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Conquête de l'espace : les précurseurs

Publié le 22/02/2012

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De même que la surface de la Terre connue des anciens leur paraissait limitée de toutes parts devant un fleuve immense et infranchissable, de même l'univers accessible directement à nos sens devait rester longtemps borné par la nature même de ceux-ci, qui ne peuvent percevoir ou embrasser les événements et les objets trop petits, trop grands ou trop lointains. Et les indices par lesquels, dans certains cas, on aurait pu soupçonner quelque chose des lois qui règnent dans les prolongements de notre univers local, étaient interprétés comme de simples singularités des phénomènes familiers, ­ qu'il s'agisse de la discontinuité des espèces vivantes, des couleurs des bulles de savon, de la voie lactée ou des aurores boréales. Pourtant, l'explosion scientifique de notre vingtième siècle est venue ouvrir à nos sens, grâce aux instruments, d'immenses domaines nouveaux de l'univers et, après l'infiniment petit, voici que l'homme veut conquérir l'infiniment grand. L'Atome, son noyau, les particules élémentaires qu'il recèle et dont les liens réciproques et les transformations mutuelles nous ont dévoilé un monde à la fois précisément organisé et pourtant soumis au hasard, constituent maintenant pour nous le domaine entièrement nouveau des avatars microscopiques de l'énergie et de la masse. L'espace, les milieux interplanétaires, interstellaires, intergalactiques, les planètes, les étoiles et les galaxies, constituent de leur côté le domaine des dimensions, des durées et des masses qui exigent l'emploi de chiffres dits, à bon escient, astronomiques.

« il est en réalité séparé du monde extra-terrestre : les extraordinaires découvertes faites récemment aussitôt quel'on a su regarder par la fenêtre radio, restée inutilisée jusqu'à ces dernières années, donnent la mesure de ce quel'on trouvera lorsque les rayons X, l'extrême-ultra violet, les rayons infrarouges et les ondes hertziennes longuespourront atteindre nos instruments, lesquels sont depuis longtemps prêts à les analyser, mais ne reçoivent rien etne recevront rien tant que nous ne les aurons pas transportés au-delà des quelque 80 kilomètres d'atmosphère quiconstituent l'écran principal.

En fait, déjà à 40 km, on aurait des résultats intéressants dans l'ultra-violet. D'ailleurs ce n'est pas seulement l'absorption de l'atmosphère qui est coupable, aux yeux des astronomes, c'est aussison manque d'homogénéité.

Elle est agitée, elle n'est pas à une température uniforme, elle contient des poussières,des gouttes d'eau, des nébulosités, des cristaux de neige.

Tout cela déforme les images, leur enlève leur précisionet fait que les très grands miroirs de télescopes sont loin de rendre les services que l'on pourrait en attendre d'aprèsles lois de l'optique.

Tout cela sera derrière les instruments aussitôt qu'ils seront portés à une altitude suffisante. Parmi les rayonnements qui ne nous parviennent pas, figurent de nombreuses longueurs d'onde qui ne seraient pasfavorables à la vie telle qu'elle existe à la surface de la Terre la sélection naturelle ayant évidemment joué son rôledans cette adaptation mais dont la connaissance est nécessaire pour permettre la compréhension d'un ensemble derelations très complexes, que l'on appelle relations Soleil-Terre, et qui joue un rôle de premier plan dans toutessortes de phénomènes terrestres très importants pour nous.

Citons les phénomènes météorologiques et ceux del'ionosphère qui gouvernent nos transmissions radio.

Déjà les premières années de l'ère spatiale ont révélé l'existencedes ceintures de radiation dites de Van Allen, mais ce n'est qu'un début, et tout notre arsenal de détecteurs derayons X, y, de protons, de neutrons, d'électrons les compteurs de Geiger, les photo-multiplicateurs, lesscintillateurs, les détecteurs de Tcherenkoff, les émulsions, etc., va bientôt nous fournir, en permanence, la carte àtrois dimensions des rayonnements entourant la Terre.

Il sera bon aussi d'avoir la carte des champs, électriques etmagnétiques, qui influencent certains de ces rayonnements. Enfin l'observation en rayons X, ultra-violets, infrarouges, et en grandes longueurs d'onde des corps célesteslointains, étoiles, nébuleuses, galaxies, nous promet la solution de certaines des énigmes les plus passionnantes del'Univers : sa dimension, son âge, son évolution. L'idée d'aller explorer les cieux, au-delà des nuages les plus élevés, de se rapprocher des luminaires du jour et de lanuit, est aussi ancienne que l'homme.

Croyant que l'atmosphère devait continuer indéfiniment, les anciens pensaientqu'il devait être possible en imitant et dépassant les oiseaux de réaliser ce rêve.

Des méthodes extravagantes ontété proposées, dont la poétique utilisation de la rosée ! Après l'invention de la poudre à canon, on essaya d'envoyerun boulet dans l'espace, et l'expérience sembla même réussir, le boulet n'ayant pas été retrouvé...

La nécessité devaincre la gravitation fit même naître l'idée de l'utilisation d'une antigravitation ! Mais le seul mode de propulsion quisoit utilisable dans le vide spatial, là où le centre de gravité d'un mobile conserve imperturbablement sonmouvement, c'est celui où une partie du mobile est délibérément rejetée avec autant de violence que possible afinde lancer le reste dans la direction opposée, c'est-à-dire le moteur fusée.

Dès 1656, Cyrano de Bergerac en parle,puis d'autres, comme Achille Eyraud.

Jules Verne malgré son erreur fondamentale de vouloir utiliser le canon, avaitdéjà imaginé l'emploi de fusées pour corriger le mouvement de son obus.

Mais la fiction scientifique fait place avecTsiolkowski, Goddard, Esnault-Pelterie, à la théorie valide et aux premières tentatives sérieuses.

C'est alorsqu'intervint le besoin militaire d'envoyer des explosifs à plus grande distance qu'on ne pouvait le faire avec uncanon, donnant ainsi naissance au V2 première fusée spatiale de ce côté de l'Atlantique pendant que la libération del'énergie atomique était réalisée de l'autre.

Et, au fond, pourquoi les explorations spatiales n'ont-elles pas étéentreprises très tôt, bien avant l'époque de l'année géophysique, effort mondial qui a en quelque sorte catalysél'envoi du premier satellite artificiel ? Les calculs de nombreux précurseurs, parmi lesquels ceux dont les travaux vontêtre exposés ici, démontraient la possibilité de réaliser des véhicules spatiaux à partir du principe de la fusée ;aucune découverte technique majeure n'était nécessaire, seulement un très gros effort de perfectionnement dansplusieurs directions : propulsions, résistance mécanique, guidage.

Il faut bien constater, une fois de plus, que c'esten faveur des efforts de guerre que se sont réalisées dans nos pays les conditions propres à certains travaux detrès grande envergure.

Heureusement que le premier pas franchi, c'est-à-dire une fois lancées les premières fuséesmodernes construites pour des buts militaires, le monde des savants et des industriels et à leur suite lesgouvernements ont compris l'extrême intérêt que pouvaient présenter de tels véhicules sur le plan civil, pourl'avancement de la science et pour le progrès technique.

Deux grandes nations ont pris la tête de ce mouvement, etles succès de l'U.R.S.S.

et des U.S.A.

sont dans toutes les mémoires.

D'autres nations aux moyens plus limités ontsuivi : la Grande-Bretagne, la France.

Enfin, tout récemment, les pays de l'Europe de l'Ouest ont compris que l'effortétait trop grand pour chacun d'eux et que seule une collaboration constructive et harmonieuse pourrait permettredes réalisations à l'échelle nécessaire.

Ces groupements vont bientôt construire à leur tour de très grosses fusées,lancer des satellites d'un poids suffisant pour porter des appareils astrophysiques, et constituer les équipes dechercheurs, de techniciens, de théoriciens, de calculateurs indispensables dans ces grandes aventures de la sciencemoderne.

L'exemple donné sur le plan des recherches nucléaires par le C.E.R.N.

n'a pas été sans influencer lesinitiateurs de cette nouvelle collaboration européenne. Il faut rappeler, d'ailleurs, que cette année géophysique, dont nous avons indiqué le rôle dans la mise en marche despremières recherches spatiales, représente un autre modèle de coopération internationale.

Mais nous disons biencoopération et non exactement collaboration.

Les programmes de l'année géophysique, comme ceux prochains del'année du Soleil Calme, sont des programmes nationaux coordonnés en vue d'une meilleure efficacité.

Lesprogrammes des organismes spatiaux européens exigent des efforts de collaboration effectués par des équipesinternationales dans leur composition et dans leur matériel.

Un équilibre entre les différentes formes d'association. »

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