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Commentaire de texte : Bertrand Russell, Problèmes de philosophie. « La valeur de la philosophie doit en réalité surtout résider dans son caractère incertain même. »

Publié le 06/03/2012

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russell

La valeur de la philosophie doit en réalité surtout résider dans son caractère incertain même. Celui qui n'a aucune teinture de philosophie traverse l'existence, prisonnier de préjugés dérivés du sens commun, des croyances habituelles à son temps ou à son pays et de convictions qui ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison. Pour un tel individu, le monde tend à devenir défini, fini, évident ; les objets ordinaires ne font pas naître de questions et les possibilités peu familières sont rejetées avec mépris. Dès que nous commençons à penser conformément à la philosophie, au contraire, nous voyons ... que même les choses les plus ordinaires de la vie quotidienne posent des problèmes auxquels on ne trouve que des réponses très incomplètes. La philosophie, bien qu'elle ne soit pas en mesure de nous donner avec certitude la réponse aux doutes qui nous assiègent, peut tout de même suggérer des possibilités qui élargissent le champ de notre pensée et délivre celle-ci de la tyrannie de l'habitude. Tout en ébranlant notre certitude concernant la nature de ce qui nous entoure, elle accroît énormément notre connaissance d'une réalité possible et différente ; elle fait disparaître le dogmatisme quelque peu arrogant de ceux qui n'ont jamais parcouru la région du doute libérateur, et elle garde intact notre sentiment d'émerveillement en nous faisant voir les choses familières sous un aspect nouveau.

Bertrand Russell, Problèmes de philosophie.

Dans le Gorgias, Socrate affronte la mauvaise foi des rhéteurs et finit par être obligé de parler tout seul, de monologuer, ce qui n’est pas conforme à l’esprit philosophique.

Fondamentalement, la philosophie exige une ouverture à la parole d’autrui et par là même une mise à distance de notre propre discours. Dans ses Problèmes de philosophie, Bertrand Russell revient sur l’idée de la démarche non dogmatique en philosophie. La thèse de l'extrait qui nous est proposé annonce que « la valeur de la philosophie doit ... résider dans son caractère incertain même « lors de ses recherches sur la vérité. Faut-il en conclure que la pratique de la philosophie nous conduit irrévocablement au doute perpétuel, au scepticisme ?

Plan

Introduction

I. Les caractéristiques d’une démarche non philosophique

1. Analyse rapide du plan

2. La vertu de la philosophie s’incarne dans le caractère dubitatif qu’elle engendre

3. Qu'est-ce qui caractérise le non-philosophe ?

4. Le monde « borné « du non-philosophe

II. Quel est l’intérêt de l'esprit philosophique ?

1. L'esprit philosophique n'appartient pas exclusivement au « philosophe «

2. Douter, est-ce se montrer faible ?

3. L'ouverture infinie au monde du possible

III. L’esprit, une puissance libératrice

1. Une libération qui passe par la pensée mais atteint le réel et l'action

2. Quels dont les risques de la liberté de pensée ?

3. Ne jamais cesser de s'étonner !

Conclusion

russell

« 3.

Ne jamais cesser de s'étonner ! Conclusion Introduction Dans le Gorgias, Socrate affronte la mauvaise foi des rhéteurs et finit par être obligé de parler tout seul, de monologuer, ce qui n’est pas c onforme à l’esprit philosophique.

Fondamentalement, la philosophie exige une ouvertur e à la parole d’autrui et par là même une mise à distance de notre propre discours.

Dans ses Problèmes de philosophie, Bertrand Russell revient sur l’idée de la démarche non dogmatique en philosophie.

La thèse de l'extrait qui nous est proposé annonce que « la valeur de la philosoph ie doit ...

résider dans son caractère incertain même » lors de ses recherches sur la vérité.

Faut-i l en conclure que la pratique de la philosophie nous conduit irrévocablement au doute perpétuel, au scepticisme ? Y a-t-il un intérêt à évincer les « préjugés » ? Et, de plus, peut-on espérer par venir à des connaissances ou à une pensée ? Et de quel type ? Enfin, jusqu'où peut-on s'émanciper des idées reçues et de l'habitude ? Ne sont- elles pas, pour tout homme, inéluctables, au moins partiellement ? I.

Les caractéristiques d’une démarche non philosop hique 1.

Analyse rapide du plan La structure du texte est transparente.

Dans la première ligne, Bertrand Russell expose explicitement sa thèse.

Ensuite, de « Celui qui n'a aucune...

» jusqu'à ...

avec mépris » , il montre la condition d'un être totalement hermétique aux qu estions philosophiques et présente la conséquence de cette conduite : la certitude (subje ctive) et le mépris.

II y oppose ensuite, de « Dès que ...

» à « ...

très incomplètes », un autre type d'individu qui a la fibre philoso phique, ce qui a pour conséquence d’obtenir des résultats complète ment inverses.

Enfin, dans la dernière partie du texte, Russell expose la richesse de la philoso phie : au-delà du doute et de l'incertitude, elle introduit à une nouvelle approche du monde et indiq ue peut-être par là un moyen de libération.

2.

La vertu de la philosophie s’incarne dans le car actère dubitatif qu’elle engendre Bien que clairement annoncée dès le début, la thèse de Bertrand Russell ne se laisse pas facilement appréhender de prime abord car elle prés ente l’aspect d’une formule lapidaire quelque peu provocatrice.

Ordinairement, la valeur d'un objet ou d'une idée tient dans ce qu’on peut estimer : une utilité, un prix, une valeur de connaissance (comme en sciences) ou un attrait esthétique.

Or, curieusement, et contrairement à ce qu'on croit habituellement (« doit en réalité surtout », par opposition avec « en apparence »), c e qui ferait la valeur de la philosophie pour Bertrand Russell est « son caractère incertain même », c’est-à-dire que sa valeur résiderait dans le fait de ne pas avoir de valeur, ou d’avoir une v aleur impossible à estimer avec les critères traditionnels d'estimation de celle-ci.

Comment com prendre ce paradoxe pour un non- philosophe ? 3.

Qu'est-ce qui caractérise le non-philosophe ? Examinons désormais le cas de « celui qui n'a aucun e teinture de philosophie ».

Le mot « teinture » est employé ici au sens figuré et indiqu e le fait d'avoir une fibre philosophique, même sans avoir fréquenté de cours de philosophie.

N'imp orte qui peut avoir un penchant pour la démarche philosophique : il suffit de se sentir con cerné par les questions inhabituelles et d'être à l'écoute des autres et du monde dans ce qu'ils ont d’étonnant.

Sinon, on reste « prisonnier des préjugés du sens commun ».

Le « sens commun » désig ne les opinions habituelles et ordinaires, diffusées dans une société sans qu'on y réfléchisse vraiment, immédiatement acceptées sans mise à distance critique.

Elles nous enferment dans des généralités qui ne tiennent pas compte de la complexité du réel ni de sa diversité.

Elles sont c ommodes et rassurantes, mais éloignées d'une. »

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