Devoir de Philosophie

Comment le passé peut-il demeurer présent ?

Publié le 18/08/2005

Extrait du document

 » Dans la philosophie, la question du temps est assez classique. Historiquement on dirait que la vraie interrogation a commencé avec Saint Augustin au Livre XI des Confessions. Dans ce texte ce dernier interroge les trois figures du temps : le présent, le passé et le futur pour aboutir finalement à la conclusion qu'il n'y a en vérité qu'une seule figure du temps à savoir le présent. Mais un présent d'un type bien particulier car il porte avec lui les traces du passé et celui du futur, d'où sa formule en latin : « presens praesentibus, presens futuribus ». Car d'après Saint Augustin le présent est toujours coincé entre ce qui était et ce qui n'est pas encore. Cette métaphysique du temps nous permet d'apprécier le passé à sa juste valeur puisque ici il se confond même avec le présent. Ce qui veut dire que le passé ne se laisse pas facilement entraîner dans le fil du temps, il n'arrive pas à disparaître, il crève le mur du présent, il s'impose au présent. Le présent est donc ici un faux présent.  Le passé demeure présent parce qu'il constitue chez Saint Augustin une des formes du présent, une des dimensions de ce qui est.  Car il évident que sans passé il ne peut y avoir de présent, car en réalité le présent est un temps qui n'existe pas, car il est soit la résultante d'un passé soit l'anticipation d'un futur.

Pour la doxa le passé c’est le passé, le passé est donc considéré comme mort. Il arrive même qu’on condamne certaines personnes parce qu’elles vivent dans le passé, qu’elles ne suivent pas leur temps, et par conséquent qu’elles ne vivent pas dans le présent. Or à s’interroger on peut se demander comment faut-il penser le passé, ou encore si l’homme peut réellement se passer du passé. Autrement dit, le passé passe-t-il vraiment ? Et si l’on en vient à admettre que le passé ne passe jamais alors effectivement tout passé demeure aussi présent.

« Si nous laissons la pure métaphysique du temps et que nous essayons de penser non plus le temps abstrait mais letemps historique, nous devons dire que les événements se pensent sous formes de traces.

Car l'histoire commediscipline est justement celle qui n'a à faire qu'au passé.

L'histoire est l'acte par lequel on fait advenir ce qui n'estplus dans ce qui est, il n'y a donc pas d'histoire du présent.

Il faut opposer actualité et histoire.

L'histoire est unedistance par rapport au temps.

Demeurer dans le passé c'est en vérité être prit dans le récit historique des faits,ainsi grâce à l'histoire le passé est vivant, il est actualisé, donc il ne se confond plus avec la mort, avec le purdisparaître.

Car en vérité, il faut en finir avec l'idée primesautière du passé comme une instance, comme une figuremorte, c'est-à-dire une figure qui n'a rien à apporter au présent.D'autre part nous savons aussi qu'il n'y a du présent que sur le fond ou sur la base du passé.

Ce qui apparemmentest mort est justement ce qui est le plus vivant puisque sans cette mort il n'y aurait pas vie, sans ce disparaître iln'y aurait pas d'être.Hegel, Propédeutique philosophique : « Les dimensions du temps sont 1° le passé, la présence comme supprimée, comme n'étant pas là; 2° l'avenir, la non-présence, mais déterminée à être là; 3° le présent, en tant qu'immédiatdevenir et union des deux autres.

».

III.

Troisième partie : le passé comme culture.

Cette relation entre le paraître et l'être nous permet aussi de penser le passé comme une dimension de la mémoire.Il faut entendre la mémoire non pas comme une faculté humaine de remémoration mais la mémoire commemonument, comme corps.

Nous trouvons cette forme de mémoire dans la pierre (l'architecture) dans les symboles(le drapeau, les célébrations).

Toutes les institutions, les commémorations sont des corps de mémoire, et sans cetype de mémoire là l'aventure humaine n'aurait pas de sens et l'homme lui-même aurait cessé d'exister commeculture.Ce qui fait la base des sociétés humaines, c'est justement leur capacité à préserver le passé, leur volonté acharnéede faire revivre le passé afin justement de comprendre et de mesurer le présent.

On pourrait aller jusqu'à dire qu'ilest possible de mesurer la grandeur d'un peuple, la grandeur d'une communauté, l'excellence de sa mémoire par sacapacité à être fidèle au passé.

Par l'acharnement qu'il met à le sauvegarder et à le protéger.

Plus un peuple ou unecivilisation oublie son passé, plus il va vers son extinction. Bergson, Matière et Mémoire : « La mémoire-souvenir retient et aligne à la suite les uns des autres tous nos états au fur et à mesure qu'ils se produisent,laissant à chaque fait sa place, et par conséquent lui marquant sa date, semouvant bien réellement dans le passé définitif, et non pas, comme la premièrelia mémoire-habitude, dans un présent qui recommence sans cesse.

» Pour apprendre une leçon, il faut du temps.

Il faut la lire, la répéter, la relire etla répéter encore : il s'agit d'acquérir un souvenir de la leçon par des opérationsmécaniques.

Chaque nouvelle lecture permet d'accomplir un nouveau progrès.Les mots finissent par se lier automatiquement les uns aux autres.

Par ailleurs, jepeux me souvenir de la façon dont la leçon a été apprise, c'est-à-dire meremémorer les différentes étapes, la peine, les progrès et le résultat acquis.Cette mémoire est capable d'évoquer les différentes étapes de l'apprentissage,avec les circonstances et le cadre qui les accompagnaient.

Chacune fait partieintégrante de mon histoire personnelle.

Ces images des répétitions successivesde la leçon sont des souvenirs imprimés dans la mémoire.

La mémoire habitudeest un résultat acquis par la répétition et l'acquisition d'un mécanisme : elle est utile à la manipulation des objets matériels de notre univers quotidien.

Elle agit sans que nous y pensions, elleaccomplit à notre place et fait l'économie de la conscience.

La mémoire pure n'est pas un mécanisme qui procède del'habitude, mais de l'évocation spontanée du passé.

Les souvenirs sont datés et non interchangeables.

Chaquesouvenir est singulier et original.

La véritable mémoire opère par intuitions qui ressuscitent le passé en lui restituantla présence.

Elle n'exige pas l'acquisition d'un mécanisme, ni d'un apprentissage.

Elle enregistre sous forme d'images-souvenirs les événements au moment où ils ont lieu, et au fur et à mesure qu'ils se succèdent.

Elle n'est assujettie àaucun impératif d'utilité, ni à une application matérielle et pratique : elle est le magasin de notre passé dans lequelnous pouvons pénétrer et fouiller toutes les fois que nous le souhaitons.

Mais ces événements passés ont tous agisur nous, pour nous modifier en créant des mécanismes et des dispositions à l'action.

Le passé nous a instruit, formé. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles