puis Mors et Vita.
L'Oeuvre de Gounod a été jugée autrefois avec une impitoyable sévérité.
Il fut un temps où faire de l'esprit à sesdépens équivalait à un brevet de capacité.
Ce jeu, présentement fort démodé, compte encore cependant quelquesamateurs plus ou moins graves et plus ou moins dédaigneux.
Essayons de faire le point.
Si Gounod ne fut pas un très grand homme ni même un très grand artiste, il fut assurément un musicienexceptionnel.
Certes, il ne compte guère parmi les grands symphonistes.
D'autre part, sa douceur, sa mesure et sagentillesse, excluent de son Oeuvre puissance ou grandeur et limitent ses aspirations.
Gounod est un bourgeoisfrançais heureux et cultivé.
Ses peines et ses sentiments ne dépassent jamais la moyenne décente admise dans sonmilieu social.
Son unique ambition est de les traduire dans sa langue qui est musique ; de les envelopper en quelquesorte sous un réseau sonore expressif et charmant.
C'est pour cela, sans doute, que son Oeuvre dramatique est enpartie ratée.
Elle manque d'humanité et d'authenticité psychologique.
En général, les opéras de Gounod (commeceux de Mozart) sont faits de pièces détachées et interchangeables jointes bout à bout.
Le premier acte de Mireillemis à part (moins la valse), ils n'ont pas d'existence propre.
Mais peu importe, puisque leur qualité transcendante etspécifiquement musicale se trouve à l'état pur, çà et là, dans les diverses parties qui les composent comme dans lesmerveilleux cahiers de mélodies.
Il est vrai parbleu, que dans Faust, Mireille et Roméo, ni Shakespeare ni Goethe, ni même Mistral, ne sont présents.Mais il y a Gounod.
Saluons ! Lui fera-t-on éternellement grief d'avoir voulu plaire et d'y être parvenu ; d'avoir étéun musicien de bonne éducation et respectueux des convenances ?
Après tout, est bien puni qui boude à son plaisir.
Il n'est point glorieux de montrer de l'humeur à qui vous sourit !D'ailleurs, chacun le sait de reste, Aristarque ne peut rien contre le sentiment populaire.
Ne récusons pas ce témoinde bonne foi !
N'oublions pas enfin que Gounod est le créateur, en musique, du climat français.
Ce titre seul suffirait à sa gloire.
Deson opulente barbe blanche a jailli une source de pure musique.
Cette source est toujours vive : Fauré y a trempédes lèvres avides ; le jeune Debussy y noya les germes du wagnérisme dont il subissait les premières atteintestandis que Ravel y puisait l'eau claire de ses inimitables "aquarelles".
Mais, au fait, le monde entier ne lui doit-il pas quelque chose ?.
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