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CONSEILS METHODOLOGIQUES : la dissertation philosophique.

Publié le 20/09/2015

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CONSEILS METHODOLOGIQUES : la dissertation philosophique. 1) L'objectif à atteindre : Comprendre une dissertation philosophique, c'est définir par là même un objectif précis à atteindre, afin d'éviter ce qui arrive trop souvent: un mélange des genres. Les dissertations sont trop fréquemment conçues comme des exposés (récitation passive de connaissances toutes faites) ou, défaut inverse, comme des improvisations. Dans les deux cas, l'objectif fondamental de toute dissertation est perdu de vue; à savoir, le développement d'une réflexion en acte dans le mouvement d'analyse d'un problème. Toute dissertation a ce point de vue le côté actif d'une démarche réflexive. Elle est processus et non résultat. En tant que réalisation réflexive, elle désignerait plutôt le mouvement de réalisation active que le produit réalisé. Nous dirons que la réflexion en elle doit toujours être vivante, avoir le caractère d'une démarche. Ainsi, vous serez noté non sur ce que vous pensez mais sur ce qui vous amène à penser ce que vous pensez ! La dissertation philosophique est un exercice de réflexion à la fois personnelle et informée. Personnelle parce qu'il s'agit de réfléchir par soi-même dans le but de répondre à la question posée. Informée parce qu'il s'agit à partir de sa réflexion de retrouver des auteurs de philosophie, de nourrir ses propos de référence à des auteurs, c'est-à-dire à des éléments de doctrines. Que vous demande-t-on AU JUSTE ? Non pas d'apporter des solutions définitives aux problèmes éternels de la philosophie, ni même des vues originales, mais plus modestement de manifester un peu d'esprit philosophique. Qu'est-ce à dire? Simplement de montrer que vous êtes capable d'une part de faire preuve d'esprit critique (ce qui ne veut pas dire adopter une attitude forcément négative ou polémique, mais poser et analyser les éléments d'une question et les notions qu'elle met en jeu, découvrir les problèmes qui se cachent derrière de fausses évidences, ainsi que démasquer les faux problèmes), et d'autre part de mener une réflexion logique et cohérente (la logique et la cohérence de votre dissertation doivent devenir chez vous une véritable obsession). 2) Comment organiser son temps ? - Travail préparatoire (au brouillon): une heure. - Conception et rédaction de l'introduction: début de la seconde heure. - Mise au point et rédaction de la première partie du développement: fin de la deuxième heure. - Mise au point et esquisse rédigée des transitions. - Rédaction successive des parties suivantes du développement (3 et 4ième heure). - Conception et rédaction de la conclusion: 20 dernières minutes. - Relecture finale de l'ensemble: 5 minutes (impératif...). 3) Le traitement du sujet & le travail préparatoire et ses étapes (à effectuer au brouillon) : Une fois, le sujet choisi (pas plus de 15 minutes de réflexion), commence le travail préparatoire, à effectuer au brouillon, et qui constitue, nous l'avons vu, un prologue capital à la rédaction proprement dite. Chaque phase de travail peut être définie et illustrée à la fois par une ou plusieurs questions, qui canalisent la recherche et lui fournissent des points de repère. On répondra à ces questions: - Définir le plus précisément les termes du sujet. - Se demander s'il n'y a pas plusieurs lectures possibles, de manière à ne pas laisser des aspects ou des problèmes sans réponse (cf. sujets avec : « Peut-on ? », « Doit-on ? », « Faut-il ? ») - Chercher les présupposés et implications du sujet : Par exemple, pour le sujet « L'histoire se répète-t-elle ? » Présupposé : une certaine conception du temps : soit cyclique, soit linéaire.  Implications : soit négation, soit affirmation de la liberté humaine. Optimisme ou pessimisme anthropologique. - Noter les idées, références, exemples (premier matériau de réflexion). Sur une feuille en orientation « paysage », faire un tableau avec autant de colonnes que de parties dans votre devoir et notez les éléments, références dans la bonne colonne. Il arrive qu'un énoncé puisse être légitimement interprété de plusieurs façons différentes (par exemple, tel sujet sur la liberté pourra être traité d'un point de vue métaphysique ou politique). Dans ce cas il conviendra de ne pas mêler les problématiques et d'indiquer clairement dans l'introduction - quel qu'en soit le type - dans quel sens on entend le traiter. 4) Concevoir et rédiger une introduction Le rôle rempli par l'introduction n'est pas celui d'une pure et simple présentation du sujet. L'introduction comporter 3 moments : - Une entrée en matière qui peut se faire à partir : - d'un fait remarquable emprunté à l'histoire ou à l'actualité. Ce fait peut être un événement historique important aussi bien qu'un fait divers, anodin en apparence, mais en réalité représentatif et significatif; - d'une pensée d'un auteur, d'un artiste, etc., ou de la « sagesse populaire », d'un mythe (cf. exemple ci-dessous : L'homme est-il la proie des passions ?); - d'une situation concrète ordinaire (cf. exemple ci-dessous : Quels sont les obstacles essentiels à la connaissance de notre passé ?) ; - d'un lieu commun, d'un stéréotype, d'une « idée toute faite », etc., pour le mettre en question (montrer que certaines évidences ne sont que de fausses évidences). Surtout, éviter absolument les formules générales et creuses du genre « De tous temps, les hommes... » A l'issue de cette entrée en matière le sujet doit être exposé en toute lettre et en totalité. Si vous ne trouvez rien qui vaille, commencez directement par le sujet. - Présenter la problématique, le plus rapidement possible, mais le plus clairement possible. Dégager les enjeux du problème, c'est-à-dire ce qu'il met en jeu, ce qu'il en coûterait s'il n'était pas résolu. La problématique se doit de présenter le plan du devoir, ce qui peut se faire sous la forme de questions qui chacune à leur manière présente le problème ou un de ses aspects, mais de telle sorte que les parties ainsi annoncées soient effectivement des réponses aux questions posées et telles qu'elles le sont. Veillez à ce que les directions de recherches annoncées dans l'introduction soient effectivement suivies dans le développement. Pour cela il vaut mieux rédiger l'introduction après avoir établi le plan définitif du devoir. - Annonce du plan du devoir : Facultative pour certains correcteurs, on pourra utiliser des formules du style : « Dans un premier temps/moment, il s'agira de montrer que ? Ensuite, nous verrons que ? Pour finir/ En troisième lieu, ? » Exemple d'introduction partant d'une citation. Sujet : L'homme est-il la proie des passions ? « Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion» nous dit Hegel. Selon lui, ce sont les passions qui feraient avancer l'histoire du monde en se servant de l'homme. Ce qui semble assuré, du moins, c'est que les passions emplissent le monde : elles sont partout, dans la vie publique comme dans la vie privée. Mais que doit-on mettre sous le mot de passion ? Que veut-on signifier lorsqu'on demande si l'homme est la proie des passions ? Le problème n'est-il pas de savoir si l'homme nourrit lui-même ses passions, si donc d'une certaine manière il en est responsable, ou s'il est la victime de passions qui lui seraient en quelque sorte étrangères, qui le dépasseraient ? Exemple d'introduction partant d'une situation ordinaire. Sujet : Quels sont les obstacles essentiels à la connaissance de notre passé ? Lors de certaines réunions familiales, il n'est pas rare que les parents, grands-parents et autres membres d'une famille évoquent le passé, le « bon vieux temps ». Chacun y va de sa petite histoire, ponctuée des « Te souviens-tu? », « Tu te rappelles? ». Mais tous ne se rappellent pas, et quand bien même tous se souviennent, les souvenirs diffèrent et les polémiques font vite leur apparition. Pourtant ce passé objet de litige est commun : chacun l'a vécu, chacun devrait le connaître. D'où vient que cela n'est pas? Existe-t-il des obstacles essentiels à la connaissance de notre passé ? 5) La problématique : La problématique d'une dissertation philosophique est le jeu de questions, liées entre elles et tirées du sujet lui-même, auxquelles le développement va progressivement répondre. La problématique est donc un programme de questionnement élaboré à partir de la question posée par le sujet. Problématiser une question, c'est déployer cette question en questionnement. En fait, le travail philosophique commence par le doute; et douter, c'est se poser des questions, les bonnes questions. Problématiser une question, c'est se poser des questions auxquelles il faut répondre afin de pouvoir conclure. La problématique est donc un doute organisé. (cf. le doute cartésien - cours sur la conscience). En tant que programme de traitement du sujet, la problématique fixe les grandes lignes du développement de la dissertation. Problématiser un sujet, c'est préparer le plan de progression de la réflexion. Le pb est implicite dans le sujet. Il faut l'exposer, l'expliciter. Par exemple: La culture peut-elle être porteuse de valeurs universelles? ? Comment ce qui est seulement particuliers pourrait-il contenir de l'universel? 6) Élaborer un plan L'organisation et la structuration de la dissertation ne peuvent préexister à une analyse approfondie du sujet, dont elles ne sont que la synthèse dynamique. Il ne s'agit pas de plaquer sur des idées disparates, mais de dégager un principe d'ordre susceptible d'intégrer les lignes directrices au sein d'une démarche cohérente. Ce travail n'est pas dissociable de la mise en place de la problématique. Il s'agit de lier deux exigences pour "programmer" efficacement le cheminement de la dissertation. Les grands types de plans et la manière dont les traiter. En aucun cas, il ne s'agit de proposer ici des plans "passe-partout". Chaque dissertation requiert un plan uniquement conçu pour elle, et adéquat de ce fait à la spécificité de l'énoncé sur lequel elle se développe. Un plan se compose de parties : deux au minimum. Rarement plus de trois. Chaque partie se subdivise à son tour et sa structure interne doit être elle aussi logique. A) Le plan progressif et le plan analytique + un exemple => Le plan progressif : Il s'agit qu'une structuration visant à une progression par approfondissement de l'analyse des notions. Ce plan peut être très fréquemment utilisé car il a l'avantage, comme le plan dialectique, de correspondre à une progression naturelle et non artificielle de la pensée et de la démarche intellectuelle. Il consiste à fournir plusieurs définitions successives de la notion considérée, non point selon un plan de pur hasard, mais en progressant dans l'analyse des notions, en soulignant leur enrichissement. Il permet d'aller de l'immédiat à l'universel selon un ordre progressif. C'est un plan qui met en valeur la richesse des notions. Type de questions où il faut un plan progressif : « Qu'est-ce que? » Exemple: "Qu'est-ce que la transcendance ?" - La transcendance comme dépassement au sens psychologique du terme : Etymologiquement, transcender signifie "aller au-delà", dépasser. Tel est le caractère de la conscience humaine. Elle se dépasse perpétuellement (pour-soi), à l'inverse des choses ou "en-soi", qui sont toujours égales à elles-mêmes. L'homme, au contraire, peut se faire autre qu'il n'est; il est transcendance (cf. l'existentialisme sartrien). Cette dernière est le caractère psychologique de la conscience en tant qu'activité de dépassement. - Activité de transcendance au sens moral du terme : L'homme est aussi un créateur de valeurs. A ce niveau, la transcendance apparaît comme cette activité par laquelle l'homme se dépasse, tente d'aller au-delà de lui-même et crée des valeurs morales. - La transcendance métaphysique et religieuse : Enfin, le moi individuel peut tenter de monter vers le Transcendant divin, peut s'efforcer d'atteindre l'existence d'un Etre autre que lui-même. La transcendance devient ici le mouvement de dépassement métaphysique et religieux (cf. cours sur la religion à venir). Ainsi, de degré en degré, l'activité de transcendance s'enrichit en progressant de l'aspect psychologique simple vers les notions les plus idéales, celles qui appartiennent à la sphère métaphysique et religieuse. => Le plan analytique : Les sujets où le plan analytique s'impose exigent plusieurs réponses qui se complètent sans se contredire. Par exemple : « A quoi reconnait-on une ?uvre d'art ? », « A quelles conditions une loi est-elle juste ? ». Pour ces sujets, la qualité première attendue est l'exhaustivité des réponses. Un plan analytique aura 2, 3 ou 4 parties rangées par ordre d'importance : il s'agit de partir des idées les plus évidentes aux moins connues. Type de questions où il faut un plan analytique : « Pourquoi ? ? », « Quel(le)(s) ? ? », « En quoi ? ? », « Qu'est-ce qui ? ? ». Exemple : « Pourquoi travailler ? » Pour ce type de sujet, plusieurs réponses sont demandées. On partira du plus « concret » au plus « abstrait ». N.B. :Le « pourquoi » interroge : la causalité et la finalité (cf. ci-dessous) : I) L'homme travaille avant tout pour des raisons purement économiques et matérielles o Le Travail, avant tout synonyme de « métier » o Le travail, activité nécessaire pour survivre TRANSITION : Une telle conception du travail n'est-elle pas restrictive ? II) Le travail comme activité humaine, appartenant à l'essence même de l'homme o Le travail comme activité non pas seulement utile mais bonne en elle-même, pour elle-même : point de vue moral o La justification religieuse du travai...

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