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Comment définir l'injustice ?

Publié le 03/08/2005

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Si le fait de ne pas respecter la loi est injuste, c'est que la loi est censée être la même pour tous, et qu'elle est donc censée garantir à chacun les mêmes droits, mais impose également à chacun les mêmes devoirs. Donc celui qui ne respecte pas la loi rompt l'égalité devant la loi est se comporte donc de manière injuste, puisqu'il n'assume pas la part de devoirs qui lui revient. On peut pourtant faire remarquer que la légitimité ne se confond pas avec la légalité. Il se peut en effet que la loi elle-même ne soit pas juste. Dans cette mesure il peut être injuste de respecter la loi, et juste de la transgresser. L'injustice sera alors non plus de ne pas respecter la loi positive, édictée par les hommes, mais de contrevenir à une norme de justice inscrite dans la nature même des choses. Mais il se peut aussi qu'une loi juste donne lieu à des applications injustes de la loi. En effet la loi étant par essence générale, elle ne peut anticiper sur les cas particuliers qui se présentent. Il se peut alors que la loi soit juste dans son principe, mais donne lieu à des applications injustes. L'injustice est alors manque de jugement, c'est-à-dire incapacité à appliquer la loi avec discernement.

La question « comment « porte sur des moyens de réalisation, des processus, non sur des causes. Définir, c'est poser les éléments d'une chose, en fixer et limiter le sens, en dire la nature. Il s'agit donc ici de définir le moyen par lequel on peut définir l'injustice : l'enjeu est à la fois philosophique et, en un sens, épistémologique : il faudra mettre l'accent sur les manières et les méthodes par lesquelles on peut penser l'injustice.

La première remarque, c'est que le concept d'« injustice « est négatif, il est le contraire du concept de « justice «, il se définit donc étymologiquement en rapport à son positif. L'injustice pourrait donc se définir comme ce qui est contraire à  la justice – et sa définition dépendrait donc de celle que l'on attribue à la justice. Alors, l'injustice sera-t-elle ce qui caractérise les actes qui sont contraires à la justice ? Mais ces actes sont-ils les actes qui n'ont pas explicitement la justice comme motivation (je commets tel acte parce que je tiens à aller contre la justice, parce que mes motivations, ou même mon caractère, est injuste) ? Ou sont-ils ceux qui, involontairement, causent du tort à la justice (je commets tel acte sans vraiment en connaître toutes les conséquences, or il se trouvent que ces conséquences sont injustes) ?

Se pose ici un problème : l'injustice est-elle consciente, est-elle une opposition délibérée à la justice, ou est-elle le résultat d'une ignorance de ce qu'est la justice ? Autrement dit, l'injustice peut-elle ou non avoir un contenu positif et actif ? La manière dont on définira l'injustice dépendra en premier lieu de la branche que l'on choisira dans cette alternative.

            L’injustice est un concept négatif, au sens où il ne se comprend que par opposition à la justice. On dira que ce qui est injuste, c’est ce qui ne respecte pas la justice. Pour déterminer ce qu’est une injustice, il faut donc envisager en quels sens on peut ne pas respecter la justice. La justice peut s’entendre d’abord comme conformité à la loi. En effet pour qu’une action puisse être dite juste ou injuste, il faut pouvoir l’évaluer par rapport à un critère. Or en l’absence de loi on n’aurait aucun critère pour évaluer l’action. Dans cette perspective,  l’injustice se comprendra alors comme le fait de ne pas respecter la loi. Si le fait de ne pas respecter la loi est injuste, c’est que la loi est censée être la même pour tous, et qu’elle est donc censée garantir à chacun les mêmes droits, mais impose également à chacun les mêmes devoirs. Donc celui qui ne respecte pas la loi rompt l’égalité devant la loi est se comporte donc de manière injuste, puisqu’il n’assume pas la part de devoirs qui lui revient. On peut pourtant faire remarquer que la légitimité ne se confond pas avec la légalité. Il se peut en effet que la loi elle-même ne soit pas juste. Dans cette mesure il peut être injuste de respecter la loi, et juste de la transgresser. L’injustice sera alors non plus de ne pas respecter la loi positive, édictée par les hommes, mais de contrevenir à une norme de justice inscrite dans la nature même des choses. Mais il se peut aussi qu’une loi juste donne lieu à des applications injustes de la loi. En effet la loi étant par essence générale, elle ne peut anticiper sur les cas particuliers qui se présentent. Il se peut alors que la loi soit juste dans son principe, mais donne lieu à des applications injustes. L’injustice est alors manque de jugement, c'est-à-dire incapacité à appliquer la loi avec discernement.

 

« II.

l'injustice tient parfois à la loi elle-même Dire qu'une action injuste est une action qui transgresse la loi ne vaut que si la loi elle-même est juste.

Oril peut exister des lois injustes.

C'est par exemple ce que montre le dialogue de Platon intitulé Gorgias .

Socrate discute avec Calliclès de la justice et du fait de savoir si elle consiste à respecter la loi.

Or Calliclès conteste que leslois positives, c'est-à-dire celles instituées par les hommes, soient justes.

En effet Calliclès prétend qu'il y a une loiinscrite dans la nature des choses qui s'oppose aux lois positives, et que c'est cette loi qui dit véritablement ce quiest juste ou injuste.

Pour Calliclès ce sont les faibles qui font les lois de la cité, et leur objectif est simplement deneutraliser les hommes forts.

Or le droit selon la nature c'est au contraire que le plus fort commande au plus faible.Respecter la légalité du droit positif revient donc en fait à commettre une injustice, en contrevenant à la justiceselon la nature.

Dans cette perspective, commettre une injustice, c'est ne pas respecter un principe de justice quine se confond pas avec la loi positive.

On voit donc qu'on ne peut confondre légalité et légitimité, et que l'on peutcommettre l'injustice dans le cadre de la légalité.

Ce qui sera considéré comme une injustice dépendra donc de lanorme de justice que l'on adoptera.

Il peut être utile de distinguer légalité et légitimité, car cela invite chacun às'interroger en son for intérieur, pour se demander si ses actions ne peuvent pas être injustes tout en étantpourtant en plein accord avec la légalité.

Il faut pourtant remarquer qu'il est important d'essayer de trouver unprincipe de justice qui soit objectif.

En effet si chacun invoquait sa propre conception de la justice pour ne pasrespecter la loi, la vie en société deviendrait impossible. III.

L'injustice est un manque de discernement dans l'application de la loi. Nous avons vu que l'injustice pouvait résider dans le respect aveugle de la loi lorsque cette loi est elle- même injuste.

Mais il peut également se faire que la loi soit juste et qu'elledonne pourtant lieu à des injustices.

En effet la loi est par essence générale,ce qui implique qu'elle ne peut pas anticiper sur tous les cas particuliers quipeuvent se présenter.

Il se peut donc que cette loi, juste dans son principe,lorsqu'elle est appliquée à la lettre, donne lieu à des injustices.

C'est ce quifait dire à Aristote dans l'Ethique à Nicomaque, V, que la justice doit être corrigée par l'équité.

Si la justice consiste à juger un cas particulier selon laloi, c'est-à-dire selon les textes juridiques, l'équité consiste à donner àchacun selon ce que son comportement ou sa situation appelle commerétribution ou comme châtiment, en corrigeant ce que la loi peut avoir derigide.

Aristote compare le principe d'équité à la règle de plomb que l'on utilisepour construire les bâtiments.

Il s'agit d'une ficelle lestée d'un morceau deplomb (pour montrer la verticale), mais qui est suffisamment souple pourépouser les formes de la pierre.

De même, le juge doit s'adapter aux casparticulier qui n'ont pu être prévus par le législateur.

L'injustice ne s'opposeplus alors à la justice mais à l'équité.

L'injustice c'est de ne pas faire preuvede discernement dans l'application de la loi a cas particulier (par exemple si laloi dit qu'un meurtrier doit être condamné à mort, mais qu'il est établi qu'unhomme en a tué un autre sans le faire exprès, parce qu'il ne savait pas quel'épée avec laquelle il s'entraînait n'était pas mouchetée, le juge doit tenircompte des circonstances et ne pas condamner l'homme à mort). Conclusion L'injustice ne peut se concevoir indépendamment de son rapport à la justice.

Or ce qui est juste ne peutl'être que par rapport à un critère qui permet d'évaluer l'action.

Ce critère ne pouvant être que la loi, on peut penserque l'injuste est ce qui ne respecte pas la loi.

Mais cette conception rabat le légitime sur le légal.

Or il se peut qu'il yait des lois injustes qui ne permettent pas d'effectuer cette réduction.

En ce sens il faut dire que l'injustice est cequi contrevient à une norme de justice, mais que cette norme peut être différente de celle qui sous-tend les lois envigueur.

De plus la loi ayant un caractère général, elle peut donner lieu à des injustices même si elle est juste dansson principe.

Il faut donc dire en dernière instance que l'injustice c'est de ne pas respecter le principe d'équité, quicommande de corriger ce que la loi peut avoir de trop rigide.. »

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